Le blog d'Hélène Bodenez 

 

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7 décembre 2007 5 07 /12 /décembre /2007 00:00
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Décryptage | Hélène Bodenez

Lyra est une enfant noble et loyale, qui sauve Roger, son ami tzigane, parce qu'elle le lui a promis, de l'empire d'une autorité abusive. Comment ne pas admirer la force d'âme de cette toute jeune adolescente qui met en échec les adultes qui utilisent l'autorité dont ils sont dépositaires à des fins obscures ? Tel est le cœur des aventures de Lyra Belacqua investie d'une mission à travers un voyage initiatique dans les Royaumes du Nord.

 

Dans Golden Compass, premier volet de la trilogie désormais culte de Philip Pullman adapté au cinéma, l'Autorité contre laquelle l'héroïne s'insurge, est représentée par un clan hyper organisé, nommé Magisterium mais dont les jours sont comptés.

 

Les adeptes de ce club très fermé aux allures de loge vont d'"Érudits" à un mystérieux Maître ou Régent portant habit noir au col quasi romain rehaussé d'un collier quasi épiscopal, d'un professeur de métaphysique que Lyra ne veut pas voir à une inquiétante Mme Coulter au sourire aussi enjôleur que faux et dont l'héroïne se méfie aussitôt. Dans un décor aux allures victoriennes, ces membres aux activités secrètes symbolisent, à l'évidence, l'intolérance qui phagocyterait le libre-arbitre de Lyra et de tous ceux qui vivent comme elle dans l'Université. Mais le Magisterium se rendrait coupable, en réalité, de bien pire : de vols d'enfants pauvres et marginaux, la communauté précisément à laquelle appartient Roger.

 

Lyra cherchera longtemps son ami kidnappé par les Enfourneurs . Après de multiples épreuves où l'aideront un ours en armure de l'Arctique, l'alethiomètre, étrange instrument par lequel elle exercera une voyance efficace, Lyra le trouvera cet ami in extremis, prêt à subir l'intercision , une intervention réalisée par un médecin du Magisterium, juste une simple incision, qui vous rend adulte . L'opération traumatisante, s'il en est, consiste à séparer les enfants de leur daemon. Disons à ce propos, que dès les premières images de cette Fantasy story, mettant en scène un univers parallèle, on avait annoncé au spectateur ce qu'était une autre originalité de l'univers imaginaire de Pullman : contrairement au monde réel où les êtres ont une âme substantiellement liée au corps, les protagonistes de notre action en monde parallèle auraient une âme dont la manifestation serait animale.

 

Daemons

 

Brillamment exploitée ici l'invention du flux de conscience des personnages et de leurs dilemmes, bref d'une intériorité matérialisée par une extériorité, un animal qui apporte réconfort en abolissant toute solitude. Ajoutons une subtilité de taille : la personnalité des enfants et des adolescents n'étant pas encore stable, le daemon peut changer de forme. Voilà donc annoncés, on ne peut plus tranquillement, les daemons, animaux de métamorphoses, part essentielle des héros des mondes parallèles. Sorte de génie protecteur, le daemon renverrait bien alors à une première acception, non chrétienne, qui pourrait, à en croire les dictionnaires, n'être pas négative.

 

Si bien que dans cette optique-là, l'un des épisodes-clé du film, la séparation violente du daemon des enfants, relèverait d'un acte infâme, d'une sorte de viol où l'on attente, en réalité, à la part essentielle des enfants, à leur intériorité, même si celles-ci se présentent de manière extérieure comme un rat, un papillon de nuit, un singe. À preuve, l'enfant intercisé du film, qu'on découvre prostré et hagard, accroupi, et dont l'infinie tristesse émeut évidemment le spectateur. Enfants et daemons souffrent, torturés par leur séparation. On pourrait donc se sentir soulagé, dès lors, par l'action de Lyra aboutissant à la libération des victimes, le spectateur se rangeant avec le narrateur et le réalisateur pour condamner le camp du Magisterium malmenant gravement les enfants, dans un flou d'ailleurs qui peut laisser supposer les plus noirs et les plus honteux agissements. Car les abus sont explorés évidemment par mode imagé et symbolique.

 

Anticatholique, certainement


À la Croisée des mondes est-il bien ce film anti-chrétien comme semblerait l'annoncer un début de polémique relayée par Le Monde [1] ? rien de moins sûr. Un film anti-catholique ? certainement, quoi qu'en dise Nicole Kidman ! N'en doutons pas. En petit-fils de pasteur, ce que vise Pullman avec son Magisterium, c'est principalement l'Église catholique comme cela apparaît clairement, même si dans ce premier volet cela reste encore assez voilé. L'Église et l'autorité de son Magistère, l'Église et l'autorité de ses dogmes, l'Église et l'autorité de ses membres possiblement défaillants est la cible, bien entendu, de cette œuvre de pseudo justice menée par Lyra, nouvelle Alice en pays de noire magie. C'est bien là que le bât blesse. La mise à mal de l'autorité, vrai prétexte à la démolition d'une vision gauchie de l'autorité emblématique représentée par l'Église catholique (qui est peut-être la seule institution au monde à confesser ses fautes), relève à bien des égards de la supercherie. Il serait pour le moins sot que les catholiques se laissent berner en applaudissant à leur mise en accusation si facile et si fausse.

 

En effet, l'univers parallèle représenté dans ce film, univers complexe, ne laisse pas de poser de graves questions. Habituellement, le propre de la création cinématographique de ces univers secondaires, qui ont fait également le succès de Tolkien et de Lewis, est de superposer mondes suffisamment connu et suffisamment différent à la fois pour engendrer enchantement et plaisir des spectateurs. L'efficacité d'une morale et la construction d'une représentation du monde sont à ce prix. Or, dans Golden compass, force est de constater qu'enchantement et plaisir ne sont pas au rendez-vous. Loin de là. À part la chevauchée à dos d'ours sur la banquise, il n'y a guère de scènes lumineuses et enchanteresses.

 

Pour confondre le mal, en l'occurrence l'Autorité abusive – qu'elle soit religieuse ou pseudo scientifique –, le mal lui-même. Pour opérer le discernement, pas de lumière mais magie, voyance, sorcières et violence. Pour exorciser les pulsions obscures, le recours à une vérité profonde et à ses différents niveaux de réalité, aux forces obscures et occultes, aux daemons. Rien de plus suspecte évidemment que cette histoire très confuse reposant sur une anti-théologie , comme le dit Alan Jacobs. Les daemons sont à l'évidence une représentation inversée de la réalité de l'ange gardien catholique.

 

De fait, à en croire encore les dictionnaires, les daemons, selon le sens reconnu du christianisme, signifient également démons, ceux de l'antique rébellion où s'affrontent Anges menteurs et autorité d'un Dieu source, d'un Dieu Père et Amour. L'affranchissement que poursuit la jeune adulte Lyra relève sans doute de cette rébellion originelle, même si l'Autorité de son monde dont elle veut se dégager n'a plus grand chose à voir avec la confiance, l'amour et la paternité. À y voir de plus près, on ne trouve pas d'ailleurs Lyra si innocente que cela : adolescente, elle n'a pas la pureté de l'enfant, elle apparaît dès les premières minutes du film hardie, insolente et arrogante avec parfois même un rictus bien malin. Le plus grave, en définitive, c'est qu'il n'y a pas, dans le film, de camp du bien et c'est un royaume divisé contre lui-même qui prétend faire la morale à l'Église. Lyra et ses épigones dont Asriel la stigmatise dans des faiblesses humaines d'ailleurs plus passées qu'actuelles sous le visage du Magisterium, cherchant de manière perverse à la perdre par des prétextes grossiers. Lyra n'en reste pas moins asservie par une autre autorité, celle des liens qu'elle contracte et entretient avec les daemons.

 

À proscrire aux enfants


Ce film n'est pas un dessin animé. Ce film n'est pas un film pour enfants. Certaines scènes sont cruelles et violentes ; les zooms d'une caméra à hauteur de gueules monstrueuses et de dents effrayantes des ours ou des loups peuvent traumatiser de jeunes esprits. La bande sonore en rajoute largement dans les grognements et autres hurlements de bêtes. Il n'y a aucun avertissement d'âge : ce film, dont l'affiche placardée partout annonce étrangement un film de Noël, devrait être interdit aux moins de douze ans.

 

Ajoutons encore que sur le site officiel du film, est proposé un jeu aux jeunes qui souhaiteraient connaître leur daemon associé. Jeu plus que dangereux. Les enfants devront se soumettre à une étrange manipulation mentale : donner d'abord leur nom, puis mettre un curseur sur d'accord ou pas d'accord avec des nuances à mesurer grâce à ce même curseur. Il y a ainsi vingt affirmations autour desquelles les enfants naïfs vont se livrer. En voici parmi les plus significatives :

 

Vous suivez généralement les autres.

Vous évitez toujours les inconnus.

Vous posez trop de questions.

Vous vous en tenez toujours à ce qui est prévu.

Vous travaillez à votre avenir.

Vous vous mettez en colère facilement.

Quand vous avez mal agi vous le gardez pour vous.

Quand vous avez bien agi, vous le gardez pour vous.

Selon vous on n'évite pas son destin....

 

Vingt affirmations dont on notera qu'elles s'introduisent pour certaines dans le for interne de manière répréhensible. À la suite de quoi, sera établi un profil de personnalité, profil associé ensuite à un daemon, mâle pour les filles, femelle pour les garçons. Dans une sorte de halo trinitaire mouvant, apparaît le daemon, une bête, comme par exemple un rat nommé Zatius, ou un papillon de nuit nommé Desra. Tombe le verdict ainsi formulé : Vous êtes donc affilié avec le daemon DESRA l'un des 4229 papillons de nuit daemons (types de daemon) au sein de la population totale de 423013 daemons. Desra est un daemon femelle car les humains et leurs daemons sont toujours de sexe opposé. Dans une sorte de halo trinitaire mouvant, la bête-rat, Zatius, ou papillon-de-nuit, Desra, se dessinera sur l'écran de votre ordinateur et viendra se poser... sur un calice ! L'enfant peut sauvegarder alors son daemon. N'entre-t-on pas là en possible channelling [2] dont l'Église ne cesse pas de rappeler les dangers ?

 

Le professeur Alan Jacobs dans un article intitulé The Devil's party (The Weekly Standard, oct. 2000) cite Milton et William Blake pour éclairer l'inspiration de Pullman : Si, comme disait William Blake "Milton était du parti du Diable sans le savoir", Pullman sait parfaitement de quel côté il se trouve.

 

Alors ne soyons donc pas dupes. Redisons-nous avec Rimbaud que le combat auquel nous, chrétiens, devons faire face avec courage est un combat spirituel aussi brutal que la bataille d'hommes .

 

*Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris).

 

[1] Qualifié d'antichrétien, l'écrivain Philip Pullman préfère en rire, Le Monde du 3 décembre 2007.

[2] Communication avec des esprits par le biais, entre autres, d'instruments technologiques comme le téléphone, la télévision, l'ordinateur ou d'autres supports, d'autres channels ...

 

 

■ L'enseignement de Jean Paul II sur les démons

 

Audience générale 13 août 1986

En poursuivant le thème des catéchèses précédentes consacrées à l'article de foi qui concerne les anges, créatures de Dieu, nous sommes amenés aujourd'hui à explorer le mystère de la liberté que certains d'entre eux ont retournée contre Dieu et son plan de salut pour les hommes.

 

Selon le témoignage de l'évangéliste Luc, au moment où les disciples revenaient près du Maître, remplis de joie pour les fruits cueillis au cours de leur initiation missionnaire, Jésus prononça une phrase qui nous donne à réfléchir: Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair (Lc 10, 18). Par ces mots, le Seigneur affirme que l'annonce du Royaume de Dieu est toujours une victoire sur le démon, mais en même temps, il révèle aussi que l'édification du Royaume est sans cesse exposée aux embûches de l'esprit du mal. S'y intéresser, comme nous voulons le faire dans la catéchèse de ce jour, signifie se préparer à la condition de lutte qui est le propre de la vie de l'Église en ces derniers temps de l'histoire du salut (comme l'affirme le livre de l'Apocalypse, 12, 7). D'autre part, cela permet d'éclairer la foi loyale de l'Église en face de qui la bouleverse - en exagérant l'importance du démon - ou de qui nie ce dernier, ou en minimise la puissance maléfique.

 

Les précédentes catéchèses sur les anges nous ont préparés à comprendre la vérité révélée par l'Écriture Sainte et que la Tradition de l'Église a transmise sur Satan, c'est-à-dire sur l'ange déchu, l'esprit malin, appelé aussi diable ou démon.

 

Cette chute, qui présente le caractère du refus de Dieu avec l'état conséquent de damnation, consiste dans le choix libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son règne, usurpant ses droits souverains et tentant de bouleverser le plan du salut et l'organisation même de la création toute entière. Nous trouvons un reflet de cette attitude dans les paroles du tentateur à nos premiers parents: Vous deviendrez comme Dieu ou comme des dieux . Ainsi l'esprit malin tente de transférer en l'homme l'attitude de rivalité, d'insubordination et d'opposition à Dieu, qui est presque devenue le but de toute son existence.

 

Dans l'Ancien Testament, le récit de la chute de l'homme, rapportée dans le livre de la Genèse, présente une référence à l'attitude d'antagonisme que Satan veut communiquer à l'homme pour le conduire à la transgression. De même dans le livre de Job nous lisons que Satan cherche à faire naître la révolte dans l'homme qui souffre. Dans le livre de la Sagesse (Sg 2, 24) Satan est présenté comme l'artisan de la mort, qui est entrée dans l'histoire de l'homme en même temps que le péché.

 

L'Église, au IVe concile du Latran (1215), enseigne que le diable (ou Satan) et les autres démons ont été créés bons par Dieu mais qu'ils sont devenus mauvais par leur propre volonté . Nous lisons en effet en saint Jude: ...les anges qui n'ont pas conservé leur primauté, mais qui ont quitté leur propre demeure, c'est pour le jugement du grand jour qu'il les a gardés dans des liens éternels, au fond des ténèbres (Jude 6). De même dans la seconde lettre de saint Pierre il est question d' anges qui avaient péché et que Dieu n'épargna pas, mais... précipita aux abîmes de ténèbres, où ils sont réservés pour le jugement (2 P 2, 4). Il est clair que si Dieu ne pardonne pas le péché des anges, c'est parce qu'ils demeurent dans leur péché, parce qu'ils sont éternellement dans les chaînes de ce choix qu'ils ont fait au commencement, repoussant Dieu, rejetant la vérité du Bien suprême et définitif qu'est Dieu lui-même. Saint Jean écrit dans ce sens que le diable est pécheur dès l'origine... (1 Jn 3, 8). Et dès l'origine il fut homicide et il n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui (Jn 8, 44).

 

Ces textes nous facilitent la compréhension de la nature et de la dimension du péché de Satan, qui consiste dans le refus de la vérité sur Dieu, connu à la lumière de l'intelligence et de la révélation comme Bien infini, Amour et Sainteté qui sont une seule réalité. Ce péché a été d'autant plus grand que la perfection spirituelle et la perspicacité cognitive de l'intelligence angélique est supérieure et que sa liberté et sa proximité de Dieu le sont également. Repoussant la vérité connue sur Dieu par un acte de sa propre volonté libre, Satan devient menteur cosmique et père du mensonge (Jn 8, 44). Pour cela il vit dans la négation radicale et irréversible de Dieu et cherche à imposer à la création, aux autres êtres créés à l'image de Dieu, et en particulier aux hommes, son tragique mensonge sur le Bien qui est Dieu. Nous trouvons dans le livre de la Genèse une description précise de ce mensonge et de cette falsification de la vérité sur Dieu, que Satan (sous forme de serpent) essaya de transmettre aux premiers représentants du genre humain: Dieu serait jaloux de ses prérogatives et à cause de cela imposerait des limites à l'homme. Satan invite l'homme à se libérer de l'imposition de ce joug pour devenir comme Dieu.

 

Dans cette condition de mensonge existentiel Satan devient aussi, selon saint Jean, homicide , c'est-à-dire destructeur de la vie surnaturelle que, dès l'origine, Dieu avait greffée en lui et dans les créatures, faites à l'image de Dieu : les autres purs esprits et les hommes. Satan veut détruire la vie selon la vérité, la vie dans la plénitude du bien, la vie surnaturelle, vie de grâce et d'amour. L'auteur du livre de la Sagesse écrit: ... c'est par l'envie du diable que la mort est entrée dans le monde, ils en font l'expérience ceux qui lui appartiennent (Sg 2, 24). Et dans l'Évangile Jésus nous avertit: ... craignez plutôt celui qui peut perdre dans la géhenne à la fois l'âme et le corps (Mt 10, 28).

En conséquence du péché de nos premiers parents, cet ange déchu a conquis dans une certaine mesure la domination sur l'homme. C'est la doctrine constamment confessée et annoncée par l'Église, et que le concile de Trente a confirmée dans le traité sur le péché originel. Elle trouve son expression dramatique dans la liturgie du baptême, lorsqu'il est demandé au catéchumène de renoncer au démon et à ses séductions.

 

À cette influence sur l'homme et sur les dispositions de son esprit (et sur son corps), nous trouvons diverses allusions dans l'Écriture Sainte, où Satan est appelé le prince de ce monde , et même le dieu de ce monde (2 Co 4, 4). Nous trouvons beaucoup d'autres noms qui décrivent ses néfastes rapports avec l'homme: Beelzebul ou Belial , esprit immonde , tentateur , malin et enfin antichrist (1 Jn 4, 2). Il est comparé à un lion (1 P 5, 8), à un dragon (dans l'Apocalypse) et à un serpent (Gn 3). Très souvent pour le désigner on emploie le nom diable du grec diaballein (d'où diabolos), qui veut dire: provoquer la destruction, diviser, calomnier, tromper. Et en vérité tout ceci advient dès l'origine par l'action de l'esprit malin qui, dans la Sainte Écriture, est présenté comme une personne, dont il est dit aussi qu'il n'est pas seul : Nous sommes légion crient les démons à Jésus dans la région des Géraséniens (Mc 5, 9); le diable et ses anges , dit Jésus dans la description du jugement futur.

 

Selon la Sainte Écriture, et spécialement dans le Nouveau Testament, la domination et l'influence de Satan et des autres esprits malins, embrassent le monde entier. Pensons à la parabole du Christ sur le champ (qu'est le monde), sur la bonne semence et sur la mauvaise que le démon sème parmi le grain, tâchant d'arracher des coeurs ce bien qui y a été semé . Pensons aux nombreuses exhortations à la vigilance, à la prière et au jeûne. Pensons à cette forte affirmation du Seigneur: Cette espèce de démon ne peut être chassée que par la prière (Mc 9, 29). L'action de Satan consiste d'abord à tenter les hommes au mal, agissant sur leur imagination et sur leurs facultés supérieures pour les détourner de la loi de Dieu. Satan a mis à l'épreuve Jésus lui-même, dans la tentative extrême de s'opposer aux exigences du plan du salut tel que Dieu l'a préétabli.

 

Il n'est pas exclu qu'en certains cas l'esprit malin parvienne même à exercer son influence non seulement sur les choses matérielles, mais aussi sur le corps de l'homme; à ce sujet on parle de possessions diaboliques . Il n'est pas toujours facile de discerner ce qui dans ces cas est de nature préternaturelle. L'Église ne se prête pas ni ne condescend facilement à la tendance d'attribuer de nombreux faits à des interventions directement diaboliques; mais on ne peut nier à priori que, dans sa volonté de nuire et de porter au mal, Satan ne puisse parvenir à cette extrême manifestation de sa supériorité.

 

Nous devons enfin ajouter que les paroles impressionnantes de l'apôtre Jean: Le monde entier gît au pouvoir du mauvais (1 Jn 5, 19), font aussi allusion à la présence de Satan dans l'histoire de l'humanité, une présence qui s'accentue à mesure que l'homme et la société s'éloignent de Dieu. L'influence de l'esprit malin peut se cacher d'une manière plus profonde et efficace: se faire ignorer correspond à son intérêt. L'habileté de Satan dans le monde est celle de porter les hommes à nier son existence au nom du rationalisme et de tout autre système de pensée qui cherche toutes les échappatoires dans le but de nier son action. Cela ne signifie pas cependant l'élimination de la volonté libre et de la responsabilité de l'homme ni la frustration de l'action salvifique du Christ. Il s'agit plutôt d'un conflit entre les forces obscures du mal et celles de la rédemption. Elles sont éloquentes à ce propos, les paroles que Jésus adressa à Pierre au début de la passion : ... Simon, voici que Satan vous a réclamé pour vous cribler comme le froment; mais j'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas (Lc 22, 31).

 

Par cela nous comprenons comment Jésus, dans la prière qu'il nous a enseignée, le Notre Père , qui est la prière du Royaume de Dieu, termine presque brusquement, à la différence de tant d'autres prières de son temps, en faisant référence à notre condition d'êtres exposés aux embûches du Mal-Malin. Le chrétien, en appelant au Père avec l'esprit de Jésus et en invoquant son règne, s'écrie avec la force de la foi :

 

Fais que nous ne succombions pas à la tentation, délivre-nous du Mal, du Malin.

Fais Ô Seigneur, que nous ne tombions pas dans l'infidélité à laquelle nous séduit celui qui a été infidèle dès le commencement .

Osservatore Romano, édition française, 33

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Published by Hélène BODENEZ - dans CINÉMA - MEDIAS - THÉÂTRE - MUSIQUE - PHOTOS
2 novembre 2007 5 02 /11 /novembre /2007 00:00

 

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Décrypyage | Jean Choisy

 

Le président Sarkozy y est favorable : l’ouverture des magasins le dimanche sera-t-elle pour demain ? Un projet de loi est en préparation sur le bureau du secrétaire d’État à la consommation, Luc Chatel (La Tribune, du 4 octobre 2007). Pour les syndicats, une modification de la loi risque de banaliser le travail du dimanche, et donc d’étaler les salaires, sans augmenter le pouvoir d’achat. Le gouvernement, lui, souhaite libéraliser l’usage pour ne pas pénaliser les commerçants qui le souhaitent, quand certaines activités bénéficient de dérogations permanentes (hôtels, restaurants, hôpitaux, pharmacies de garde, musées)... Mais-a-t-on vraiment songé aux effets pervers d’une abrogation de la loi de 1906 ?

Car la question n’est pas seulement économique (produire plus, vendre plus, gagner plus), et les syndicats seraient bien inspirés — comme la CFTC — d’envisager la question sous un angle plus social, pour ne pas dire « sociétal » : le repos est un droit individuel que personne ne conteste, mais une société libre n’a-t-elle pas le droit de revendiquer la valeur du repos « collectif » ?

Pourtant, dans une société où tout se chiffre, il faut se rendre à l’évidence, et casser une idée reçue : le travail dominical n’est pas un facteur de prospérité. D’après différentes études il ressort que si ce projet aboutissait, le PIB ne croîtrait au mieux que de 0,2 % les deux premières années. Après, l’effet serait nul.

Sur les comptes d’exploitation des entreprises de distribution, une étude de la Fédération Procos, qui regroupe les enseignes du commerce spécialisé de plus de 200 chaînes (20.500 points de vente), montre qu’il faut une hausse de plus de 15 à 30 % du chiffre d’affaires pour couvrir les frais engagés (24 % en moyenne). Or l’augmentation constatée du chiffre d’affaires le dimanche varie de 10 à 20 % selon les enseignes.

L’ouverture le dimanche n’est intéressante que pour ceux qui l’obtiennent – ou la pratiquent – contre leurs concurrents ; si tous les commerces la pratiquent, l’avantage s’annule.

Aujourd’hui, plusieurs projets d’ouverture des centres villes le dimanche (hors zone très touristique) échouent parce qu’une majorité de commerçants refusent. Seuls les plus puissants, aux lourds budgets de communication, défendent l’ouverture dominicale pour accroître leurs parts de marché. On assiste donc à une escalade de dérogations (environ 180) qui créent des distorsions de clientèle, malsaines et injustes.

C’est ainsi qu’au nom de la liberté, on tue la liberté. Aux États-Unis, on appelle cela abus de position dominante : beau progrès !

Un vrai débat de société

Qu’en pensent les consommateurs ? Certains sondages révèlent que 55 à 70 % des Français désirent voir les magasins ouverts le dimanche, mais dans le même temps 75 % d’entre eux ne veulent pas travailler ce jour-là et défendent le repos hebdomadaire.

Nous sommes devant un vrai débat de société qu’il faut oser affronter.

Faudra-t-il rappeler la sagesse de certaines habitudes qui structurent la vie sociale d’une communauté qui sait vivre ensemble, c’est-à-dire travailler ensemble, et se reposer ensemble ? La perspective du travail dominical fait frémir quand on songe aux bouleversements humains que cela entrainerait.

Le repos requiert le calme, parfois le silence. Il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous, soit, mais que deviendraient les grasses matinées du dimanche matin dans le brouhaha d’une ville qui s’éveille un jour de semaine ? Comment envisager de se détendre — se relâcher, se libérer — dans les rues encombrées et les passants affairés d’une fourmilière qui ne s’arrête jamais ? C’est le repos collectif qui aère l’atmosphère, libère l’espace et apaise les tensions.

Ouvrant leurs magasins six jours sur sept, les couples de commerçants se plaignent déjà d’avoir peu de temps pour se voir : que deviendront tant de réunions familiales et de fêtes associatives, sportives, culturelles, etc., sans les absents, réquisitionnés, plus ou moins volontairement à leur travail ? Car l’injustice frappe les nouveaux salariés : si certains choisissent l’option du travail le dimanche à un moment ou un autre de leur existence professionnelle, en revanche, il n’y plus de liberté réelle pour les nouveaux salariés dont le contrat inclut cette option, par précaution.

Et qu’on y songe : l’ouverture des magasins devrait s’accompagner d’une ouverture de garderies, de transports en commun, de services de soins, semblable aux jours habituels, ces services permettant aux personnes concernées par le travail de s’y rendre effectivement sans « galérer ».

Le plaisir d’acheter ou de visiter des magasins comme des musées se fera au détriment d’autres occupations essentielles de l’existence humaine : rencontres, visites, bénévolat, temps en famille, activités culturelles, etc. Le repos collectif enrichit davantage une société qu’une hypothétique ouverture du travail le dimanche, qui contribuerait sûrement à abrutir et les individus, et la collectivité. Est-ce là le but recherché ?





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Published by oui-au-repos-dominical - dans OUI AU REPOS DOMINICAL !
24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 23:00
 

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Décryptage | Hélène Bodenez

Manque d'honnêteté , exagérée , jouant sur les mots , inadéquate , franchement mauvaise ... voilà sévèrement jugée notre critique du N'ayez pas peur de Robert Hossein [1], ce grand croyant ayant cherché à délivrer un message .

Tous les commentaires électroniques que nous avons reçus mettent l'accent sur les bonnes intentions de Robert Hossein, son engagement personnel et son courage, le comparant parfois à Mel Gibson, ayant pris un risque réel qu'il ne faut pas fragiliser , contre l'avis de tous les professionnels de théâtre et des médias .

 

Parfois même, notre jugement a pu être senti comme du dénigrement facile , un manque de discernement inattendu sur le site de Liberté politique. C'est un prêtre qui défend le plus le metteur en scène : L'approximation et les erreurs historiques , les fautes de goût , la part de roman même, ne sont pas si graves puisque, comme dans le Jésus de Nazareth de Zefirelli, le vrai sens de la vie de Jean-Paul II ne serait pas dénaturé . Ce prêtre n'est pas allé au Palais des Sports en vue de la canonisation du pape de cette grande période , il veut s'intéresser au défi . Œuvre de communication , il accepte le risque de laisser d'autres parler de nos affaires, avec bienveillance et pas si mal que ça en reconnaissant qu'il y a de la transcendance, une vraie dimension spirituelle, un respect de l'Église .

 

Sans être vraiment négative à notre égard, la réaction d'un lecteur qui s'étonne de notre naïveté, avec une sympathie toute paternelle dont nous le remercions : que nous soyons déçus, il ne pouvait en être autrement . Habitué qu'il ne ressorte des spectacles de Robert Hossein que chromos et platitudes à l'image de ses cartons-pâtes , et que vacuité totale relevant d'un âge mental de quatre ans , notre lecteur ne voulait pas perdre une autre soirée avec l'auteur de Jésus, la Résurrection. Notre erreur était là : nous n'avions pas dû connaître sa carrière de réalisateur qui ne valait pas mieux .

 

Bonnes intentions morales, échec artistique


Les messages d'adhésion sans condition ont été malgré tout les plus nombreux : comme nous l'avons écrit à Bernard Lecomte, consultant avisé du spectacle et attristé de notre critique, si nous avons volontairement adopté une rudesse de ton, c'est qu'il y avait réponse proportionnée à donner à l'énormité de la machine mise en place et à sa force de frappe. Nous entendions mettre en place une libre critique qui ne cherchait pas à juger des efforts déployés et des risques pris , même si nous les respections. Nous voulions regarder l'œuvre d'art en elle-même. Nous avons rappelé, à cette occasion, que les intentions pouvaient être louables mais l'œuvre, un échec. Dire qu'une œuvre est réussie parce que les intentions sont bonnes relève d'une confusion gênante entre l'éthique et l'art. Qui mangerait un mauvais gâteau sous prétexte que le pâtissier a fait des efforts ? Ce qui est vrai pour la vie végétative, n'est-il pas plus vrai encore pour la vie de l'esprit ?

 

Bien des réactions de nos lecteurs sont de cet ordre-là. Le jugement n'a jamais concerné les personnes engagées dans cette aventure . Nous avons été profondément saisis par le ton et la justesse des mails reçus chaque jour, jugeant bien de l'œuvre vue avec un discernement aigu que bien des journalistes professionnels ont abdiqué. Tristesse, sentiment de bizarrerie, perplexité, colère, désarroi, consternation, abattement... la palette des émotions qui ont envahi ceux qui ont trouvé qu'on traitait avec grossièreté Jean-Paul II a été large.

 

Entre ceux qui se sont sentis pris en otage comme certains groupes, et notamment un groupe caritatif venu de Belgique invité par son conseil, déçu par la pauvreté d'un spectacle ( une représentation de fin d'année scolaire ), entre ceux plus solitaires, décontenancés , partis avant la fin de la séance pour les mêmes raisons et notamment après la grotesque scène du conclave, ayant compris que celui qui jouerait Jean-Paul II serait ce vieux monsieur chevrotant et solennel , entre ceux qui ont même éclaté de rire devant tel ou tel tableau, ceux qui avaient pris les billets et entendaient déjà les mauvaises critiques regrettant leur soirée avant même de l'avoir commencée, entre ceux qui ont trouvé lourds les sujets prosaïques plaqués comme l'entrevue surdimensionnée avec l'abbé Pierre, sommet de honte et de trahison, tous ont remercié Liberté politique d'avoir osé parler de cette amère expérience, avec une justesse rare, certains se sentant moins seuls dans leur déception et capables alors de l'exprimer.

 

Hossein désarmé ?

 

Pour finir, ce qui nous frappe en réalité dans cette affaire et nous navre en même temps, c'est que la France laïcisée jusqu'à la moelle, et ses trois mille personnes applaudissant chaque soir à tout rompre, avoue là, sans gêne, qu'elle reste traversée par un gallicanisme puissant qui n'est pas mort. Cette satisfaction étonnante du public prouve que notre pays passe à côté du message total de Jean-Paul II et cale par là-même devant le grand vent de nouveauté et de sainteté qu'avait proposé le pape slave. Robert Hossein n'a pas su balayer les vieilles forces moisies et rances qu'on avait cru moribondes un temps, et qui s'agitent donc encore. C'est pour nous la leçon du Palais des Sports.

Car quoi de plus contraire à la grande sensibilité artistique de Jean-Paul II, que le spectacle de sa vie poussant les spectateurs dans une consommation de l'histoire plutôt que de les pousser à entrer plus avant dans la communion des saints ?

 

De sa fenêtre du Ciel, que l'homme en blanc qui embrassait la terre nous pardonne les incompréhensions respectives que le débat a essayé de mettre en lumière — batailles trop humaines —, qu'il nous prenne en pitié et nous bénisse !

[1] Hélène Bodenez,

Déception : Le "Jean-Paul II" ringardisé de Robert Hossein, Décryptage 11 Octobre 2007.

"Jean-Paul II"

■ Spectacle de Robert Hossein, écrit par Alain Decaux

du 21/09/2007 au 11/11/2007.

PALAIS DES SPORTS Paris, Palais des Sports, porte de Versailles (XVe)

Prix des places : de 25,00 € à 65,00 €

■ Réservations : Palais des sports

À ne pas manquer sur Arte

Karol, fiction italienne de Giacomo Battiato, 2006, 4 x 90 minutes

Du mercredi 24 au samedi 27 octobre à 20h45.

Karol, un homme devenu pape

Épisode 1, le 24 octobre

Épisode 2, le 25 octobre

Karol, le combat d'un pape

Épisode 1, le 26 octobre

Épisode 2, le 27 octobre

Lu sur LeblogTVnews : Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II, est interprété par Piotr Adamczyk. Le réalisateur Giacomo Battiato, voulait un acteur qui ait des origines slaves : "Même si la plus grande partie du budget du film venait d'Italie, je n'aurais jamais accepté ni un acteur italien pour ce rôle, ni un acteur connu américain, français, britannique ou autre. A mes yeux, il était essentiel, pour que l'acteur joue juste, qu'il ait une connaissance approfondie des origines du personnage, et cela était aussi nécessaire pour que les spectateurs de par le monde puissent bien le comprendre."

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10 octobre 2007 3 10 /10 /octobre /2007 23:00
 

roberthossein2.png 

Décryptage | Hélène Bodenez

Petite réticence avant de prendre le billet : l'interview de Robert Hossein entendue sur les ondes me chiffonne. Quelle est la vedette du spectacle ? Mais laissons cette hésitation malvenue, ne soyons pas négative , comme l'on dit aujourd'hui, ne soyons pas non plus élitiste.

Il faut essayer de comprendre. Et puis, n'y a-t-il pas que de la bonne volonté, que de bonnes intentions dans ce projet de mise en spectacle de la vie de Jean-Paul II ? N'y a-t-il pas un vrai professionnalisme ? Les partenaires du projet ne sont-ils au-dessus de tout soupçon ?

 

Alors, allons-y ! Et essayons de comprendre ! Qui pourrait, en outre, supporter qu'on ne soit absolument fidèle à la mémoire de celui qu'on a connu et aimé, de celui qu'on a suivi de près ? C'est sûr, pas un iota de sa vie ne saurait être modifié ; non ce n'est simplement pas possible, pas la vie de Jean-Paul II.

 

C'est donc dans cet état esprit que je me rends, assez confiante, au Palais des Sports pour voir le N'ayez pas peur de Robert Hossein ! Nous tombons de haut.

 

Tant de platitudes

 

Et aujourd'hui, je ne sais pas comment tourner ce papier pour dire ma profonde déception, ma grande tristesse de voir qu'il ne reste que cela, que soit trafiqué à ce point son souvenir, deux ans à peine après sa mort. Tant de platitudes. Tant de tristesse et de pesanteur, lui l'homme de prière et de joie : serait-ce dû à l'esthétique des soutanes ? Pourquoi n'avoir pas retenu Karol Wojtyła dans ses tenues parfois originales, loin des images d'enfant de chœur, même si elles existent également ?

 

Bien sûr, on peut rétorquer que la vulgarisation, la simplification pour les masses a toujours ses travers. Un spectacle son et lumière annonce toujours un genre à traits gras, des tableaux visuels schématiques, plus que des dialogues fins. Tout cela, qui l'ignore ? Mais enfin, l'homme de la rue, ce vulgaire au sens étymologique qu'on prétend toucher, n'aurait-il donc pas le droit à la vérité ? à la vérité historique ? à la vérité spirituelle ? à la vérité qui n'a nul besoin de rectifications ? Bref, à la vérité tout court, au respect d'une pensée qui a toujours été pleine, lumineuse et forte, et d'une certaine façon, accessible également ? Le vulgum pecus qui aime, me dit-on, les grandes manifestations de ce genre, n'a-t-il pas le droit de voir l'épopée bonne, juste et vraie de la vie de Karol Wojtyła ?

 

Certes, la caution d'Alain Decaux avait de quoi rassurer mais l'on ne peut s'empêcher de s'étonner d'erreurs sur la période polonaise, notamment autour du cardinal Wyszynski [1] étrangement confondu au début avec Mgr Sapieha [2], autour également de la vocation de Karol Wojtyła, née lors de l'occupation nazie, non au moment de la prise de pouvoir par les communistes ainsi que Jean-Paul II le dit lui-même dans ses propres souvenirs dans Don et Mystère.

Que dire de telles réductions d'une vie géante, des manipulations qui rabaissent la hauteur prophétique ?

 

Un pape principalement joué par un acteur petit, sans stature, vieux. Sans voix rauque. Sans chaleur. Terne.

Un bonimenteur indécent, faisant office de narrateur, pensant sans doute qu'il suffisait d'adopter un ton de marchand de tapis pour faire croire à une jovialité ordinaire, là où tragique et sacrifice d'exception se sont donnés la main chaque jour d'une vie souffrante, ainsi que l'a écrit Mgr Dziwisz ; si la première scène du spectacle a tenté vaguement de le montrer — grâce au flashback du 13 mai 1981, truc narratologique emprunté d'ailleurs à l'un des meilleurs films sur la vie de Karol Wojtyła [3] — c'est manqué, et l'humour de la religieuse au chevet du pape casse tout. Ainsi est gommé volontairement le sacré, pour que ne reste que l'humain. Il se trouve, seulement, que les deux étaient inséparables chez Jean-Paul II ; le résultat ne pouvait être que désastreux.

 

Indélicatesses


Le nom du pape Wojtyła, toujours mal prononcé, comme une indélicatesse supplémentaire. Des dialogues simplificateurs, revêtant un relief mensonger quand vient la question de la sexualité et du sida. Il fallait montrer à quel point Jean-Paul II n'avait pas été clairvoyant. Brutales à ce propos et peu amènes, les questions des jeunes en balade dans les montagnes polonaises ; d'un orgueil sans nom, la réplique de l'abbé Pierre qui interroge et demande au pape de s'expliquer. Pourquoi n'avait-il donc pas écouté les spécialistes du terrain et les missionnaires ? Et le public d'applaudir l'abbé intelligent, non pas le pape aveugle, joué de manière crispée sur ses positions.

 

Je reste surtout atterrée de tant de mépris pour les Africains, objets de la discussion, incapables, et bavards . Ce mépris latent, on peut le retrouver lors de la présentation du dialogue interreligieux : avec la question de l'islam, voilà qu'est donnée une séance de danse du ventre de femmes musulmanes. Il y a là une absence de rigueur pour le moins incongrue.

 

Des longueurs : un comble pour une vie si trépidante d'actions multiples et grandes. La scène de la réunion d'Assise tire vraiment en longueur dans l'énumération répétitive des religions. Cela dit, beaucoup s'accordent, malgré tout, pour dire, qu'avec la séquence du Mur de Jérusalem, l'épisode d'Assise fait partie des bons moments du spectacle. Soit. On regrettera cependant qu'il n'y ait pas dans les deux cas référence au contexte : Guerre froide (et Tchernobyl) en 1986, et Jubilé de l'an 2000.

 

Femmes féministes hystériques aux États-Unis,

Lech Walesa bête et orgueilleux,

Mikhaïl Gorbatchev caricaturé.

Jean-Paul II buvant trivialement de la vodka polonaise ou prononçant des gros mots alors que jeune, il joue une pièce de théâtre : il fallait, à n'en pas douter, retenir ces scènes tout à fait essentielles.

Pas grand chose des JMJ.

Jean Paul II, c'est du passé

De rares images d'archives, voulant mimer les Actualités d'antan, la couleur volontairement convertie en noir et blanc pour ressembler aux antiques séances de cinéma de nos parents, achèvent le tout : Jean-Paul II c'est du passé, c'est du vieux, c'est fini. Jean-Paul II, c'était du temps de la télévision en noir et blanc, pourrait-on presque retenir.

L'apogée de l'omission qui vaut erreur fatale : l'absence de référence au Jubilé de l'an 2000, la grande affaire du pontificat.

 

Les marchands du temple, à l'entracte, font enfin leur office devant une scène du conclave de 1978, où étaient encore réunis cardinaux en soutane, devant autel et croix ; les ouvreuses surgissent alors et vendent, sans aucune gêne, glaces et chocolats, pendant que les écrans géants diffusent publicités déplacées.

Puis, tout reprend comme au premier acte.

 

Applaudissements et ovations fusent.

C'est Jean-Paul II qu'on ringardise.

C'est Robert Hossein qu'on impatronise...

 

"Jean-Paul II"

■ Spectacle de Robert Hossein, écrit par Alain Decaux

du 21/09/2007 au 11/11/2007.

PALAIS DES SPORTS Paris, Palais des Sports, porte de Versailles (XVe)

Prix des places : de 25,00 € à 65,00 €

■ Réservations : Palais des sports

 

N'aie pas peur. Les choses humaines ont de vastes rivages.

On ne peut les contenir bien longtemps dans un chenal trop étroit.

KAROL WOJTYLA – La carrière/ Le matériau.

 

[1] Archevêque de Varsovie et primat de Pologne pendant plus de trente ans, mais seulement à partir de 1948 (relégué de 1953-1956 au couvent des sœurs de Nazareth à Komancza près de la frontière ukrainienne).

[2] Mgr Sapieha, archevêque de Cracovie, âme de la résistance : ordonne Karol Wojtyła dans sa chapelle le 1er novembre 1946 avant de l'envoyer à Rome.

[3] Le Pape Jean-Paul II, la vie épique d'un pèlerin nommé Karol Wojtyła, film américain de John Kent Harrison, avec Christopher Lee, Jon Voight, Cary Elwes, Ben Gazzara. DVD 2005, Koba film video, visionné par le Saint-Siège. Selon Benoît XVI lui-même, ce film constitue le dernier exemple de l'amour qui a uni le peuple et le pape Wojtyła .

À ne pas manquer sur Arte

Karol, fiction italienne de Giacomo Battiato, 2006, 4 x 90 minutes

Du mercredi 24 au samedi 27 octobre à 20h45.

Karol, un homme devenu pape

Épisode 1, le 24 octobre

Épisode 2, le 25 octobre

Karol, le combat d'un pape

Épisode 1, le 26 octobre

Épisode 2, le 27 octobre

Lu sur LeblogTVnews : Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II, est interprété par Piotr Adamczyk. Le réalisateur Giacomo Battiato, voulait un acteur qui ait des origines slaves : "Même si la plus grande partie du budget du film venait d'Italie, je n'aurais jamais accepté ni un acteur italien pour ce rôle, ni un acteur connu américain, français, britannique ou autre. A mes yeux, il était essentiel, pour que l'acteur joue juste, qu'il ait une connaissance approfondie des origines du personnage, et cela était aussi nécessaire pour que les spectateurs de par le monde puissent bien le comprendre."

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27 septembre 2007 4 27 /09 /septembre /2007 23:00
Dom-Juan-copie-1.png 

Décryptage | Hélène Bodenez

C'est Philippe Torreton qui le dit : Molière n'a jamais eu de discours sur Dieu (sur Europe 1, interrogé par Dominique Souchier). Pour l'acteur, qui met en scène Dom Juan au théâtre Marigny, ce que Molière veut, c'est éclairer le dérangement des hommes , et avec Dom Juan pris dans l'énorme querelle du Tartuffe, le dérangement des hommes est dû à une mauvaise interprétation du divin.

Ainsi apparaît un Dom Juan nouveau, le Dom Juan de Torreton, pour qui la question ne sera donc ni Dieu ni Diable, ni Ciel, ni Enfer, mais un homme très proche de l'agnostique moderne, un homme, au fond, très proche de lui, le très laïque Philippe Torreton. Comme Don Juan, il veut avoir la liberté de rétorquer avec insolence : Laissons cela !

Parallèlement, notre impétueux metteur en scène revendique de monter la pièce en servant vraiment Molière, ne voulant ni de héros romantique ni de héros pris dans un tourment existentiel. Il ne veut pas non plus, assure-t-il, que le héros soit condamné dès la première scène comme si l'on entrait en tragédie. Tout cela a été dit sur les ondes et expliqué aux spectateurs après la pièce, le mercredi. Soit ! Que restera-t-il donc de ce Dom Juan-là, est-on en droit de se demander, sceptique, s'il ne reste rien du drame théologique ? s'il ne reste rien de Dieu ni de la mort ? Heureusement, il ne suffit pas de le dire pour que cela soit : ce que j'ai vu est tout autre. À croire même que celui qui parle n'est pas le metteur en scène !

 

Un glas chrétien, forcément

 

Ce que j'ai entendu c'est, dès avant le lever de rideau, un glas, un glas noir lancinant et funèbre. Un glas ancrant la pièce dans une construction circulaire tragique. Un long glas enveloppant la pièce dans la mort avant même qu'elle ne commence. Le glas de l'action tragique qui a, en réalité, commencé dès avant la scène première : meurtre du Commandeur, trahison d'Elvire et fuite du libertin après l'avoir enlevée de son couvent. Glas terrible venant de nulle part, peut-être de ce haut plafond du théâtre, qui tout à l'heure s'illuminera pour la dernière scène. Glas chrétien forcément. Il n'y a pas de glas laïque ou musulman. L'actualisation n'aura pas lieu en surlignements grossiers, et un Gusman inquiétant, habillé en Turc, serviteur de la très catholique mais orgueilleuse Elvire, aura beau faire miroiter son poignard effilé dans la scène d'exposition, cela n'ajoutera rien à l'affaire.

 

Ce que j'ai vu, en revanche, c'est un débauché, violent, tyrannique, intolérant ; ce que j'ai vu, encore, ce sont des victimes nobles et dignes de compassion. Don Juan a fait son entrée sur scène en costume d'opéra, voyante tenue blanche de tragédien aux rubans de feu pour une orgie en cours. Le dérangement a bel et bien commencé de son côté. La première entrée du personnage est celle de l'hypocrite, de celui qui porte le masque : son visage de comédien outrageusement fardé le dit assez. Contrairement à ce qui a été avancé, le dérangement n'est donc pas dans le clan des dévots, non.

 

La suite de la mise en scène le prouve encore : pas de scène d'hystérie d'Elvire, pas de frères fanatiques, pas de Don Louis décadent – poignant Serge Maillat, pas de paysannes si ridicules que cela ou de Pierrot idiot – excellent Nicolas Chupin. Pas de Monsieur Dimanche benêt – en usurier juif comme dans la mise en scène de Daniel Mesguish en 2003 à l'Athénée. Dans des scènes épurées, aux décors riches et esthétisés à l'extrême, Don Juan, vulgaire, fait évoluer sa seule méchanceté ordinaire : il est bien celui qui nuit à tous. Coups de pied insupportables à Pierrot à terre, violences physiques et verbales constantes, aux paysannes manipulées, au Pauvre insulté, comme à Sganarelle qui a dérobé un peu de nourriture, tyrannisé, indifférence cynique au cadavre du pendu dans la forêt...

 

Geste surtout pas anodin, presque fanatique, que celui d'arracher le voile d'Elvire réapparaissant une ultime fois en femme voilée à l'acte V. Choc de la vision ! Son grand costume noir superpose niqab islamiste au voile catholique attendu. Le geste de Don Juan-Torreton se veut alors engagé : arracher un voile qu'on ne saurait voir, dans un amalgame de tous les voiles qu'il faudrait sans doute interdire de la même façon, sans appel. Pataquès ! Contresens ! Geste agressif de condamnation qui se condamne lui-même.

 

Démonstration par l'absurde ?

 

Pour tout metteur en scène, la scène finale est une gageure. Notre modernité, fille de la mort de Dieu, a souvent vu naître des mises en scène échevelées voulant effacer le divin en effaçant la statue du Commandeur. La fin fantastique écrite par Molière est, de ce fait, toujours difficile à montrer dans une société contemporaine, empreinte d'athéisme pragmatique. De l'invitation à souper à la fin de l'acte III, remarquable ici, à l'excellente infernale punition divine dont on ne dévoilera pas le cœur, Philippe Torreton reste paradoxalement fidèle au texte, alors même que la statue du Commandeur est effacée dans une esthétique hispanique et baroque proche des cérémonies de la Valle de los Caïdos. Rien ne pouvait laisser prévoir une telle fin académique où il est enfin bien question et de Dieu et de la mort.

Manquant singulièrement d'unité et d'originalité, inégale dans ses trouvailles, la pièce nous livre un Don Juan pas assez grand seigneur à force d'être trop banal méchant homme. Conventionnelle, elle n'en reste pas moins une bonne pièce à voir actuellement, par tous, on ne peut plus classique dans son interprétation. On est loin de l'esprit d'Avignon et de ses inventions ineptes. Et cela fait du bien ! Particulièrement juste également, l'exceptionnelle prestation de Jean-Paul Farré, un Sganarelle, petit vieux rondouillard portant un comique sobre. Sans lui, Don Juan n'est rien. Les coups de patte au catholicisme, comme l'Angélus moqué dans la scène des paysannes ou l'actualisation hispanisante avec les énormes croix pectorales des personnages du pseudo-clan des dévots, restent marginaux et tombent finalement à plat à force d'être plaqués sans nécessité interne.

 

Le texte génial de Molière, grand gagnant de cette entreprise laïque, résiste à toute interprétation étroite, fût-elle explicitée à l'avance par la glose myope de son metteur en scène.

 

*Hélène Bodenez est professeur de lettres au lycée Saint-Louis-de-Gonzague (Franklin, Paris).

Dom Juan, le Festin de pierre

de Molière,

mise en scène Philippe Torreton■ Théâtre Marigny-Robert Hossein. Carré Marigny, Paris-8e.

Mo : Champs-Elysées-Clemenceau ou Franklin-Roosevelt.

Tél. : 01-53-96-70-00.

À 20h00, sauf mercredi 19h00, suivi d'un échange avec les comédiens, samedi 15h00 et 20h00, dimanche 16h00. Des billets à tarif réduit au kiosque de la Madeleine et sur Ticketac.com

■ Theatremarigny.fr

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17 septembre 2007 1 17 /09 /septembre /2007 23:00

 

 | Le fil


Mercredi 19 septembre, l’Église fête les apparitions de Notre-Dame de la Salette (1846), et les chrétiens méditent le message de Marie pour préserver le jour du dimanche. Comme en parallèle, Benoît XVI a rappelé à Vienne, le 9 septembre, le sens de la sanctuarisation du Jour du Seigneur: Sine dominico non possumus ! « Sans le dimanche, nous ne pouvons vivre. » Et cette semaine, à l'occasion de la Coupe du monde de rugby, la CFTC lance une pétition contre le travail du dimanche.

« DIEU NOUS FRAPPE pour nous avertir ! » Qui ne se souvient de ces mots terribles de Bossuet prononcés en la basilique Saint-Denis, lors de l’oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre ? Qui surtout aujourd’hui accepterait cette exclamation sévère sans broncher ? Et pourtant : dans cette page de littérature passée à la postérité, l’aigle de Meaux montre comment des événements saisissants peuvent et doivent instruire les hommes, peuvent et doivent leur dessiller les yeux. Non pas que Dieu ait voulu ce mal, non, mais Dieu s’en sert. Seulement, bien souvent muré dans un refus contempteur et dans un endurcissement sot, l’homme fonce malgré tout à sa perte, aveugle et sourd, dans une répétition mortifère.

Nombre de faits et de livres rapportent de tels avertissements. Pensons par exemple à la nouvelle de Tostoï, Maître et Serviteur [1], où Vassili Andréich Brékhounov et son serviteur Nikita, prisonniers du froid lors d’une tempête de neige se perdent. Ayant trouvé in extremis asile dans un village, l’appât du gain lié à une vente de bois, déjà négocié mais qu’il craint de perdre, fait manquer de prudence au maître, engageant par là même son serviteur dans son aveuglement. Alors qu’ils sont sauvés de manière providentielle, le maître ne peut se résoudre à voir la vente lui échapper. Ils repartent alors, contre toute raison, dans le froid et la mort. « L’unique but, pensée, joie et fierté de sa vie », c’était « l’argent qu’il avait amassé jusqu’alors et allait pouvoir amasser ». La surprise finale de la nouvelle sera belle, Nikita en réchappe grâce au sacrifice du maître, mais le maître meurt faute de n’avoir pas obéi aux événements qui s’imposaient à lui pour le sauver.

Dimanche 22 juillet sur TF1 : ironie tragique

Il est de semblables avertissements aujourd’hui pour qui accepte de voir ces véritables « coups de surprise » donnés « à nos cœurs enchantés ». Nous en avons, sans doute, vécu un de première importance cet été. L’épouvantable accident du car des pèlerins polonais, revenant du sanctuaire de La Salette, nous a frappés par son caractère spectaculaire en plein cœur des vacances, nous a émus et scandalisés également. Comment un pèlerinage à la Vierge pouvait-il se terminer aussi tragiquement ?

Que fallait-il comprendre ? Rien, diront beaucoup : erreur humaine, dysfonctionnement mécanique, mauvais concours de circonstances, mystère d’un mal-malheur. Sans doute. Mais reste que le vacancier averti a entendu devant son poste de télévision les titres du journal s’égrener : le drame en ouverture de journal, puis sans transition, celui de l’affaire du plus grand centre commercial d’Europe, à Plan-de-Campagne, outrepassant l’interdiction du préfet d’ouvrir le dimanche... Étrange coïncidence du cours des jours que ces deux faits qui se tutoient en ce dimanche 22 juillet dans le journal de TF1. Inconvenante juxtaposition de l’actualité, pourrait-on presque dire, si l’ouverture des magasins le dimanche n’avait eu rien à voir précisément avec le message de La Salette.

D’un côté, en effet, un horrible accident d’autocar sur le lieu duquel les présidents de la France et de la Pologne, les présidents des deux pays les plus motivés [2] avec l’Espagne pour l’ouverture des magasins le dimanche, accourent ; de l’autre un sanctuaire où la Vierge est apparue le 19 septembre 1846. On se prend à se demander si ces deux chefs d’État, menés malgré eux, forcés par les événements, à faire silence en ce lieu perdu entre terre et ciel, si ces deux chefs d’État ont seulement eu l’idée de s’enquérir de ce que la Vierge avait pu bien dire là, à Corps en Isère. Auront-ils poussé jusqu’au bout un périple qui n’était évidemment pas à leur programme quelques heures auparavant ?

Reconnu par l’Église, le message de La Salette tient, par son caractère douloureux, une place à part dans l’histoire des apparitions en France. Apparaissant triste et même parfois en pleurs, la Dame de La Salette se plaint de ne pouvoir plus retenir le bras de son fils. La première raison de cette infinie tristesse est tout de suite avancée : « Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder. C’est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils. » L’avertissement est net, d’une actualité criante cent soixante et un ans plus tard, un pas de plus devant être franchi dans la libéralisation du travail le dimanche par la plupart des pays chrétiens d’Europe, en nos folles années de mondialisation. Ce qu’a compris le pape.

Benoît XVI, en voix qui crie dans le désert, a saisi la gravité des lois à venir et a mis en garde l’homme de l’hyperconsommation [3] lors de son dernier voyage en Autriche. Jusqu’à opposer, à la manière des premiers chrétiens un non possumus véhément qu’aucun media n’a évidemment relayé. En plein délire sportif, les chaînes de télévision n’ont ni dans leur journal de 13h00 ni dans celui de 20h00, ne serait-ce que par une brève, rendu compte de l’événement autrichien, donnant raison à l’auteur de l’Ère du vide qui, en sociologue, constatait : « Le bien-être est devenu Dieu, la consommation son temple, le corps son livre saint. » N’y a-t-il pas eu là délit flagrant de censure ? N’y a-t-il pas eu là un bâillonnement aussi délibéré qu’insupportable du Saint-Père ? Mais passons ; ce n’est pas nouveau. Osons, à la veille de la fête de Notre-Dame de La Salette, rappeler à contretemps et relayer à notre pauvre mesure ce qu’a dit le Saint-Père :

Le dimanche : un « centre intérieur »« Sine dominico non possumus ! Sans le Seigneur et le jour qui Lui appartient, on ne réussit pas sa vie. Le dimanche, dans nos sociétés occidentales, s'est mué en “week end”, en temps libre. Le temps libre, en particulier dans la frénésie du monde moderne, est une chose belle et nécessaire ; chacun de nous le sait. Mais si le temps libre n'a pas un centre intérieur, d'où provient une orientation pour l'ensemble, il finit par être un temps vide qui ne nous renforce pas et ne nous détend pas. Le temps libre a besoin d'un centre, la rencontre avec Celui qui est notre origine et notre but. »Grande idée que celle d’un dimanche vu comme « centre intérieur ». En pleine préparation du jubilé, Jean-Paul II ne disait pas autre chose : « Perçu et vécu ainsi, le dimanche devient un peu l’âme des autres jours [4]. » Premier jour de la semaine, renvoyant au repos joyeux du créateur, au jour du Christ ressuscité, le dimanche est jour de l’Église, « jour qui ne connaît pas de soir » comme l’évoque la liturgie byzantine. Ce « jour des jours » devient ainsi, parce qu’il le sanctifie, le jour de l’homme. Oui « sans le Seigneur et le jour qui Lui appartient » l’homme « ne réussit pas sa vie ».

Bien sûr, cela va au-delà de l’ouverture des magasins le dimanche. C’est toute une large culture du dimanche qu’il faut refonder au-delà du seul culte essentiel de la messe [5]. Jean-Paul II espérait de toutes ses forces que la tradition des vêpres soit retrouvée. Au lieu de grouiller et d’errer le dimanche dans d’anonymes centres commerciaux, chacun pourrait trouver ce jour propice pour se reposer, rencontrer les autres, se ressourcer, prier, chanter les Heures, méditer la Parole de Dieu ; s’organiser, les autres jours de la semaine, pour essayer de ne pas acheter le dimanche. Jour sacré, jour à part. Jour spécifique des chrétiens qui voudraient vraiment vivre en chrétiens.

Il est intéressant, au passage, de noter que la libéralisation du dimanche en cours ne concernerait que le domaine économique : il n’est pas pensable actuellement que soient ouverts par exemple, le dimanche, postes et administrations, offices de notaires…

Loin de tout catastrophisme, la Dame de La Salette, en mère aimante, corrige ses enfants insensés. Loin de tout rigorisme Benoît XVI, sans se laisser impressionner par l’esprit du monde, rappelle, contre vents et marées, les exigences de l’amour [6], rappelle l’homme à ses devoirs essentiels pour que « la soif fébrile de vie qui aujourd'hui ne laisse pas les hommes en paix » ne finisse pas « dans le vide de la vie perdue ».

H.B.


Pourquoi la reconnaissance civile du dimanche comme jour festif est-elle importante ?

Pour que soit donnée à tous la possibilité effective de jouir d’un repos suffisant et d’un temps libre permettant de cultiver la vie religieuse, familiale, culturelle et sociale ; de disposer d’un temps propice à la méditation, à la réflexion, au silence et à l’étude ; de se consacrer aux bonnes œuvres, en particulier au profit des malades et des personnes âgées. (Catéchisme abrégé, n. 454). 

POUR AGIR, signez la pétition de la CFTC contre le travail du dimanche :
Joseph Thouvenel, secrétaire général-adjoint de la CFTC nous écrit : "Face au retour du veau d'or, tous ceux qui estiment qu'il est important, voire essentiel, de préserver un temps où la production et la consommation sont entre parenthèses, devraient défendre le repos dominical. Au-delà des catholiques de France, la CFTC se propose de rassembler les Français qui veulent maintenir le dimanche comme élément fondamental de la vie familiale, culturelle, associative et spirituelle."

Vous pouvez les rejoindre en signant et en faisant signer la pétition en ligne sur le site
www.cftc-paris.com


Pour en savoir plus :
Benoît XVI, "Sans le dimanche, nous ne pouvons", homélie prononcée dans la cathédrale Saint-Étienne de Vienne, dimanche 9 septembre 2007, sur Generation.benoitXVI.com.
Le site du sanctuaire de Notre-Dame de La Salette


Notes

[1] Léon Tolstoï, Maître et Serviteur, Edition Mille et une nuit, 1999.
[2] C'est surtout le prédécesseur de M. Kaczynski qui a des choses à se reprocher sur ce plan-là. Il semble que le président actuel et son gouvernement voudraient justement mettre des restrictions (surtout pour les supermarchés, en grande partie "français", qui ont cru se dédouaner en installant des chapelles à l'intérieur des centres commerciaux).
[3] Pour Gilles Lipovetsky (Le Bonheur paradoxal, Gallimard, 2006), s’ouvre une troisième étape historique du capitalisme de consommation, celle de l’hyperconsommation, “marchandisation moderne des besoins et orchestrée par une logique désinstitutionnalisée, subjective, émotionnelle”.
[4] Jean-Paul II, Dies Domini, Lettre apostolique, Pierre Téqui éditeur, 31 mai 1998, p.84.
[5] CEC n. 1389 : « L’Église fait obligation aux fidèles “de participer les dimanches et les jours de fête à la divine liturgie”. » CEC Abrégé n. 453 : « Comment sanctifie-t-on le dimanche ? … en s’abstenant aussi des activités qui empêchent de rendre un culte à Dieu, qui troublent la joie propre au jour du seigneur et la nécessaire détente de l’esprit et du corps. Peuvent être accomplies ce jour-là les activités liées aux nécessités familiales ou aux services de grande utilité sociale, à condition qu’elles ne constituent pas des habitudes préjudiciables à la sanctification du dimanche, ni à la vie de famille ou à la santé. »
[6] Les dix commandements sont loi de vie. Le troisième commandement précise : « Tu sanctifieras le Jour du Seigneur ».

 

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10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez


Ciel gris fer, morne et grave, bruine prégnante. Les mèches se révoltent dans les visages, les habits sombres de cérémonie se gonflent dans un grand mauvais vent d'automne d'une journée d'août qui promet pourtant d'être exceptionnelle.

 

Il est huit heures du matin : les fidèles remplissent peu à peu le parvis. Le service de déminage œuvre à l'intérieur de la cathédrale pendant que les heureux possesseurs de laisser-passer multicolores, permettant une place assise, commencent déjà à s'engouffrer par les entrées latérales : famille et proches, officiels, communautés religieuses, délégations des paroisses et chapelles de Paris. K.T.O. et le Père Metzinger s'affairent à la retransmission télévisée d'une cérémonie unique et dont les images seront reprises par les télévisions nationales. Aucune fébrilité cependant comme si chacun plongeait déjà dans l'intériorité qui allait envelopper ces trois heures d'adieu.

 

L'attente des deux heures n'est pas longue. La chorale répète le chant de communion : Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir. L'assemblée prie cinq Je vous salue Marie pour entrer davantage dans la prière. L'heure vient. Tout le monde semble maintenant touché de la présence des nombreux membres du gouvernement et de la société civile qui veulent, comme les anonymes, saluer la stature éminente du cardinal Jean-Marie Lustiger dans un dernier geste de reconnaissance digne. Le ballet des voitures officielles ponctue bientôt l'arrivée successive des uns et des autres, maîtrisée par un service d'ordre sans faille. Mgr Vingt-Trois accueille tranquillement le président Sarkozy. L'ouverture de la cérémonie solennelle est désormais imminente.

 

Dans la louange des Pères


Tout a été à peu près dit de la vie d'exception de Jean-Marie Lustiger et les journaux ont été très prolixes sur un début de funérailles qui voit s'ébranler la procession du cortège funèbre sur le parvis de Notre-Dame, place Jean-Paul II. Dans cette première étape des obsèques, à l'extérieur de la cathédrale, fut en effet célébrée une liturgie bien particulière, celle de la prière d'accompagnement de la famille : rites juifs, celui de la terre de Terre Sainte déposée sur le cercueil, du psaume 113 ensuite simplement dit : de la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu'il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple... , de la prière, en langue araméenne, du Kaddish des endeuillés :

 

Magnifié et sanctifié soit le Grand Nom

dans le monde qu'Il a créé selon Sa volonté

et puisse-t-Il établir Son royaume,

puisse Sa salvation fleurir et qu'Il rapproche son oint

de votre vivant et de vos jours

et des jours de toute la Maison d'Israël

promptement et dans un temps proche; et dites Amen.

Puisse Son grand Nom être béni

à jamais et dans tous les temps des mondes.

Béni et loué et glorifié et exalté,

et élevé et vénéré et élevé et loué

soit le Nom du Saint, béni soit-Il

au-dessus de toutes les bénédictions,

de tous les cantiques et hymnes de louanges,

qui sont dits dans le monde; et dites Amen.

 

Mais avant cela, c'est le chant de procession qui émeut et donne le ton, le traditionnel cantique Peuple de prêtres, peuple de rois, Assemblée des saints, peuple de Dieu, chante ton Seigneur chanté avec ferveur par tous, chorale et assemblée. Sous la voûte chargée d'histoire comme à l'extérieur, s'élève la louange des couplets, vibrantes litanies du Christ avec leur signification forte en ce jour où l'on enterre un fils d'Israël : Nous te louons Flambeau de la nouvelle Jérusalem... nous te chantons Messie annoncé par les prophètes... ô prêtre de l'Alliance nouvelle... ô pierre angulaire, Rocher d'Israël. Dès cette ouverture remarquable, l'on se savait entré dans un grand moment sacré , tout à fait à part.

La grande liturgie de la messe des morts, requiem grégorien parfait, se poursuit dans un recueillement intense : Requiem aeternam dona eis Domine : et lux perpetua luceat eis / accorde-leur le repos éternel Seigneur et que brille sur eux la lumière sans déclin. On recouvre alors le cercueil de l'aube, de l'étole du Cardinal. On installe à côté la crosse en bois de Pasteur, moderne houlette très sobre sculptée par Jean Touret.

 

Liturgie de la Parole : jusqu'au bout témoin de l'accomplissement des Écritures

 

La lecture d'Isaïe au chapitre 61 rappelle d'abord, s'il en était besoin, l'indéfectible alliance de Dieu avec son peuple choisi qui faisait dire à Jean-Marie Lustiger que, né juif, il est demeuré juif comme le demeuraient les Apôtres : je conclurai avec vous une Alliance éternelle ; le psaume 39 (40) redit ensuite, comme un programme, ce qui a animé le Cardinal toute sa vie : Dans le livre est écrit pour moi/ ce que tu veux que je fasse... , vois, je ne retiens pas mes lèvres ; puis la seconde lettre de saint Paul aux Corinthiens, discours puissant sur les épreuves et la mort, vient livrer une autre clé de toute une vie, celle du grand croyant que fut l'archevêque de Paris, avec ce verset : L'Écriture dit : "J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé"...

 

Mais voici, proclamé avec un respect profond par le diacre chargé de sa lecture, au cœur de la liturgie de la Parole, l'Évangile de l'Annonciation avec sa chute si fulgurante: Car rien n'est impossible à Dieu , verset-devise du cardinal. À cette lecture précise, choix parlant, on ne peut s'empêcher alors de penser au N'ayez pas peur marial de Jean-Paul II, fruit de sa consécration à la Vierge Marie. Dans cet évangile, que saint Louis-Marie Grignion de Montfort demandait de méditer tant et tant, le Sois sans crainte de l'ange de l'Annonciation, - que le cardinal a vécu, c'est certain - relie soudain, une fois de plus, les deux hommes que le dernier quart du XXe siècle nous a donnés comme deux témoins audacieux hors pair. Tout devient, de fait, possible sans peur. Par la foi en Dieu, le croyant à l'évidence peut alors plus.

 

Et Jean-Marie Lustiger, en croyant inlassable qu'il fut, à l'évidence, a pu beaucoup. Choisir ce texte de l'Évangile de Luc, célébrant la fille de Sion, la "Mère du Rédempteur", celle qui par sa foi a engendré le Christ, ne relevait donc pas d'un caprice mais revêtait, en ce 10 août 2007, une signification prophétique : était réaffirmée la charnière de l'unique Alliance de Dieu . Accomplissement du Salut, médité trois fois par jour il y peu par les angélus sonnant dans les villes et les villages de France mais qu'une modernité laïciste avale, l'Annonciation fonde toute la Révélation.

 

On ajoutera au passage qu'en face d'un Président élu sur la devise Ensemble, tout devient possible , il y avait là, de surcroît, comme un rappel de priorités dans une ironie du sort calme et douce.

Vint le moment de la communion, où la Maîtrise de Notre-Dame a chanté les extraits du Serviteur souffrant du livre d'Isaïe : A la suite de l'épreuve endurée par son âme/ il verra et sera comblé. Par sa connaissance, le Juste, mon serviteur, justifiera les multitudes/ en s'accablant lui-même de leurs fautes.

Croyant et serviteur, tel fut Jean-Marie Lustiger.

 

Adieu au cardinal juif

 

A la fin d'une cérémonie simple et solennelle à la fois, au mot d'adieu si juste de Maurice Druon, l'assemblée n'a pas pu retenir pour certains les larmes, pour d'autres des applaudissements surgis d'un silence intense. Dans une voix profonde, mettant en valeur sans affectation le phrasé de son texte, le secrétaire perpétuel de l'Académie française, en grand habit vert, a montré alors comment la perfection de la forme et la profondeur du fond pouvaient s'allier pour dire les sentiments du cœur et de l'esprit. Son éloge funèbre, exercice si difficile, monte vrai et bouleversant dans la cathédrale de Paris : la mort de Mgr Lustiger a pris une importance à chaque heure plus vaste et plus significative , comme si sa forme humaine avait un peu caché sa grandeur, et que se révélait, dans sa totale amplitude, l'image d'un homme au-dessus des hommes ... vous fûtes, Jean-Marie, pendant un quart de siècle, une manière de miracle : l'incroyable survenu, l'invraisemblable manifesté, l'impossible existant ; vous fûtes le cardinal juif ... Dans un monde en crise, vous avez repris, renoué, réconcilié en vous-même les fondements de notre civilisation et l'avez aidée à soutenir les coups de boutoir non du modernisme mais de la négation. En réponse à l'histoire tragique des juifs traqués par des nazis tout imprégnés de l'idéal aryen si funeste, si diabolique, Maurice Druon termine et affirme, ému, en saluant un fils, non pas du hasard, mais de l'exception ... notre frère supérieur .

 

Deux souvenirs


Pendant le long dernier adieu , au cours duquel les cinq cents prêtres viendront asperger le cercueil d'eau bénite, me revinrent dans le cœur deux rencontres avec le Cardinal : celle d'abord, lors du Jubilé des jeunes en 1984 à Rome, premières JMJ qui n'en avaient pas encore le nom, où j'avais comme de nombreux Français participé aux catéchèses de Sainte-Marie-Majeure ; l'un des matins, c'est Mgr Lustiger qui nous enseignait. Ce qui était frappant, et qui me reste encore aujourd'hui en mémoire c'est que tout était possible effectivement ; il y avait une force extraordinaire qui se dégageait de sa personne, de ses paroles lumineuses et vraies. C'était un peu comme sur le chemin d'Emmaüs, il nous ouvrait à l'intelligence des Ecritures et notre cœur devenait tout brûlant. On se sentait porté. Cette vertu de force manque cruellement aujourd'hui. Un deuxième moment me revint à l'esprit, plus récent celui-là. C'était en 2005. Après l'Office chanté et la messe du jeudi à Notre-Dame, un temps d'adoration était proposé aux fidèles. Dans la nef devenue silencieuse fermée enfin aux touristes, dans un ostensoir tout baigné d'encens, le corps du Christ était exposé et focalisait les regards et les cœurs de la poignée des présents. Me levant pour me rendre à un cours de l'Ecole cathédrale située tout à côté, je vis alors en sortant la silhouette du Cardinal. Il était là tout au fond de la Cathédrale. Il était debout, seul dans un clair obscur saisissant. Il priait et adorait intensément.

Prêcheur, grand priant, tel fut aussi Jean-Marie Lustiger.

La messe est dite. Nous sortons édifiés, reconnaissants et j'ai alors envie de redire avec lui : oui, vraiment : " Le Seigneur prépare ses coups de longue date " !

 

H. B.

 

Je suis né juif.

J'ai reçu le nom

de mon grand-père paternel, Aron.

Devenu chrétien

par la foi et le baptême,

je suis demeuré juif

comme le demeuraient les Apôtres.

J'ai pour saints patrons

Aron le Grand Prêtre,

saint Jean l'Apôtre,

sainte Marie pleine de grâce.

Nommé 139e archevêque de Paris

par Sa Sainteté le pape Jean-Paul II,

j'ai été intronisé dans cette cathédrale

le 27 février 1981,

puis j'y ai exercé tout mon ministère.

Passants, priez pour moi.

┼ Aron Jean-Marie cardinal Lustiger

Archevêque de Paris

 

(Le cardinal Lustiger a rédigé ce texte en vue d'une plaque commémorative à installer dans la cathédrale.)

 

Pour en savoir plus :

■ A propos du "cardinal juif" : Mes yeux devancent la fin de la nuit... (Ps 119), par Hélène Bodenez (Décryptage, 11 août 2008)

■ La vie et l'oeuvre du cardinal Jean-Marie Lustiger (source : diocèse de Paris)

■ L'hommage de l'Eglise de Paris (sur le site du diocèse)

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Published by Hélène BODENEZ - dans ÉGLISE - RELIGION ET SPIRITUALITÉ
10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

Quand un pape prophète élève à la charge d'archevêque de Paris un fils d'Israël — la terre et le peuple où le Christ lui-même s'est incarné — on devine une décision cruciale longuement soupesée.

 

On pouvait, certes, lire l'événement de manière politique et penser avec George Weigel — retraçant dans la très belle biographie de Karol Wojtyła les circonstances de la nomination du nouvel archevêque en 1980 — qu'il s'agissait d'éviter l'une des deux principales factions de l'Église pour trouver une nouvelle direction capable d'infléchir le cours du catholicisme français . Mais il y a là bien plus, une intrépidité nécessaire et historique dans l'économie du Salut qui vient des Juifs (Jn, 4, 22).

 

Quand la chose devint claire et que Jean-Marie Lustiger fut informé de sa nomination, il fut atterré . Il pensait que le pape prenait un risque énorme et lui demandait d'en faire autant. Lorsqu'il avait été nommé évêque d'Orléans, il avait écrit à Jean-Paul II pour lui rappeler qui il était et qui étaient ses parents . Le souverain pontife s'était néanmoins obstiné en ce qui avait concerné Orléans, et il s'obstina en ce qui concernait Paris. Trois fois, Jean-Marie Lustiger s'entendit déclarer par Mgr Dziwisz, secrétaire de Jean-Paul II : Vous êtes le fruit de la prière du pape [1]. La décision avait été prise à genoux. Joie et signes des temps !

 

La Promesse : l'olivier franc

 

C'est, sans doute, dans La Promesse, livre écrit à partir de notes d'une retraite, que Jean-Marie Lustiger, homme du choix de Dieu , dans une de ces audaces de l'Esprit-Saint, éclairera mieux que tout autre une part du mystère d'Israël [2].

 

D'abord continuer à être témoin de l'accomplissement des Écritures auprès de ses frères juifs puis convertir patiemment bon nombre de chrétiens qui ne perçoivent pas ce qu'a de nécessaire, de vivifiant et en même temps de douloureux et fragile, l'entremêlement de l'olivier greffé sur l'olivier franc (Rm, 11, 16-24). Saint Paul conseille bien de ne pas faire le fier car c'est la racine qui le porte et non lui qui la porte. Car il peut être tenté soit d'enterrer le tronc qui le porte (ce qui serait se condamner à pourrir), soit prétendre être à lui seul l'arbre tout entier [3]. On ne peut que regretter avec Mgr Lustiger les réticences parfois agressives de certains chrétiens, encore aujourd'hui trop nombreuses, vis-à-vis du dialogue avec leurs frères aînés dans la foi. À preuve, les critiques lors de la repentance que Jean-Paul II a menée pour le Jubilé et dont le sommet est le petit billet d'un grand pardon demandé, qu'en grand prêtre il glisse au Mur des Lamentations.

 

De fait, la greffe est douloureuse des deux côtés. Comme l'est le côté d'Adam, d'où naît Ève, comme l'est le côté du Christ en croix, mort, d'où coulent l'eau et le sang et d'où jaillit l'Église, là où toute la loi est accomplie. De fait, l'enracinement est encore à cultiver. Si d'ailleurs, poursuit l'archevêque de Paris, l'Europe s'est déchristianisée si vite, c'est bien que son christianisme, telle la maison construite sur le sable, n'était pas ancrée solidement. Et pour Mgr Lustiger, il s'agit bien sûr des racines de la première Alliance qui ont été méprisées, des fondations de l'Unique Alliance de Dieu [4] qui ont été sapées ou méconnues : la tempête et le vent sont venus et la maison s'est effondrée (Mt, 7, 24-27).

 

L'apostasie des pagano-chrétiens

 

L'Europe, en effet, se déchristianise ou pour le dire mieux, les nations chrétiennes se sont progressivement paganisées. Pour désigner cette forme d'apostasie, Mgr Lustiger forge alors une expression étrange qui bouscule bien plus que l'expression néo-païens : les pagano-chrétiens . Dans le grand chapitre sur les enfants de Bethléem, et la souffrance d'Israël, on voit l'idée maîtresse du livre : La souffrance d'Israël persécuté par les païens en raison de son élection fait partie de la passion du Christ , toutes les souffrances d'Israël jusqu'à l'Holocauste, et celles à venir hélas encore, ces souffrances qui font dire à Pascal que Jésus est en agonie jusqu'à la fin du monde [5]. Si une théologie chrétienne ne peut pas inscrire dans sa vision de la Rédemption, du mystère de la Croix, qu'Auschwitz aussi fait partie de la souffrance du Christ, alors on est en pleine absurdité.

 

Lorsque des chrétiens ont une attitude de rejet, de mensonge, de violence contre le peuple d'Israël, ils rendent sensible le symptôme de leur infidélité réelle au Christ , le mensonge dans leur pseudo-fidélité au Christ , ils sont des pagano-chrétiens. C'est l'aveu involontaire de leur paganisme et de leur péché. Le Cardinal poursuit alors son analyse dérangeante par un renversement saisissant dans l'analyse du mot déicide , un mot tellement chargé puisque dans l'ancienne liturgie du vendredi saint, on priait pour les Juifs, le peuple perfide [6]. Si l'on a parlé de déicide à propos d'Israël et du Christ, il faudrait parler de déicide à propos des peuples dits chrétiens d'Occident et du sort qu'ils ont réservé au peuple juif , le peuple "théophore" pour le cardinal juif. Car dans ce cas, ce qui s'applique à l'un s'applique à l'autre : refus du Christ tel qu'il se donne, haine de l'élection telle que Dieu la donne . Qu'ont fait ces pagano-chrétiens ? ils ont tué les Juifs sous le prétexte que les Juifs ont tué le Christ . Or l'Évangile ne dit-il pas, clairement pourtant, que ce sont les païens qui ont tué le Christ. De même le Catéchisme de l'Église Catholique rappelle avec force que tous les pécheurs furent les auteurs de la passion du Christ qu'il n'y a pas de responsabilité collective d'un peuple. S'ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne l'auraient jamais crucifié (1Co 2, 8).

 

Méconnaissance d'Israël, méconnaissance du Christ lui-même

 

Comment en est-on arrivé là ? Sur ce thème des responsabilités, il est bon de relire cet aveu personnel du cardinal Ratzinger sur le péché des païens : Déjà enfant – bien que je fusse naturellement ignorant de toutes les connaissances nouvelles que résume le catéchisme – je ne pouvais pas comprendre comment certaines personnes cherchaient à déduire de la mort de Jésus une condamnation des juifs. La raison en était cette parole dont la consolation profonde avait pénétré jusque dans mon âme : le sang de Jésus n'exige pas la vengeance mais il appelle tous les hommes à la réconciliation. Il est devenu lui-même – c'est ce que montre l'Épître aux Hébreux – la fête divine permanente de l'Expiation (op. cit.). Mgr Lustiger conclut ainsi : Le péché auquel ont succombé les pagano-chrétiens, que ce soit les hommes d'Église ou les princes ou les peuples, fut de s'emparer du Christ en le défigurant, puis de faire leur dieu de cette défiguration. Ils ont ainsi conduit Israël persécuté à apparaître, malgré lui, comme une figure du Christ humilié. Leur méconnaissance d'Israël est le test de leur méconnaissance du Christ qu'ils prétendent servir.

 

C'était en 2002 déjà ! Il y avait comme une urgence dans ce livre qui dévoilait une sorte de secret : le secret du cœur de celui qui voit le Christ comme promesse, avec Israël qui attend le Messie, avec les chrétiens qui attendent la Parousie et le retour du Christ dans la Gloire. Nous avions lu ce livre dans un climat d'intimité, de confiance, de bienveillance absolue et non de murmures [7] pour entrer dans ce secret et espérer y accéder pleinement.

Au moment où le cardinal Lustiger a rejoint la Maison du Père, en la fête de la Dédicace de Sainte-Marie-Majeure, nous relisons pleins d'espérance, sur la première de couverture de ce livre essentiel, le verset de référence du livre : Mes yeux devancent la fin de la nuit pour méditer sur ta promesse ...

 

H. B.

11/27 août 2007

[1] Jean-Paul II, Témoin de l'Espérance, George Weigel, J.-C. Lattès, 1999.

[2] Le Bon Dieu prépare ses coups de longue date , extrait de l'homélie de la dernière messe à Notre-Dame.

[3] Edith Stein et le Mystère d'Israël, Cécile Rastoin, ad Solem, 1998.

[4] L'Unique alliance de Dieu et le Pluralisme des religions, cardinal Joseph Ratzinger, Parole et silence, mars 1999.

[5] Pascal, Pensées, BVII, 553, Jésus sera en agonie jusqu'à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.

[6] Oremus et pro perfidis judaeis faisait partie de la prière du Vendredi saint, jusqu'en 1959. Aujourd'hui, elle a été remplacée par Prions pour les juifs à qui Dieu a parlé, en premier. L'antique formule a été corrigée par le pape Jean XXIII, ainsi que par Paul VI dans le missel de 1969. Perfide a pris des sens offensants dans la langue vernaculaire que n'avait sans doute pas le latin où perfidis judaeis signifiait les juifs qui ne partagent pas notre foi.

[7] "Juifs-Chrétiens. Pourquoi Lustiger dérange", L'Express, 5 décembre 2002.

Pour en savoir plus :

■ Les obsèques du cardinal, le

témoignage d'Hélène Bodenez (Décryptage, 28 août)

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4 avril 2007 3 04 /04 /avril /2007 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

Lettres bleues sur fond blanc. Rien d'autre. Il fait beau. Le métro redémarre, et me voilà transportée dans une force et une joie nouvelles. Surprenantes lettres sur des murs consacrés à la consommation la plus échevelée.

Surprenant et solitaire N'ayez pas peur !, qui a appelé, le lendemain, au gros feutre noir la signature d'un petit malin : Jean-Paul II , peut-on lire d'une écriture malhabile, comme si l'on avait craint que ne soit usurpée et détournée une phrase relique désormais. Les jours passent et voilà que, blanche et lumineuse, se dévoile la campagne de publicité pour le prochain spectacle de Robert Hossein [1].

 

On respire, on se réjouit : aucun détournement, il s'agit d'une mise en scène de la vie du pape Wojtyla. Les affiches révèlent un Jean-Paul II solide et tendre, tenant dans ses bras une petite fille malade. On les voit partout, dans le métro, dans la rue sur les vertes colonnes Morris. L'audace de Robert Hossein qui s'est attelé, avec Alain Decaux, par deux fois déjà, à la mort et la résurrection de Jésus, n'est plus à démontrer. À chaque fois, grand spectacle, grande mobilisation, large publicité. Nombre de forums sur la toile ont vibré de l'énigme bleue et blanche, chacun essayant de creuser et de savoir qui était derrière cette campagne de publicité, les haines montant également pour ceux qui avaient décrypté et senti le grand vent de sainteté.

 

Avant Jean-Paul II, le cardinal Wyszynski

 

N'ayez pas peur , Levez-vous ! Allons ! , Avancez en eaux profondes ! que d'injonctions évangéliques pleines de vie et de confiance ! Tout l'esprit de Jean-Paul II était là, dans le courage que donne la force de la foi. Dans Levez-vous ! Allons !, grande méditation sur la vocation épiscopale, mais plus précisément dans la sixième et dernière partie intitulée Dieu et le courage, Jean-Paul II rappelle la mémoire de tant d'évêques intrépides.

 

Relevez-vous et n'ayez pas peur, cette phrase de l'Évangile de Matthieu, Jean-Paul II s'en est nourri, se l'est sans cesse appliqué à lui-même, lui, pape slave, et évêque de Rome parmi les plus intrépides également. Pour comprendre les sources de son célèbre N'ayez pas peur, relisons le passage où Jean-Paul II honore la dette qu'il avait à l'égard de Mgr Wyszynski, quand il reprend à son compte ses paroles de feu : Pour un évêque le manque de force est le début de la défaite. Peut-il continuer à être apôtre ? Pour un apôtre en effet, le témoignage rendu à la vérité est essentiel. Et exige toujours la force [2]. Et encore : La plus grande faiblesse de l'apôtre est la peur. C'est le manque de foi dans la puissance du Maître qui réveille la peur ; cette dernière oppresse le cœur et serra la gorge. L'apôtre cesse alors de professer. Reste-t-il apôtre ? Les disciples, qui abandonnèrent le maître, augmentèrent le courage des bourreaux. Celui qui se tait face aux ennemis d'une cause enhardit ces derniers. La peur de l'apôtre est le premier allié des ennemis de la cause. "Par la peur contraindre à se taire", telle est la première besogne de la stratégie des impies. La terreur utilisée par toute dictature est calculée sur la peur des apôtres. Le silence ne possède son éloquence apostolique que lorsqu'il ne détourne pas son visage devant celui qui le frappe. C'est ce que fit le Christ en se taisant. Mais par ce signe, il démontra sa propre force. Le Christ ne s'est jamais laissé terrorisé par les hommes. Sorti dans la foule, il dit avec courage : "C'est moi."

 

Mgr Dziwisz, dans Une Vie avec Karol (Desclée, seuil), revient également sur le N'ayez pas peur inaugural du pontificat, appel inoubliable , défi ... sans précédent [3] : N'ayez pas peur, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. Pour le fidèle Stanislas, il y avait là contenu tout son projet de vie, le projet de son cœur, de sa piété et, en même temps, le projet du service pastoral qu'il était, en digne successeur de Pierre, en train de bâtir pour l'Église universelle. La devise de sa vie, devint par là même les lignes directrices de son pontificat . Derrière ces paroles se cachait la volonté d'insuffler de la force et du courage, en particulier aux nations réduites en l'esclavage auxquelles il faisait découvrir la liberté. Les soviétiques ont pu croire un temps, analysant à tort de manière politique cette élection de tous les dangers pour eux, qu'il serait certainement possible de neutraliser ce pape venu de l'Est. Mais c'était oublier, nous rappelle Mgr Dziwisz, que le fameux N'ayez pas peur ne venait pas d'une idéologie mais de l'application de l'Évangile, de l'imitation du Christ .

 

Toute la vérité de sa force s'explique par la force de la vérité elle-même. Riche de ces paroles, le nouveau pape commença à parcourir le monde et, sous mes yeux, à le transformer. La vocation universelle à laquelle Jean-Paul II a si bien répondu et en même temps appelé tout homme de bonne volonté, vocation mondialiste, pourrait-on presque dire, cette vocation si large faisait partie de sa mémoire, de son histoire, de l'héritage de sa foi et de sa culture qu'il avait emporté de sa patrie jusque sur la chaire de Pierre De cette devise naîtra la grande intuition développée dans la toute première encyclique : Il faut constamment remonter au "N'ayez pas peur", car il est source de l'inspiration de Jean-Paul II pour identifier l'idée maîtresse de Redemptor hominis : l'homme, puisqu'il a été racheté par le Christ, est la "route" de l'Église, l'homme dans son intégrité d'âme et de corps, dans sa tension constante entre vérité et liberté. Oui, au moins à ce moment-là, au moins dans certains milieux, dans une situation ecclésiale encore marquée par certaines peurs du passé, il se peut que cette notion ait aussi surpris, déconcerté. Mais elle a fini par s'imposer comme le programme de toute l'Eglise, le programme du pontificat et aujourd'hui, encore, elle n'a rien perdu de son actualité. Elle fait partie de son magistère, de la mission de la communauté ecclésiale [4] .

 

Après Jean-Paul II, Benoît XVI

 

La fortune du N'ayez pas peur est en effet en route ; considérable, féconde, elle habite le cœur de tous ceux qui veulent être fidèles à l'esprit de Jean-Paul II et, au-delà de lui, à son successeur. Benoît XVI a repris le flambeau et a fait entendre de manière nouvelle une devise désormais ecclésiale, élargissant l'appel de Jean-Paul II, l'extirpant de son immédiate interprétation historique et de son conditionnement communiste, même si des pays comme la Chine par exemple, restent encore tributaires de ce premier sens-là. Voici comment Benoît XVI concluait l'homélie de la messe inaugurale de son pontificat : En ce moment, je me souviens du 22 octobre 1978, quand le Pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place Saint-Pierre. Les paroles qu'il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles : "N'ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ". Le Pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d'une part de leur pouvoir, s'ils l'avaient laissé entrer et s'ils avaient concédé la liberté à la foi. Oui, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose: de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l'arbitraire. Mais il ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l'homme, à sa dignité, à l'édification d'une société juste. Le Pape parlait en outre à tous les hommes, surtout aux jeunes.

 

En quelque sorte, n'avons-nous pas tous peur – si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui – peur qu'il puisse nous déposséder d'une part de notre vie? N'avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d'unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l'angoisse et privés de liberté? Et encore une fois le Pape voulait dire: Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s'ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l'expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd'hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d'une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes: n'ayez pas peur du Christ! Il n'enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. Amen. Puis, aux jeunes de Cologne en 2005, le pape allemand a repris, une nouvelle fois et de manière nouvelle, les paroles de son vénéré prédécesseur : Mais vous, chers jeunes, n'ayez pas peur de proclamer l'Évangile de la Croix en toutes circonstances. N'ayez pas peur d'aller à contre-courant !

 

Santo !


De la fenêtre du ciel [5] d'où il se penche pour nous bénir, en ce deuxième anniversaire de sa mort, Jean-Paul II nous redit sa devise, c'est sûr, nous redonne courage et audace. Confiants avec Benoît XVI et toute l'Église, nous attendons sa béatification officielle, nous la génération qui osions l'appeler avec affection "J-P-II". Ce sera un grand jour : jour de fête et de grande mobilisation joyeuse.

En hâte !

 

* Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris).

 

FAIBLE est le peuple s'il accepte sa défaite, s'il oublie qu'il reçut mandat de veiller jusqu'à ce que vienne son heure. Car sur l'immense cadran de l'histoire, les heures viennent toujours.

Voici la liturgie de l'histoire. La vigile est Verbe du Seigneur et verbe du Peuple, parole toujours acceptée à nouveau. Les heures deviennent le psaume de conversions à n'en pas finir :

nous sommes en marche pour prendre part à l'Eucharistie des mondes.

Karol Wojtyła, Poèmes,

extrait de En pensant : Patrie, je reviens vers l'arbre... , Cana-Cerf, Paris, 1998

 

LAISSE agir en moi le mystère, enseigne-moi à agir

dans le corps que traverse la peur

tel un messager de la chute,

tel le coq qui chante —

laisse agir en moi le mystère, enseigne-moi à agir

en cette âme gagnée par l'angoisse du corps

et qui craint à sa place —

qui craint aussi de sa propre crainte : pour la maturation,

pour les actes dont la trace restera dans l'esprit humain,

pour la profondeur où cette âme fut plongée,

pour le divin même...

L'âme a sa propre peur, qui ne contredit pas l'espérance.

Karol Wojtyła, Poèmes,

Méditation sur la mort ,

extrait de Au commencement est la crainte , Cana-Cerf, Paris, 1998

...

Pour en savoir plus :

■ N'ayez pas peur, de Robert Hossein, du 21 septembre 2007 au 4 novembre 2007 à Paris, Palais des sports, porte de Versailles. Achat des places : Fnac.com ou Ticketnet.fr

[1] N'ayez pas peur , Spectacle de Robert Hossein, Palais des Sports de Paris, à partir du 21 octobre 2007.

[2] Jean-Paul II, Levez-vous ! Allons !, Plon-Mame, Paris 2004, p. 167-168.

[3] Stanislas Dziwisz, Une Vie avec Karol, entretiens avec Gian Franco Svidercoschi, Préface de Jean-Marie cardinal Lustiger, Desclée de Brouwer-Seuil, Paris, 2007, p. 91 sqq.

[4] Mgr Dziwisz, op. cit.

[5] Nous pouvons être sûrs que notre Pape bien-aimé est maintenant à la fenêtre de la maison du Père, qu'il nous voit et qu'il nous bénit. Oui, puisses-tu nous bénir, Très Saint Père Card. J. Ratzinger, 8 avril 2005. Plantu, dans l'édition du Monde du 3 avril, a rejoint l'intuition du Cardinal Ratzinger en dessinant la fenêtre du Vatican vide de la présence de Jean-Paul II mais pleine d'un ciel bleu. N'acceptait-il pas déjà, lui aussi, avec les lecteurs d'un quotidien qui avait pourtant bien souvent malmené le pape, que Jean-Paul II soit déjà au Ciel ?

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Published by Hélène BODENEZ - dans ÉGLISE - RELIGION ET SPIRITUALITÉ
1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 00:00
CATECHISME.png

Décryptage | Hélène Bodenez

Voilà un an déjà paraissait l'Abrégé du catéchisme de l'Église catholique, quelque trois cents pages, recueillant en questions / réponses toute la foi catholique reçue des apôtres et de la Tradition.

 

Un an déjà que la promesse d'un outil formidable a été tenue. Un an qu'un trésor inestimable est mis à la disposition des évêques, des prêtres et des adjoints en pastorale, responsables de la transmission de la foi ; des parents surtout, premiers acteurs de cette transmission dans l'Église domestique qu'est la famille.

 

Qu'en avons-nous donc fait ? À l'heure de la reprise des catéchismes dans les paroisses et dans les écoles privées catholiques, il est bon de s'interroger sur les vraies pistes qu'une campagne de communication parisienne, s'inscrivant contre une ère "davinciesque", met en avant et qu'on veut faire décoder aux enfants. Le catéchisme, fonction vitale pour l'Église et devant le rester tant que l'Église durera [1], autre éclairage sur la vie , jeu de piste ludique à vivre ? dépôt de la foi à connaître ?

 

Une transmission toujours en péril

 

Lors d'un colloque récent à Paray-le-Monial, La personne humaine en débat, les frères de Saint-Jean avaient invité Laurent Lafforgue, médaille Fields 2002. Ce dernier a tenu sur l'enseignement un discours raide mais vrai. Sans ménagement, il a renvoyé dos-à-dos l'enseignement public et privé. Le premier, coupable de ne plus transmettre froidement les savoirs fondamentaux ; le second, sous couvert d'un soi-disant plus humain, de ne pas être fidèle au caractère propre affiché. L'école catholique n'annoncerait plus le Christ mort et ressuscité. Si l'idée n'était pas nouvelle, elle n'en était pas moins réaffirmée avec gravité.

 

Ce qui est en cause, c'est toujours et encore la transmission. Étaient, en passant, clairement mises en cause, dans cet écroulement, les sciences de l'éducation et la psychologie. Mais passons. Quand George Steiner, dans Éloge de la transmission, regrette qu'à l'école on n'apprenne plus par cœur , il montre comment un véritable bagage intérieur est refusé à l'enfant qui se trouve alors dépourvu d'armes le protégeant jusque dans les crises limites de la vie. Il revient sur cette question si importante dans Dix raisons (possibles) à la tristesse de la pensée (Albin Michel, 2005), affirmant qu'empêcher les enfants d'apprendre par cœur, c'est atrophier, irréversiblement peut-être, les muscles de l'esprit.

 

Le catéchisme ou l'antidote au tout se vaut

 

Cette thèse est vraie également transposée au catéchisme. Quand on remonte à l'étymologie du mot catéchisme et à l'historique du mot, on se rend compte à quel point la transmission orale et l'aspect de condensé des bases étaient importants [2]. La foi, de fait, est une connaissance et l'intelligence des enfants, avides de vérité, continuera de pâtir tant qu'on persistera à ne leur donner, au nom de la vie et du plaisir, que coloriages simplistes et à leur autoriser une expression aussi spontanée qu'anarchique. En les perdant en permanence dans le sensible, on ne fait que brider la connaissance qu'on prétend leur dispenser.

 

À ce titre, le principe de l'Abrégé sous sa forme dialogique , rédigé en questions / réponses, paraît, non pas un retour en arrière mais une habileté novatrice. Il prend au sérieux, et l'intelligence et la foi. En l'étudiant, on s'éloignera d'un tout se vaut ambiant nourrissant, en réalité, un faux dialogue religieux.

 

Interroger et se laisser dépasser

 

Au commencement de la connaissance, en effet, est l'interrogation. On sait que la bonne question ouvre toujours la voie à la recherche intérieure. L'intelligence, de fait, interroge.

 

Cette bonne interrogation — les professeurs en font tous la dure expérience — est difficile à poser dans ses termes mêmes. Or l'Abrégé les propose toutes très bien formulées, chaque mot ayant été pesé, choisi, avec discernement et culture, de même que les réponses. L'on pourra rétorquer qu'un tel exercice est bien trop difficile pour de jeunes esprits. Pourtant les exemples ne manquent pas de saints dans l'histoire de l'Église, qui, tout pauvres qu'ils étaient, redisaient un contenu de la foi, avec un sens de la foi extraordinaire [3]. Leur vie de sainteté, allant parfois jusqu'au martyre, manifestait la profondeur de l'enracinement de la foi en eux. Leur catéchisme était donc forcément assimilé puisque vécu.

 

Que les enfants d'aujourd'hui aient à apprendre au catéchisme ce qui les dépasse infiniment, cela va de soi, mais ce n'est pas une raison pour ne pas le leur apprendre. Cela nous dépasse d'ailleurs tous infiniment.

 

Pour ne pas nous déshériter nous-mêmes

 

Notre époque hypermoderne, faite d'incertitudes et d'angoisses, ignorante surtout mais non moins traversée par une petite fille espérance , notre époque hypermoderne qui a congédié l'humanisme moderne, gagnerait à se laisser nourrir d'un tel lait .

 

Bien sûr, des aménagements selon les âges sont à inventer et les catéchistes dévoués ne manqueront pas d'idées, c'est sûr. Qu'ils sont beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles (Rm 10, 13-15) ! Au catéchisme, il s'agira bien de découvrir Jésus-Christ , d' apprendre à vivre en chrétien , de découvrir un trésor vivant et joyeux , le trésor de la foi comme le dit la plaquette de l'Église catholique de Paris.

 

Il s'agirait surtout grâce à l'Abrégé de donner des réponses non subjectives, mais correspondant au Magistère constant de l'Église, à la foi enseignée depuis toujours de façon autorisée par ceux qui sont des maîtres et vécue de façon exemplaire [4] . Quelles sont ces réponses [5], ce trésor de la foi, si ce n'est une qualité de l'intelligence, capable d'adhérer à Dieu, dans l'obscurité ? Quelle est cette foi à recevoir si ce n'est, en même temps, objet à connaître et actes à poser ? C'est cela qui fait le croyant. C'est ainsi qu'on connaît Dieu. On ne peut pas connaître Dieu uniquement par des paroles. On ne connaît pas une personne si on ne la connaît que par ouï-dire. Annoncer Dieu signifie introduire à la relation à Dieu, enseigner à prier. La prière est la foi en acte [6].

 

De grâce, gardons le plan et l'esprit de cet Abrégé, étrangement nulle part cité ! Ajoutons surtout à la lecture de ce catéchisme providentiel, la lecture approfondie de la Parole de Dieu. En écoutant et en suivant de près Jésus par sa Parole, Lui qui vit dans la vision béatifique, Lui qui connaît l'objet de foi, en adhérant aux vérités que nous révèle le Fils bien-aimé du Père, le croyant atteint Dieu.

 

Nourrissons au moins les enfants du Livre qui fond[e] notre culture pour ne pas finir par lui être complètement étranger et nous déshériter nous-mêmes , ainsi que le redit, tourmenté, Alain Finkielkraut dans L'Imparfait du présent [7].

 

Le catéchisme : œuvre de vérité et de miséricorde


Oserais-je tenter une petite vérification de connaissances ? Qui se souvient d'avoir appris quelles sont les sept œuvres de miséricorde spirituelle ? ...

 

Réponse page 269, dans les Formules de la doctrine catholique, presque à la fin du catéchisme :

1. Conseiller ceux qui doutent

2. Enseigner ceux qui sont ignorants

3. Réprimer les pécheurs

4. Consoler les affligés

5. Pardonner les offenses

6. Supporter les personnes importunes

7. Prier Dieu pour les vivants et les morts.Ainsi catéchiser fait partie de ces œuvres de miséricorde spirituelle essentielles. C'est même premier dans l'ordre de l'amour.

 

L'on comprend que Mgr Cattenoz, archevêque d'Avignon, ose demander aux écoles catholiques d'être vraiment catholiques (Cf. Décryptage, 13 octobre). Si d'aventure le chantier trop énorme poussait au découragement, laissons-nous entraîner par cette voix à l'accent polonais, râpeux, mais si personnel, que l'on entend encore résonner au fond du cœur. Elle n'est pas si lointaine cette voix. Elle nous invite au courage, avec un n'ayez pas peur ! toujours vivant, et que, pour la joie des auditeurs du colloque dont j'ai parlé plus haut, Mgr Barbarin [8], avec affection, a si bien imité.

 

Trouver le point de contact


Jamais dans l'histoire de l'Église, nos pasteurs n'auront été aussi attentifs à leurs contemporains et à leur ancrage dans une modernité tragique. Jamais ils n'auront voulu avec tant de sollicitude et de force rappeler à leurs ouailles la noblesse de la raison, rappeler à leurs frères que l'homme est capax Dei. Le catéchisme en participe. Lisons et apprenons cet article-ci ; faisons-le descendre en nous, au lendemain du discours historique du pape à Ratisbonne :3. Peut-on connaître Dieu avec la seule lumière de la raison ?

 

À partir de la création, c'est-à-dire du monde et de la personne humaine, l'homme, par sa seule raison, peut avec certitude connaître Dieu comme origine et fin de l'univers, comme souverain bien, et comme vérité et beauté infinie.Dieu est grand. Élargissons notre raison à sa bonté, à sa simplicité, à son unité, déployons-la, entrons toujours plus avant dans une réalité mystérieuse bien plus vaste que nous. Cherchons un point de contact entre notre intelligence et Dieu. Ainsi la rencontre pourra-t-elle se faire, car Dieu se laisse approcher et connaître, admirable Dieu de miséricorde qui vient même à notre secours dans notre difficile retour à la source, en se révélant.

 

*Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris)

86. Que signifie le mot "Incarnation" ?

L'Église appelle "Incarnation" le mystère de l'admirable union de la nature divine et de la nature humaine, l'unique personne du Verbe. Pour accomplir notre Salut, Le Fils de Dieu s'est fait chair (Jn 1,14) devenant vraiment homme. La foi en l'Incarnation est le signe distinctif de la foi chrétienne.

Abrégé du catéchisme de l'Église catholique

(extrait)

Pour en savoir plus :

Le texte officiel en français du Compendium (abrégé) du catéchisme de l'École catholique sur le site du Vatican

La co-édition française de l'Abrégé

Père Olivier Teilhard de Chardin, La Joie de la catéchèse, Parole et silence, Paris, 2006.

 

Notes

[1] Cardinal Joseph Ratzinger, Conférence à Notre-Dame de Paris, 9 décembre 2000, cité dans La Joie de la catéchèse, Olivier Teilhard de Chardin, Parole et silence, Paris, 2006.

[2] Cardinal Castrillôn Hoyos, conférence du 9 décembre 2000, op. cit. : Il faut, avec plus de décision, revenir à la foi. Le rapport avec Dieu a en effet son commencement justement de la foi ; laquelle d'une part est adhésion à la foi, "fides qua", d'autre part est connaissance des contenus, "fides quae".

[3] Lc, 18, 16-17 : Laissez les petits enfants venir à moi, ne les empêchez pas ; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu : quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas.

[4] Jean-Paul II, À l'exemple de Jean-Baptiste , homélie du 10 décembre 2000, op.cit..

[5] Cardinal Joseph Ratzinger, Conférence à Notre-Dame de Paris, op. cit. : Une mère allemande me raconta un jour que son fils, qui fréquentait l'école primaire, était en train de s'initier à la christologie de la soi-disant source des "logia du Seigneur" ; mais des sept sacrements, des articles du credo, il n'avait pas encore entendu un traître mot.

[6]Cardinal Ratzinger, Conférence, 9 décembre 2000, op.cit.

[7] Paris, 2002, Folio, 8 septembre 2001, Les Écritures de l'Humanité-Dieu : Ce qui nous sépare des Européens d'autrefois, qu'ils fussent chevaliers ou paysans, bigots ou esprits forts, bourgeois ou bohèmes, anciens ou modernes, artistes ou philistins, philosophes ou crédules, c'est la Bible. Ils en étaient imprégnés, nous en sommes indemnes. Elle peuplait leurs pensées, elle s'est absentée des nôtres. Ils étaient des héritiers, dociles ou rebelles, nous avons poussé le zèle de l'émancipation jusqu'à nous déshériter nous-mêmes. L'ignorance est le salaire de notre liberté. Le Livre qui fondait notre culture lui est devenu presque totalement étranger : ses paraboles ne parlent plus, ses héros ont pris la fuite, ses récits ne nourrissent aucun rêve, les toiles qu'elle a inspirées ne sont pas moins hermétiques que les tableaux abstraits : le déluge de l'oubli a recouvert ses généalogies, ses tribulations et ses fables (p. 245).

[8] Cardinal Barbarin citant le père Chevrier, Suivre Jésus de près, Lettre pastorale aux catholiques du diocèse de Lyon, Desclée de Brouwer / Parole et silence, Paris, 2006 : Tous les jours faire le catéchisme, tous les jours être pauvre , faire le catéchisme et non du catéchisme , chap. X, Renouveler la catéchèse , p.101-111.

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"La Voix est libre", émission du 8 novembre 2010 animée par Anne Gavini. "Comment redonner sa place au dimanche". Débat avec Monseigneur Lagleize, évêque de Valence. Hélène Bodenez, professeur à Saint-Louis de Gonzague-Franklin, Monseigneur Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France. Par téléphone : Père Jacques Vignancour, curé de Saint Austremoine, à Issoires (Puy de Dome)

 


 

 

 

"Aujourd'hui l'Eglise", émission du 19 novembre 2008, animée par Elodie Chapelle. "Travail le dimanche : l'Eglise a son mot à dire" Débat  avec François Asselin et Hélène Bodenez.

 

 

 

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L'Association pour la Fondation de Service politique réunit des hommes et des femmes engagés dans la vie politique, économique et sociale. Elle est ouverte à tous ceux qui souhaitent participer à ses activités : colloques, conférences, universités, soirées-rencontres, campagnes de sensibilisation. De très nombreuses personnalités ont participé à ses travaux: chefs d'entreprise, cardinaux, universitaires, hommes politiques, journalistes.

14 juin 2011

The European Sunday Alliance is a network of national Sunday Alliances, trade unions, civil society organizations and religious communities committed to raise awareness of the unique value of synchronised free time for our European societies. Sunday and, more general, decent working hours, are the focus of our campaigns. In our Founding Statement, we draw attention to aspects of life/work-balance and social cohesion that depend on a vast majority of people to have their lawful free time at the same time.


Lancement de l'European Sunday Alliance, le 20 juin 2011 dont sont membres, entre autres, l'AFSP, la CFTC, le CAD.


 

CCF

Le centre culturel Franklin est inspiré par la tradition jésuite et permet de créer une synergie entre la formation intellectuelle, humaine et spirituelle dispensée aux élèves à Saint-Louis de Gonzague (Paris) et une certaine forme de formation continue destinée aux adultes de la communauté éducative. Ce que de manière traditionnelle, on appelait autrefois dans les collèges de la Compagnie : « école des parents », si non « école des adultes ». Le Centre culturel Franklin est ainsi un lieu de rencontres avec des personnalités uniques, un lieu de réflexion, un lieu d'échange et de débats.

Publications

 

51 Revue Rapport 03  Sexe-du-genre-Lp-55.jpg  Van-Thuan-revue-_-en-espagnol.png

 

- « Devoir des parents, bien de l'enfant », Francis Mouhot, Éduquer, est-ce encore possible ?, Les Idées, Revue Liberté politique, n° 60, (juin-juillet 2013), p. 157-158.

« Le Jésus de l’Histoire », À propos de Jean-Christian Petitfils, Jésus, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°56, Privat (mars 2012), p. 195-201.

- « La bataille du dimanche continue », Revue Liberté politique, IIIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 55  (décembre 2011), p. 115-119.

- « Lumière du pape », À propos de Lumière du monde, Questions disputées, Revue Liberté politique, n° 52, Privat (mars 2011), p. 155-161.

- « Le cas de l'année : la bataille du dimanche en France et en Europe  », Revue Liberté politique, IIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 50 (septembre 2010), p. 75-84.

- « La Battaglia sulla domenica in Francia », Rapporti dal Mondo, Osservatorio internazionale cardinale Van Thuan sulla dottrina sociale della chiesa, Bollettino di Dottrina sociale della Chiesa , (Anno VI 2010, numero 3, luglio-settembr), p. 87.  

  - « Le dimanche, un droit historique », À propos de Daniel Perron, Histoire du repos dominical, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°50, Privat (septembre 2010), p. 185-190.

 - « Une truculente défense du pape », À propos de Gaspard-Marie Janvier, Minutes pontificales sur le préservatif, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 49, Privat (juin 2010), p. 161-164.

- « Le dimanche, jour cardinal », Communication à la table ronde du 6 octobre 2009 "Vivement dimanche !" au Centre culturel de Franklin, Revue Liberté politique, n°. 47, Privat (décembre 2009), p. 23-31.

- « Voyage au cœur de la psychothérapie », À propos de Francis Mouhot, Le Moi et l’esprit, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 46, Privat (septembre 2009), p. 143-152.

- « Pourquoi le dimanche ? », Dossier "A Dieu, le dimanche ! Appel à la résistance des chrétiens", Revue Liberté politique, n°. 44, Privat (mars 2009), p. 107-116.

- « Benoît XVI le bâtisseur », À propos de George Weigel, Le Choix de la vérité, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 43, Privat (décembre 2008), p. 181-185.

- « Lâcher prise ou abandon spirituel », À propos de Robert Scholtus, Faut-il lâcher prise : splendeurs et misères de l’abandon spirituel, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat, (septembre 2008), p. 167-174.

- « Retrouver les chemins de l’être », Dossier Fides et Ratio 2008-1998, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat (septembre 2008), p. 153-163.

- « Les métamorphoses de Jésus ou la tentation de l’expérience directe », À propos de Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 41, Privat( juin 2008), p. 235-244.

- « Et le blog devint fléau », Éducation : questions qui fâchent, Revue Liberté politique, n°. 40, Privat (mars 2008), p. 147-157.

- « Conversion ou initiation : le presque de la foi », À propos de Jean-Claude Guillebaud, Comment je suis redevenu chrétien, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 38, Privat (septembre 2007), p. 125-131.

- « Relire La Pensée captive », À propos de Cesław Miłosz, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 32, Privat, (janvier-février 2006) p.129-141.

À lire absolument !

danielperron.png

Daniel Perron, Histoire du repos dominical (L'Harmattan, 2010).

 

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Gaspard-Marie Janvier, Le Dernier dimanche (Mille-et-une-nuits, 2009, Prix Mottard 2009). 

 

Froger2

Jean-François Froger, Le Maître du Shabbat (Editions Grégoriennes, 2009)

 

Gourrier2.png

Patrick Gourrier, Le dimanche, c'est sacré ! (Letheillieux, 2009)

 

fauquier.png

Michel Fauquier, Lettre ouverte du dernier des Français au premier des Français, (Tempora, 2009)

 

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Carte trvail dominical 
Dimanche

Fonctions sociales d'un jour à part

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Vidéos créées pour ce blog.

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Dimanche

 

 

 

À Dieu, le dimanche !

H. Bodenez

 

A Dieu le dimanche !

Mis en danger par la proposition de loi Mallié, le dimanche est moribond en France. Ce livre voudrait lancer un appel à la résistance des chrétiens. L'argument religieux n'étant pas le plus développé dans un débat essentiellement politique et social, Hélène Bodenez voudrait que ne soit pas minimisé le regard de foi de la vision théologique et de la vision mystique. Admettons-le : le dimanche s'est vidé depuis longtemps de son sens originel. Pourtant, si le culte du dimanche suppose bien la foi intérieure des chrétiens, il n'en est pas moins un rituel extérieur et collectif. En en retrouvant la voie, les chrétiens pourraient participer à la mission de la France dans l'Église.   Acheter à La Procure

Logo-Adverbum-2-copie-1.pngLogo-EG.png  

 

Joseph Thouvenel a lu  À Dieu, le dimanche ! Ed. grégoriennes) Chronique Economie et société sur Radio Notre-Dame, 12 décembre 2010.

 

 

Faut-il faciliter le travail le dimanche ?

 

KTO

    

Pourquoi le dimanche est-il un jour chômé ?

 

 

 

L'écho des dimanches

Duo Zucchero - Fiori, paroles françaises de J.-J. Goldman, (Chocabeck, 2010).

"Dans mon village, j'ai vu le temps se poser..."