Le blog d'Hélène Bodenez 

 

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5 octobre 2006 4 05 /10 /octobre /2006 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

Qu'on se souvienne : au lendemain de la fatwa lancée contre l'auteur des Versets sataniques, une grande manifestation de soutien à Paris avait vu fleurir des pancartes bien significatives au pays de la liberté d'expression : Au secours, Voltaire ! De Gaulle, en son temps n'avait pas moins bien réagi quand, à la droite qui réclamait la tête de Sartre en pleine affaire algérienne, il avait magistralement répondu : On ne met pas Voltaire à la Bastille ! Un spécialiste du défenseur de Calas rappelait avec pertinence dans l'Affaire Voltaire, documentaire-fiction diffusé par Arte il y a quelques années, que si Voltaire avait été inquiété, bastonné, exilé, s'il avait subi toutes sortes d'avanies, jamais pourtant on n'avait cherché à le tuer.

 

En France, il reste donc dangereux — et c'est une chance — de bâillonner le droit de penser. Qu'on se le tienne pour dit. Nos politiques, phagocytés dans une peur mauvaise conseillère, auraient tort de vouloir faire la politique de l'autruche en agitant la muleta du droit de réserve pour les fonctionnaires : Un fonctionnaire doit se montrer prudent et modéré en toutes circonstances rappelle le ministre de tutelle de Robert Redeker. Ils ont bien tort, dis-je, car leur base tient de manière viscérale à la liberté de penser. Cela vient de loin. C'est fondé. C'est une question de conscience.

 

L'Affaire Redeker, ou l'illustration de la thèse de l'islamisation de la société

 

Affaire Voltaire, Affaire Redeker, autre temps, autres mœurs. Qu'en est-il ? Superposition de deux prises de paroles jugées à haut risque. Celle du pape, à Ratisbonne, celle d'un philosophe, disqualifiant une pensée unique et ayant pour unique choix, dans la tribune dite libre du Figaro, d'opter pour un discours fort, voire en certaines lignes, provocant. Cela dit, dépêchons-nous de rire, avant d'être obligés de pleurer ! Figaro n'en reviendrait pas, au pays des Lumières, de constater que le journal, portant nom de l'insolent barbier, tourne casaque pour s'excuser lamentablement dans un des seuls buts de récupérer, entre autres, les marchés tunisien et égyptien, mis en péril par la censure d'un jour. Bien sûr, les tenants de l'ordre public et de la paix sociale rétorqueront qu'il en va d'intérêts supérieurs. Mais à partir de quand jugera-t-on qu'il est temps de parler ? qu'il n'est plus temps de se taire ?

 

Ainsi Robert Redeker entre-t-il en terrain du politiquement incorrect et affirme-t-il que l'islamisation des esprits avance chaque jour davantage. Dans une comparaison osée mais étayée, il met en parallèle les agissements communistes de la Guerre froide et ceux de l'islamisme d'aujourd'hui, les réunissant dans un totalitarisme inhumain. L'œil du Coran veillerait désormais aussi efficacement que l'œil de Moscou, Hier la voix des pauvres prétendait venir de Moscou aujourd'hui elle viendrait de la Mecque.

 

Toute moralisation n'est pas islamisation

 

Seulement voilà, point de départ confus de la démonstration : le string interdit à Paris-Plage, alors que dans le même temps le voile ne l'est pas. L'exemple retenu pour illustrer en tout premier lieu l'islamisation à l'œuvre reste pour le moins surprenant. Cette toute première partie de l'article de mon collègue philosophe ne laisse pas de poser quelques questions. Y a-t-il vraiment dans l'interdiction du string, islamisation ? Rien de plus contestable. Toute moralisation de la société ne peut être réduite à une islamisation. Navrant même de placer si bas notre chère liberté. Que les islamistes voient dans cette exhibition malsaine le signe d'une pornographie dégradante et décadente, on n'a pas de mal à le comprendre, mais ce n'est pas proprement islamiste de penser que le string ne révèle pas vraiment la dignité de la femme. L'article part donc sur de mauvaises bases, affaiblit le raisonnement, et met le feu aux poudres. Mais enfin, cette première partie passée, la force de la démonstration l'emporte, la cohérence du reste de l'article fait mouche.

 

Il faut sauver Robert Redeker

 

D'en haut, on aura beau se rengorger et affirmer que l'islamisation des esprits, de la société, n'est pas !, force est de constater que la France de la vraie vie n'en vit pas moins le contraire. Cette France peut bien alors se féliciter, au lieu de prendre peur, d'avoir encore en son sein des hommes de parole comme Robert Redeker : l'effort de penser, d'analyser la chronique des jours, n'est pas encore mis sous le boisseau. L'on en vient même à être satisfait que le Figaro, dans son premier mouvement, ait hautement honoré la liberté d'expression. Tant pis pour les pragmatiques et les tolérants de tout poil qui haussent les sourcils, avec une moue de compromission insupportable.

 

Il faut sauver Robert Redeker des griffes du fanatisme, cette maladie convulsive, cette fièvre que Régis Debray dans le Feu sacré nomme poussée théocratique. On ne le voit que trop, l'adaptation immunitaire que ce dernier proposait alors, le bouclier laïque ne fonctionne pas en l'espèce, on ne le voit que trop.

 

Si le fanatisme islamiste est un totalitarisme, il ne pourra être éradiqué que par les forces d'un nouvel humanisme, celui fondé sur le respect de la personne humaine, de toute la personne humaine. Qu'on ne se méprenne pas : alors, même Voltaire, surtout Voltaire, ne suffira pas à trouver de réponse efficace. On ne pourra pas faire l'économie d'une raison rénovée, raison irriguée par une lumière nouvelle qui nous ferait passer de l'âge des Lumières avec tout ce que peut contenir ce pluriel, à l'âge de la lumière.

 

* Hélène Bodenez est professeur de lettres (Paris).

 

Pour en savoir plus :

> L'article de Robert Redeker qui a mis le feu aux poudres, Que doit faire le monde libre face à la menace islamiste ? sur Nicomaque, le blog philo de Damien Theillier, un professeur de philo, ami de l'auteur, collaborateur de Liberté politique.

> Aux enseignants, un texte de soutien à R. Redeker (pour le soutenir il suffira de s'inscrire à petitionRR@yahoogroupes.fret cela vaudra soutien)

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21 septembre 2006 4 21 /09 /septembre /2006 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

"Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups." Lors de la messe inaugurale de son pontificat en ce beau 24 avril 2005, Benoît XVI avait demandé aux fidèles, venus très nombreux lui accorder leur confiance, de le soutenir par leurs prières.

 

Avec beaucoup de joie et de ferveur, encore toute interdite par les événements si forts qu'avaient été la mort de Jean-Paul II et l'élection d'un pape allemand, la foule avait promis et adhéré à la supplique du serviteur des serviteurs. Nouveau "pasteur" ayant revêtu le pallium, Benoît XVI avait expliqué dans son homélie le sens symbolique des brebis dont il avait à paître le troupeau.

 

Le risque de ne plus se taire

 

Étrange pressentiment que cette métaphore des loups ! Le Christ lui-même ne l'avait-il pas utilisée dans une des paraboles les plus singulières de l'Évangile ? Elle prend aujourd'hui une épaisseur douloureuse avec la levée de bouclier de la presse et du monde islamiste étrangement alliés. Comment, devant ce qu'on est obligé de considérer comme un discours de "haut vol", comme un discours historique, peut-on en arriver à cette dose d'incompréhension ? et de surinterprétation ?

 

Au moment où l'on commence à admettre avec Luc Ferry [1], après André Malraux en 1956 déjà [2], que l'islam porte en lui des germes de totalitarisme, cet islamisme fanatique dont on a encore pleuré il y a peu les ravages américains, alors qu'on nous rebat les oreilles de la faute d'un Pie XII qui se serait tu sur les horreurs du nazisme, voilà qu'un pape, en Bon Pasteur, ose dire ce que beaucoup pensent, avec toute la force de la vérité, lui le "collaborateur de la vérité" et qu'on le hue [3]! Quelle injustice criante [4] ! Les loups sortent, et hurlent toujours avec les loups. Dans une sorte d'affectif anesthésiant et d'émotion ambiante malvenue, l'essai de comprendre, l'effort d'intelligence lumineuse faits par le pape sont poignardés...

 

L'écueil de l'"absolue transcendance" de Dieu

 

Reconnaissons-le, la vérité, glaive à double tranchant qui va au cœur des choses, n'est pas aimée. Pire, nous n'avons même plus la culture pour comprendre la hauteur de vue à laquelle nous emmène le pape.

Et pourtant, comme elle a été dite avec beauté et bienveillance cette vérité : qu'y a-t-il d'offensant et de faux à dire que l'islam enferme Dieu dans "une absolue transcendance" ? N'est-ce pas la foi basique de tout croyant musulman, et pas seulement celle d'un islamiste ?

 

Quand le fondement de toute la foi musulmane est la phrase : "Je ne crois pas qu'il y ait d'autre Dieu que Dieu seul", n'y a-t-il pas bien là profession de foi par une négation ? par une exclusion ? Cette profession de foi musulmane ne s'inscrit-elle pas bien contre la profession de foi chrétienne d'un Dieu un et trine à la fois ? Est-ce tellement faux de dire que les musulmans considèrent leurs aînés chrétiens comme "des idolâtres" en adorant précisément Dieu Trinité ?

Adoration soumission ou adoration d'union ?

 

Ne peut-on plus dire, sous peine d'être taxé d'intolérant ou de dogmatique, que de là, découlent effectivement deux visions opposées de l'adoration religieuse ? En effet, alors que l'adoration musulmane est soumission, la conception de l'adoration chrétienne est toute différente et liée à une Révélation progressive. À l'allégeance à un Dieu transcendant, que la créature veut bien faire légitimement et librement à son créateur, correspond dans la religion chrétienne, dans "un deuxième pas" une promesse d'union, une promesse d'amour, un "bouche à bouche" entre le créateur et la créature, une communion, dont Benoît XVI a parlé avec tant de poésie depuis longtemps. Cette communion-là est grande, elle est cette participation inouïe à la vie même de Dieu et Dieu y introduit gratuitement sa créature raisonnable. L'homme, miroir de Dieu, peut effectivement s'unir au bien et à la vérité.

 

C'était le message même que le pape était venu dire aux jeunes européens lors de son homélie finale à Marienfeld aux JMJ de Cologne : "Je trouve une très belle allusion à ce nouveau pas que la dernière Cène nous pousse à faire dans les différents sens que le mot "adoration" a en grec et en latin. Le mot grec est proskynesis. Il signifie le geste de la soumission, la reconnaissance de Dieu comme notre vraie mesure, dont nous acceptons de suivre la règle. Il signifie que liberté ne veut pas dire jouir de la vie, se croire absolument autonomes, mais s'orienter selon la mesure de la vérité et du bien, pour devenir de cette façon, nous aussi, vrais et bons. Cette attitude est nécessaire, même si, dans un premier temps, notre soif de liberté résiste à une telle perspective. Il ne sera possible de la faire totalement nôtre que dans le second pas que la dernière Cène nous entrouvre. Le mot latin pour adoration est ad-oratio – contact bouche à bouche, baiser, accolade et donc en définitive amour. La soumission devient union, parce que celui auquel nous nous soumettons est Amour. Ainsi la soumission prend un sens, parce qu'elle ne nous impose pas des choses étrangères, mais nous libère à partir du plus profond de notre être"... Cela, et on peut le dire tranquillement, est inconcevable dans la foi musulmane.

 

Ni fidéisme, ni rationalisme : pour une troisième voie de "l'ample raison"

 

Fort de tous ces présupposés, Benoît XVI met cependant moins en cause l'islam, et au fond son fidéisme, qu'une autre forme de pathologie de la raison dont l'Occident est désormais atteint et qui empêche tout dialogue entre les cultures.

Le dimanche précédent (10 septembre), du haut de ses soixante-dix-neuf ans, Benoît XVI l'avait déjà rappelé avec force, en secouant plus de deux cent cinquante mille Munichois : l'Occident était "sourd à Dieu", plus exactement "dur d'oreille" ! Affirmer cela, c'était reconnaître tristement que les pays originellement amis de la raison ont commis l'acte insensé de liquider Dieu. Aussi, pour Benoît XVI, le lent étiolement de cette raison même est-il bien entamé ! Elle ne participe plus de la lumière créatrice, ne se laisse plus rencontrer, irriguer, intimement. Il y a comme quelque chose de l'ordre de l'automutilation à prôner coûte que coûte une posture d'autonomie, un dégagement de tutelle, qui, en réalité, s'oppose à la raison même. Quelle déraison, de fait, que de refuser ce qui nous rend profondément raisonnable. Renvoyant donc dos à dos deux conceptions erronées de la raison, deux conceptions menant à des impasses, le pape en vient, par une démonstration subtile, à une troisième voie.

 

Benoît XVI, en réalité, appelle de ses vœux une confiance en une "large raison". Cela devrait lui attirer une infinie gratitude plutôt que des quolibets ou des demandes d'excuses. Mais, on le voit par la polémique déclenchée, cette "large raison" [5], fruit magnifique de la rencontre de l'esprit grec et d'un christianisme audacieux, christianisme de la communion, cette "large raison"est moribonde depuis la grande amputation historique de sa part divine.

 

Pourtant, si nous voulions laisser entrer Dieu, nous participerions en réalité au Logos, à cette raison créatrice qui se donne gratuitement, nous participerions à l'être même de Dieu, source de tout et ami des hommes. L'appel vibrant à un élargissement du concept de raison ne laisse pas de rappeler le conseil de Jean-Paul II au seuil du nouveau millénaire, celui d'"avancer en eaux profondes". Amplitude, largeur, profondeur de la raison... voilà ce sur quoi le pape nous demande de changer vraiment.

 

Acceptons la correction. Ne regimbons pas à ce que dit le Saint-Père, dans un discours brillant fait pour un parterre de savants et de scientifiques qui l'ont applaudi de manière très nourrie : oui notre raison est malade, elle se rétrécit gravement. Avec l'évidement de sa part essentielle, elle se meurt. Mais, entrons dans l'espérance, elle n'est pas encore morte ! Le Pape nous renvoie à notre responsabilité, à nous occidentaux, pour corriger ce qui rend difficile le dialogue avec les autres cultures, et l'islam est autant une culture qu'une religion. Cette correction passe par repositionner le divin à la source de la raison.

 

Ce débat regarde-t-il ceux qui ne croient pas en Dieu ? Le Pape répond en exprimant sa nostalgie d'une Université, où "le scepticisme le plus radical ne refusait pas de s'interroger sur Dieu en s'appuyant sur la raison". Attitude qualifiée de nécessaire et de raisonnable... Mais sommes-nous raisonnables ?

 

"Une raison qui est sourde au divin et repousse les religions dans le domaine des sous cultures est inapte au dialogue des cultures." Ce que dit le Pape à l'Europe, dans une "urgence cruciale", ne "se dérobant pas [6]" à sa tâche immense et lourde de veilleur, c'est que le miracle est encore possible : ephata !

 

*Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris)

 

Pour en savoir plus :

■ Notre dossier sur la Controverse de Ratisbonne

 

Notes

 

[1] "On a au fond quelque chose d'effrayant qui est, quasiment, l'équivalent de la montée du nazisme, peut-être même en pire, parce que plus nombreux, et avec les objectifs à peu près comparables..."RTL, mardi 7 février 2006.

[2] "Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l'islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine." Élisabeth de Miribel, transcription par sténo. Source : Institut Charles de Gaulle, cité par Valeurs actuelles n°3395.

[3] Le dernier argument en cours ces dernières heures c'est de dire que le pape n'était plus préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et qu'il aurait dû par conséquent être plus diplomate. C'est oublier qu'il a en tant que prêtre, comme tous les prêtres, les trois munera en partage : "Munus regendi", "Munus docendi", "Munus sanctificandi" - "charge de gouverner, charge d'enseigner, charge de sanctifier". L'enseignement, ce qu'il sait faire magistralement, est bien de son ressort. De plus l'Université de Rastibonne dans laquelle il donnait cette leçon était un lieu d'enseignement dogmatique. Étonnantes ces analyses qui prétendent exercer une sorte de magister du Magister !

[4]Ce vendredi 15 septembre, l'écrivain italien Umberto Eco a estimé sur France Inter qu'"à propos du discours du pape, on a joué le même jeu qu'avec les caricatures hollandaises. Un petit épisode est déformé pour déclencher un mouvement gouverné par des fondamentalistes. Le pape aurait pu énoncer le théorème de Pythagore, et il y aurait eu quelqu'un capable de démontrer que c'était une attaque raciste".

[5] Pour "l'élargissement de notre concept de raison et de son usage" - "Nicht Rücknahme, nicht negativ kritik ist gemeint, sondern um Ausweitung unseres Vernunftbegriffs und - gebrauchs geht es".

[6] Lecture du dimanche 17 septembre : "Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille et moi je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé", Isaïe, 50.

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Published by Hélène BODENEZ - dans ÉGLISE - RELIGION ET SPIRITUALITÉ
27 août 2006 7 27 /08 /août /2006 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

Le père Marie-Dominique Philippe o.p. est mort à Saint-Jodard (Loire), le 26 août, au petit matin.

Figure éminente de l'Église se renouvelant à la lumière du concile Vatican II, prêcheur inlassable, fidèle à l'ordre dominicain auquel il appartenait, fondateur il y a tout juste trente ans de la Communauté Saint-Jean, il venait de célébrer, à Ars, ses soixante-dix ans de sacerdoce, en présence du cardinal Franc Rodé [1] venu spécialement de Rome. Avec des centaines d'amis, nous nous étions alors retrouvés dans la joie d'un témoignage d'amitié et de reconnaissance filiale.

 

C'est en 1980 – je n'avais pas encore vingt ans – lors d'une retraite dans un Foyer de Charité, à Roquefort-Les-Pins, que j'ai rencontré pour la première fois ce théologien reconnu. C'était la Semaine sainte : je découvris alors avec étonnement et admiration une compréhension des mystères de la Passion comme jamais on ne me les avait expliqués. Le père Marie-Dominique Philippe me fit toucher, comme à tant d'autres, l'importance du disciple bien-aimé, le tout jeune Jean, uni à la Vierge Marie, fidèle au pied de la Croix, celui-là même qui a vu donner le coup de lance dans le cœur du Christ, d'où ont jailli le sang et l'eau, lui qui témoigne qu'ayant vu "il sait qu'il dit vrai". Toute la vie, entièrement donnée du père Philippe, fut de nous faire entrer "toujours plus loin" dans ce grand mystère. Nous avions à être des disciples "contemporains" du cœur blessé de l'Agneau.

 

Attentif aux plus pauvres, donnant son temps sans compter, le père Marie-Dominique Philippe est, sans conteste, en amont d'une immense œuvre. Il était farouchement attentif à l'enseignement de l'Église et particulièrement à l'enseignement lumineux et exigeant de saint Thomas d'Aquin qu'il connaissait parfaitement et qu'il enseignait avec autorité, c'est-à-dire avec la pédagogie d'un véritable maître.

 

Jean-Paul II fut, en particulier, un pape qu'il n'a cessé de commenter. La joie du père Philippe fut immense lors de la parution en 1998 de l'encyclique Fides et Ratio [2]. Théologien, le père Marie-Dominique n'en était pas moins docteur en philosophie, et cette encyclique majeure du pontificat, rappelant à point nommé l'alliance fondamentale de la foi et de l'intelligence, confirmait le père Marie-Dominique dans toutes les intuitions qu'il ne cessait de développer inlassablement depuis tant d'années.

 

Dans la Libellule ou ... le Haricot [3], les "Confessions sur le siècle", mémoires roboratifs, du Père Bro, o.p., j'aime relire, en ce temps de deuil, cet éloge sympathique :

 

"J'ai une dette de gratitude à l'égard [du père Marie-Dominique Philippe], il fut mon voisin de cellule lorsque j'enseignais dans le couvent d'études du Saulchoir. Son courage, sa ferveur religieuse, son amour de l'Église en ont fait certainement un des pionniers les plus typiques et féconds de la fin du XXe siècle[...]. Son livre Les Trois sagesses montre comment le regard d'un philosophe est rendu encore plus aigu par la pratique de la théologie et comment la théologie est rendue plus vraie par la sagesse mystique. La conjonction des trois sagesses est exprimée dans ces pages d'une manière exemplaire, et contagieuse. Que de fois, me suis-je dit intérieurement, "quel bonheur, il pense cela". J'ai beaucoup échangé avec le père Marie-Dominique Philippe lorsque pendant des années il était mon voisin de cellule au couvent d'études du Saulchoir, au moment où nous y étions tous les deux professeurs. Je me suis bien souvent confessé à lui. Il m'a inlassablement conseillé, avec magnanimité, pour ma thèse de doctorat ou pour tel cours plus difficile que j'avais à assurer le lendemain matin, ne ménageant jamais son temps. Cela me donne droit de mesurer l'étrange réaction de ceux qui s'en prennent à lui sans l'avoir parfois jamais rencontré. Je pense par exemple aux amalgames d'articles de journaux qui l'accusèrent en janvier 2001 d'introduire des sectes dans l'Église. Le père Marie-Dominique Philippe aura aidé les disciples de Thomas d'Aquin à comprendre que la philosophie et théologie de celui-ci ne se limitent pas à un envoûtement des propriétés de la "notion d'être", mais conduisent à une authentique intelligence de la personne. Le séjour de Karol Wojtyła à Fribourg, là où enseignait le père "Marie-Do" n'a pas été sans conséquences sur Jean-Paul II, ni leur amitié. Que veulent-ils ceux qui lui jettent la pierre ou le malmènent ? Peu lui importe à lui, il a déjà remis sa copie. Elle parle au cœur de l'Église." (p. 41-42).

 

Lors d'un séjour au Canada en 2004, j'ai pu mesurer à quel point le rayonnement du père Philippe dépassait les frontières françaises. Alors que je parlais de la jeune Communauté Saint-Jean à un prêtre qui réalisait une thèse ardue, alors qu'il me demandait qui en était le fondateur, à la réponse que je lui donnai, ses yeux s'illuminèrent et il s'exclama : "Ah, le grand spécialiste de la Vierge Marie !" On ne serait évidemment pas complet, si tant est qu'on puisse l'être, en ne disant pas très vite le grand amour que le père Marie-Dominique Philippe avait pour la Vierge Marie. C'était plus qu'une simple dévotion ou une piété surannée. C'était hautement théologal : la Mère de Jésus continuait d'avoir un rôle de premier plan dans ces "temps de l'Église qui sont les derniers".

 

Début juillet, à Saint-Jodard, lieu de formation des frères novices, j'ai assisté à la dernière session de philosophie du père Marie-Dominique Philippe. Bien qu'affaibli physiquement, son intelligence restait plus que jamais vive, son cœur jeune. M'a frappée alors, son insistance sur la Bonté. Comme le vieux saint Jean, le père Philippe continuait de creuser, "intelligence ouverte", l'essentiel : Dieu est amour, Dieu est bon. Et il s'attristait de voir que la Sagesse ne fût plus aimée.

 

"L'homme aux mille vocations", le deuxième "homme en blanc", entre autres, de toute une génération, ma génération, celle de Jean-Paul II, est entré dans le sein du Père. Comment être fidèle à son héritage ? Il est tellement immense.

Le Père Marie-Dominique Philippe sera enterré le samedi 2 septembre à 10h30. La messe de funérailles sera présidée par le cardinal Philippe Barbarin. Un premier samedi du mois, dédié traditionnellement au cœur douloureux et immaculé de Marie. À Lyon, en la primatiale Saint-Jean.

 

Message de condoléances du pape Benoît XVI

 

Le Saint-Père, informé du décès du père Marie-Dominique Philippe op, fondateur de la Famille Saint-Jean, a chargé le cardinal secrétaire d'État de faire parvenir en son nom au père Jean-Pierre-Marie, prieur général de la Congrégation Saint-Jean, le message de condoléances suivant :

 

Vatican 26 août 2006

"Père Jean-Pierre-Marie

prieur général de la Congrégation Saint-Jean

Informé du décès du père Marie-Dominique Philippe, le pape Benoît XVI s'unit dans la prière à tous ceux qui sont dans la peine, notamment aux proches du défunt ainsi qu'à la Famille Saint-Jean tout entière, dont il fut le fondateur.

Le Saint-Père demande au Seigneur d'accueillir dans son Royaume celui qui, durant de longues années, guida et forma de nombreuses personnes à l'école du Christ, dans l'esprit du "disciple bien-aimé", les enracinant dans un amour profond de l'Église et dans la fidélité au Successeur de Pierre. Sa Sainteté rend grâce pour la vie du père Marie-Dominique, entièrement donnée au Seigneur et à ses frères, enracinée dans la méditation de la Parole de Dieu, dans la recherche et dans la contemplation passionnée de la vérité.

Puisse son témoignage donner à tous ceux qu'il a guidés l'élan nécessaire afin que l'Évangile du Christ soit toujours annoncé, accueilli et vécu !

Vous confiant, ainsi que tous les membres de la Famille Saint-Jean et toutes les personnes qui participent aux obsèques du père Marie-Dominique, à la Vierge Marie, Reine des Apôtres, à saint Jean et à saint Dominique, le Saint-Père vous accorde à tous, en gage de réconfort, une particulière bénédiction apostolique.

Cardinal Angelo Sodano,

secrétaire d'État de Sa Sainteté."

...

Pour en savoir plus :

■ Le communiqué de la Congrégation Saint-Jean sur son site officiel

■ La biographie du père Philippe op.

[1] Mgr Franc Rodé est préfet de la Congrégation pour les Instituts religieux et les Sociétés de vie apostolique.

[2] "La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité", phrase liminaire de Fides et Ratio.

[3] Père Bernard Bro op, La Libellule ou ... le Haricot, "Confessions sur le siècle", Presses de la Renaissance, Paris, 2003.

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Published by Hélène BODENEZ - dans ÉGLISE - RELIGION ET SPIRITUALITÉ
19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

"Que vouliez-vous qu'ils fissent ...? / Qu'ils mourussent !" Grâce au cinéma, la réplique du vieil Horace, ici à peine transformée, empreinte d'idéal héroïque, retrouve aujourd'hui une bonne part de sa vérité surannée. En ce matin radieux du 11 septembre 2001, voilà pourtant l'alternative à laquelle les passagers du Vol 93 d'United Airlines se résolvent : mourir en combattant avant que la tragédie inaugurale du troisième millénaire ne fasse d'eux les jouets d'un destin implacable, mourir mais en essayant de sauver leur vie.

 

Paul Greengrass le réalisateur du film Vol 93 sorti ce 12 juillet s'est essayé à reconstruire minutieusement les heures noires d'un jour qui n'en finit plus. Entre documentaire et fiction, le spectateur est jeté dans un plausible saisissant. Si "le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable" comme l'affirme un maître incontestable en matière de tragédie (Boileau), vrai et vraisemblable à n'en pas douter se donnent ici une magistrale leçon, dans un moment d'exception incroyable. Il ne sera pas dit que ce funeste jour de septembre n'aura pas eu également sa face de gloire et de panache dans une brève contre-attaque de la dernière chance.

 

Chacun sait que, sur les quatre avions détournés, le quatrième n'atteindra jamais sa cible du Congrès. Les raisons de l'échec des terroristes sont multiples et complexes. L'introduction les annonce bien. Le film s'ouvre par les rituels musulmans auxquels les occidentaux sont familiarisés désormais : les futurs martyrs se doivent de réaliser prières, rasage du corps, purification par l'eau, de se revêtir d'habits particuliers ou de turbans... Tout un cérémonial d'une piété aux apparences dignes et ordinaires. Ne nous y trompons pas : nous sommes d'emblée introduits dans la logique des tueurs, celle de fanatiques religieux. Leurs prières montent ainsi pendant qu'étrangement la caméra surplombe alors de nuit la ville, plus haut que les gratte-ciel.

 

Qui voit cette ville, Babylone qui ne soupçonne pas le cauchemar à venir ? Qui entend ces prières insensées ? Ténébreuse vision d'un ciel dont on peut se demander s'il est vide ou plein, s'il est la demeure d'un dieu qui entend et pleure devant le mal qui va se réveiller ou d'un dieu qui se tait en le permettant.

 

Le chef des terroristes cependant ne paraît pas taillé tout d'une pièce. On ne sait s'il croit vraiment en ces formules jaculatoires qui émaillent son action. On le voit dans son élégant costume sombre, plus sensible, moins excité que les trois autres, jouant bien plus que le banal rôle de pirate de l'air d'un mauvais film catastrophe. Son regard, au travers de lunettes à la monture fine, semble souvent affolé. Comme la plupart des passagers, il voudra dire adieu à la personne qu'il aime. Il a attendu avant de lancer l'opération, résisté aux pressions de ses équipiers impatients d'en finir. Pourquoi ? Même ses complices ne comprennent pas cette temporisation d'une vingtaine de minutes qui leur sera fatale.

 

Tout a été à peu près dit sur les incompétences conjuguées des autorités américaines, qu'elles soient civiles ou militaires, sur l'incroyable manque de réaction face au péril en cours. Le film sur ce point est très parlant en ces passages glissant des tours de contrôle au QG des militaires. Particulièrement intéressantes, les scènes de l'écran vert des aiguilleurs du ciel ou des écrans sophistiqués de l'armée qui retranscrivent les détournements en train de se réaliser et les hommes incapables dans le même temps d'interpréter les faits. Du virtuel de l'écran à la réalité crue ne restera que l'hébétement fou des acteurs d'une sécurité impuissante ; de la disparition de l'avion, de ce "point" fragile s'effaçant d'un écran de contrôle, à la fumée des tours jumelles, explosera l'hyper réalité d'un événement qui se soldera par plus de trois mille morts. Qui aurait pu imaginer pareil attentat ? pareil scénario de roman à la Tom Clancy ? Personne de fait.

 

Le traumatisme est énorme : Spielberg dans ses deux films d'après le 11 septembre, La Guerre des mondes ou Munich "case " avec rage les rives de New York orphelines de leurs deux tours. Michael Moore dans Fahrenheit 9/11 avait quant à lui dénoncé également les dysfonctionnements qui avaient présidé à ce fatal jour. Ce dernier n'avait pas hésité à montrer la réaction inerte de George Bush en visite dans une maternelle à la nouvelle des attentats.

 

La fin hurlante du film dans l'assaut des hommes qui ont compris qu'il n'y avait qu'à y aller, est horrible et belle, dépourvue de tout esthétisme. La détermination n'est pas que dans un seul camp. Une volonté de survivre, une rage de vaincre, une énergie virile de guerrier prêt au sacrifice, voilà ce que portent les dernières minutes d'un film dont on sort groggy, minutes d'une action chargée de beaucoup de matière n'en déplaise à notre dramaturge spécialiste du vrai.

Silence dans la salle.

Sacrilège de manger des pops corn pendant ce temps-là !

 

*Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris).

■ La bande annonce du film (VF)

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Published by Hélène BODENEZ - dans CINÉMA - MEDIAS - THÉÂTRE - MUSIQUE - PHOTOS
29 août 2005 1 29 /08 /août /2005 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

Six mille six cent vingt-sept, c'est le nombre d'enfants trouvés que Vincent de Paul a sauvés, en son XVIIe siècle pourtant si décrié, "afin de réparer "pour l'honneur de Dieu" l'iniquité des hommes sur d'innocentes créatures" (1).

Trois cent cinquante et un, c'est le nombre aussi triste qu'infamant des fœtus et enfants mort-nés "trouvés" à Paris, en notre XXIe siècle hypermoderne, dans un hôpital qui par "ce scandale" prouve qu'il n'honore plus vraiment l'œuvre du saint dont il porte encore le nom (2).

 

Face à l'autre rive

 

Quand le spectre vient au milieu de la nuit harceler Hamlet au haut des murailles du royaume pourri du Danemark, il réclame un dû, le droit de n'être plus fantôme errant. Dans toute la littérature, l'errance de l'âme — liée à la croyance que, lorsque le corps meurt, tout ne meurt pas en l'homme, que son âme subsiste pour espérer atteindre les rives d'une contrée "d'où nul voyageur n'est revenu" (Hamlet) — a toujours été perçue comme souffrance, comme le tourment d'une âme en peine, d'une âme sans repos.

 

L'une des plus grandes œuvres de l'antiquité grecque, Antigone, fonde, bien avant le christianisme puisque nous sommes au Ve siècle avant Jésus-Christ, tout son argument sur cette conviction que le corps doit être enterré selon les rites. Nombre de textes latins emploient quant à eux l'adverbe "rite", enterré "selon les rites". Comme si l'âme ne pouvait se passer, pour trouver la paix, d'une décence légitime, de ces devoirs rendus au corps quand, dans le lit primitif de la terre-mère, on l'étend pour un sommeil bien mystérieux. Obéissant aux lois divines et naturelles plutôt qu'aux lois humaines d'un droit positif incarnées par Créon, Antigone encourra pour elle-même une mort affreuse, celle d'être emmurée vivante, pour avoir jeté quelques poignées de terre sur le corps exposé de son frère condamné à une mort impie. Elle mourra pour lui avoir donné enfin une symbolique sépulture.

 

Bien sûr, tout cela n'est que littérature et nul ne peut dire comment l'au-delà est fait. Ces mots dans leur beauté antique restent bien pauvres pour approcher en figures le passage énigmatique à un monde inconnu, perçu parfois comme angoissant. Mais l'homme sent bien depuis des temps immémoriaux que la frontière de la mort et de la vie lui échappe. L'art — la littérature en particulier — a su alors bien tutoyer "ces maudites questions essentielles".

 

"Pièces anatomiques" et "déchets humains"

 

Mais aujourd'hui foin du corps et de l'âme, de la personne humaine et de l'enfant à naître ! Pourquoi enterrer ce qui n'est pas né ? pourquoi le tombeau quand le premier berceau est refusé, pourquoi pas le plastique et le bocal quand le ventre expulse la chair martyrisée ?

 

Peut-on, en effet, parler dans cette affaire précise "des fœtus trouvés" d'êtres humains ? De quels corps parle-t-on ? "Pièces anatomiques", "déchets humains" (3) a-t-on entendu et lu au gré des informations télévisées ou données par une presse jasarde ou silencieuse, c'était selon. À la une des radios et de la télévision le premier soir, en entrefilet très vite dans un grand quotidien, la terrible information est étouffée, embarrasse et gêne. La bien-pensance, même en vacances, tord derechef le cou aux premières réactions naturelles d'horreur des naïfs, des crédules sensibles, mais à qui il reste encore des sentiments trop humains ; au ministre de la Santé par exemple (Xavier Bertrand, "énormément choqué"). Ainsi, il n'est pas jusqu'à ce jeune mais haut personnage d'État croyant au "devoir de transparence" qui ne soit phagocyté et bâillonné, marginalisé... La moderne science s'offusque que l'émotion l'emporte et qu'on ne sache raison garder, distance adopter, dans une situation si banale en réalité et qui ne justifierait évidemment pas un tel emballement médiatique ! "Dysfonctionnement", "errement"... simplifie-t-on à l'envi.

 

Le chiffre inhumain

 

Mais au beau milieu des excuses malhabiles, de l'anesthésie coupable des consciences, des reprises en main des rédactions, s'est élevée enfin, efficace dans sa vérité laconique, l'unique phrase de l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois : "On ne peut pas pratiquer 250 000 avortements par an et faire semblant de croire qu'il existe pour le fœtus un respect qui s'étendrait post mortem !" (Match du 11 août.) Évidemment ! Il fallait le dire. L'homme de Dieu lâche l'abominable chiffre d'un pays éclairé et civilisé qui se rit de son Moyen Âge barbare. L'homme de Dieu rappelle la réalité sacrée qu'on bafoue sur l'autel de la modernité et de la libération de la femme.

 

"Remember me"..., "Souviens-toi de moi"... La supplique du spectre peut continuer à retentir. Sentinelles de l'Invisible, nous peinons dans notre guet de l'aurore lointaine.

 

Avec sa lumière, viendront l'aveu de la faute, la conversion et la réparation. Car il faudra bien y arriver sous peine d'errance pour tous de plus en plus ombreuse. À la divine miséricorde, il faudra se livrer entièrement, et la laisser faire en toute justice. Il faudra bien le prendre, l'unique chemin salvateur de transfiguration après la défiguration.

Il est minuit, "Monsieur Vincent".

 

*Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris)

 

Photo :

Le Réveil de l'abandonné, Robert, 1894 (c) AP-HP.

 

Notes

(1) Cité par M. Leuret-Dupanloup, Le Cœur de saint Vincent de Paul 2e édition. Paris, Lethielleux. p. 151.

(2) Paris-Match du 11 au 17 août 2005, " Scandale à l'hôpital Saint-Vincent de Paul. Depuis 20 ans, l'Assistance publique a laissé en souffrance à la morgue 351 dépouilles. Glaciale explication : un dysfonctionnement ! " par François de Labarre.

(3) Le Figaro du 11 août 2005, Sciences et Santé, " L'Assistance publique rassure ", par Anne Jaouan, " Une situation qui tiendrait au statut du fœtus. A moins de 22 semaines, considéré comme un déchet humain, il peut en effet être incinéré sans que la famille soit sollicitée. "

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2 juin 2005 4 02 /06 /juin /2005 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

Il a fallu choisir. Balançant comme beaucoup de chrétiens, pour un oui ou pour un non décidément difficile à cerner, j'ai opté pour les indications que le hasard d'une situation voudrait bien me donner. À la "christophobie" européenne analysée par George Weigel dans Le Cube et la Cathédrale est venu répondre, tout droit surgi de mes souvenirs d'école, un vieux poème d'Hugo (1).

 

Dans une épopée du remords, passée à la postérité (La Conscience), Victor Hugo, nous fait suivre Caïn "fuyant de devant Jéhovah", et dans une vision hallucinée donne à cette figure biblique originelle une dimension mythique. On a véritablement sous les yeux, grâce à une mise en scène grandiose, toutes les tentatives du frère d'Abel pour se cacher de Dieu. Ne parvenant pas à échapper à sa conscience, il erre de la tente "aux murailles flottantes", à "la ville avec une citadelle", à "la tour de pierre", et parvient enfin à la "tombe", sous la terre. Cette fin, "L'œil était dans la tombe et regardait Caïn", que tant ont, sinon apprise par cœur du moins entendu citer, saisit le lecteur, sans ménagement aucun, en même temps qu'elle glace, dans une peine sans fin, le premier meurtrier de l'humanité.

 

Relisant ces vers usés d'une poétique Légende des siècles, je me suis immobilisée ; je reconsidérais sous un jour nouveau ce que Caïn avait gravé sur la porte de la haute ville et dans laquelle il prétendait jouir d'une autonomie absolue, échapper à la tutelle de l'œil omniprésent, omnipotent. L'expression dansait sous mes yeux, prenant un relief inattendu : "Sur la porte on grava / DÉFENSE À DIEU D'ENTRER".

 

Subitement, m'apparut plus clair que je vivais dans une société "livide" fuyant "échevelé[e]" la lumière, celle de ses origines chrétiennes et qu'il fallait bien me résigner, en cette veille de référendum, à qualifier cette société-là de "caïnique".

 

On pourra bien me reprocher une dramatisation énorme, me rétorquer que la mention des origines "religieuses" est bien là dans ce projet de Constitution tolérante, qu'au fond on ne pouvait pas mieux faire, qu'on n'a pas oublié ces origines chrétiennes tant appelées par ceux qui veulent qu'histoire, mémoire et identité continuent de s'embrasser ; il ne s'agirait, en réalité, moins d'un oubli que d'une "omission" (Mgr Tauran), intelligente forcément, parce qu'implicitement tout le monde l'admettrait et le saurait : les origines religieuses de l'Europe sont chrétiennes (2). On ne me convaincra pas avec ces implicites, arguties de casuiste expert.

 

Et je méditais, avant le vote, historique a-t-on répété, ces lignes lumineuses de notre nouveau pape à propos du tournant de l'époque moderne et l'analyse du délitement de "cette dimension spirituelle sans laquelle l'Europe n'aurait pu se former" :

 

"C'est absolument la première fois dans l'Histoire que, de façon triste, l'État se veut séculier, abandonnant, marginalisant le cautionnement divin, la réglementation divine du secteur politique, ce qui est considéré comme dépendant d'une vision mythologique du monde" (L'Europe, ses fondements, aujourd'hui et demain, 2005).

Et me revient également l'avertissement de Globalia (Gallimard, 2004), ce roman de Jean-Christophe Rufin, fable anticipant une mondialisation qui cache en réalité, avec ses heureux du monde, les conséquences d'un monde totalitaire excluant toujours davantage. Sous la bannière de ses deux cent cinquante étoiles, Globalia illustre la société idéale des droits de l'homme et des libertés individuelles, l'ensemble de l'humanité dans la seconde moitié du XXIe siècle. Une devise "LIBERTÉ, PROSPÉRITÉ, SÉCURITÉ" affiche les valeurs de ce monde global. On parle l'anglobal. "In Globe we trust" peut-on lire sous l'aigle symbole de cette "démocratie parfaite".

 

Alors c'est en conscience que j'ai voté en ce 29 mai, jour de la Fête-Dieu. En conscience, que j'ai glissé le bulletin de vote dans l'urne, sûre que lectures et prière m'aidaient dans un choix difficile quoique sans me donner automatiquement raison. En conscience, que j'ai répondu à la question, essayant de m'extraire des anathèmes, des pressions et des passions d'une campagne qui, n'en déplaise à notre président, est loin d'avoir été "exemplaire" (allocution du 26 mai). Pour que le cri d'Abel n'ait pas un jour à me hanter !

 

* Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris).

 

> Notes :

(1) Victor Hugo, La Légende des siècles, La Conscience : " Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes/ Echevelé, livide au milieu des tempêtes, / Caïn se fut enfui de devant Jéhovah... "

(2) Henri Tincq, Le Monde du 29 avril 2005 : " La Constitution se réfère, dès ses premiers mots, aux "héritages culturels, religieux et humanistes de l'Europe". L'omission de la référence au christianisme ne change rien au fait que les valeurs européennes, décrites dans le premier article du traité, ont été largement inspirées par la pensée chrétienne[...]. Valéry Giscard d'Estaing avait affirmé qu'il était "évident" que l'héritage évoqué renvoyait au christianisme, mais qu'il était impossible de le dire. Il aurait fallu citer les autres religions, "ce qui n'aurait pas été acceptable pour tous".

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5 mai 2005 4 05 /05 /mai /2005 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

Dans le flot des analyses qui submergent le fidèle croyant comme le non croyant, il est une idée qui revient lancinante et empoisonnée, celle que Karol Wojtyła, ayant aimé dans sa jeunesse le théâtre, aurait été en tant que pape un magnifique acteur, un splendide comédien. L'auteur de La Boutique de l'orfèvre, le meneur clandestin du Théâtre rhapsodique de Cracovie, n'aurait en réalité su qu'exploiter un don artistique génial et l'aurait utilisé pour imposer sa foi aussi robuste qu'inébranlable. Cette manière de voir la représentation de Jean-Paul II sur le " grand théâtre du monde"(1) ne me paraît pas juste.

Ces points de vue largement partagés, et en tout cas repris systématiquement dans une presse de la répétition, ne permettent pas d'entrer dans le génie propre de celui qui n'a fait de sa vie ni une esthétique, ni réalisé avec succès la mise en scène de sa vie. Celui qu'on nomme déjà Jean-Paul II " Le Grand " vivait du psaume qui chante : "Habite la Terre et reste fidèle" (Ps, 37-36).

La fabrique des émotions

Certes, chacun reste tributaire de la grande analyse de Diderot sur Le Paradoxe du comédien écrit en 1773. Le comédien est l'homme de la technique du dédoublement, technique vue comme instrument permettant de programmer en toute lucidité la fabrique des émotions : " C'est qu'avant de dire : “Zaïre, vous pleurez !” ou “Vous y serez ma fille”, l'acteur s'est longtemps écouté lui-même ; c'est qu'il écoute au moment où il vous trouble, et que son talent consiste non pas à sentir, comme vous le supposez, mais à rendre si scrupuleusement les signes extérieurs du sentiment que vous vous y trompiez." Dans ce texte majeur développant l'une des grandes théories de l'illusion théâtrale, ressort une idée originale concernant évidemment le jeu d'un personnage. Le comédien selon Diderot  « n’est pas le personnage, il le joue, et le joue si bien que vous le prenez pour tel : l’illusion n’est que pour vous ; il sait bien, lui, qu’il ne l’est pas. »

 

Appliquée au pape Jean-Paul II, cette conception a de quoi choquer, de même qu’est choquant tout amalgame entre liturgie et théâtre, toute confusion entre sermon et rhétorique ; la frontière est mince, il est vrai. On ne manquera pas de remarquer que les affirmations réitérées et vite relayées d’un Jean-Paul II  "bon acteur ", " bon chanteur " même, sont bien souvent associées aux thèses selon lesquelles les gestes et les images du pape ont été, certes, très forts, mais qu’au fond, il  aurait en réalité profond décalage entre l’image et le discours. La transmission du message ne serait pas bien passée.

 

Vicaire du Christ


Rien de plus faux. Rien de plus subversif également pour discréditer celui qui n’a eu aucun dédoublement, qui n’a jamais souscrit au mensonge théâtral, en tout cas pendant ces années où, ministre du Seigneur, de simple prêtre à pape, il a servi l’autel sans jamais faire alliance avec la scène, lui qui pourtant l’avait tant aimée. Reconnaître avec admiration le succès de Jean-Paul II dans les médias ne doit donc pas consister en un raccourci hâtif d’un homme habile de l’image et soucieux de communication, parce que l’homme évoluait tellement à l’aise sur les super stades des JMJ.

 

En fait, le succès du pape, et les jeunes ne s’y sont pas trompés, tient essentiellement à sa conformité, conformité au Christ vrai homme, que Jean-Paul II a vécue non pas comme une seconde peau mais comme une union profonde, une communion qui laissait une place de latence quasiment nulle entre son maître et lui. Tout le contraire précisément du Paradoxe !

 

Cette communication était telle que notre Vicaire du Christ(2) laissait voir ce Christ à travers lui mais d’une manière quasi substantielle et non pas dédoublée comme le fait légitimement le comédien à l’égard de son personnage. Pas de jeu, pas de stratégie, pas de construction en Jean-Paul II, pas de personnage mais une personne humaine traversée par le Christ, transformée par le Christ, et qui peut livrer à tous ceux et à toutes celles qui voudraient faire toujours plus aimer, sans le défigurer. Nous voilà arrivés à un autre niveau.

 

Spirituel évidemment, avec sa dose d’incompréhension et d’irréductible pour les « sages et les savants » que leur science aveugle.  Spirituel, lourd d’une évidence sûre pour les « tout-petits » (cf. Mt, 11, 25-26) habités par le sens de la Foi. Spirituel, parfaitement incarné, où les actes révèlent la foi, où l’être rayonne de Celui qui est Lumière et Amour.

 

In persona Christi


Aucune hypocrisie (du grec hupokrisis, « jeu de l’acteur », « faux-semblant ») donc, « ce vice à la mode » (3) décrit par Molière pour attaquer les faux dévots, ces hommes pseudo-religieux des actes sans la foi (Jn 2,18)

Jean-Paul II n’a porté aucun masque, ne s’est rehaussé d’aucun cothurne et s’est livré tel qu’en lui-même Dieu l’a voulu au monde assoiffé de vérité. Monde, et pas public. Le grand pape qui vient de nous quitter ne nous a pas invités seulement à des communions humaines et fraternelles, mais à une communion spirituelle, l’espace d’une pièce de sacré qui dure bien plus que le temps d’une représentation. Il a mis le feu aux cœurs qui vibraient à son témoignage, témoignage qui est allé jusqu’au bout, jusqu’au sang versé. Sang versé de celui qui n’a pas joué mais aimé en personne et en acte.

 

*Hélène Bodenez est professeur de lettres à Saint-Louis de Gonzague (Paris)

 

Notes

1. L’expression renvoie à une conception traditionnelle du monde vu comme théâtre , et qu’un Calderon, au Siècle d’or espagnol a particulièrement développée ; ainsi que Shakespeare d’ailleurs, à peu près à la même époque, dans u théâtre élisabéthain particulièrement riche.

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2 septembre 2004 4 02 /09 /septembre /2004 23:00

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Décryptage | Hélène Bodenez

En revenant de Lourdes, après avoir prié la Vierge avec le pape, la faiblesse est de se précipiter dans les kiosques. L'armada de photographes professionnels présents, et de journalistes forcément compétents dépêchés par les rédactions, annonçait une couverture à l'aune de l'événement vécu par des centaines de milliers de personnes. La horde des photographes, debout sur une estrade à la grotte, n'allait-elle pas jusqu'à empêcher de voir le pape s'y recueillir ? Mais en définitive, pourquoi tout cela ? pour quelles photos ?

 

Aucune dans Le Point (1). Pas même un article. Quant à L'Express (2), il s'oppose avec une semaine d'avance à Jean-Paul II lorsqu'il affirmera lors de son homélie du 15 août : " Les dogmes de l'Immaculée conception et de l'Assomption sont intimement liés. " L'hebdomadaire décide, en effet, que le pape de la semaine est Jacques Duquesne, l'auteur de Marie (Plon). À la faveur de l'événement marial à venir, il prépare le terrain pour son "livre intrépide et édifiant" ainsi que le dit avec tous, à son tour, Claude Imbert dans son éditorial. Un livre reçu seulement dans les rédactions, évidemment. Stratégie grossière !

 

Et quel mépris des lecteurs et de l'information ! Le n° 1666 du Point – numéro particulièrement mauvais – affiche en Une un titre éloquent : "Rentrée 2004 : Les nouveaux snobismes, Design, Loisirs, Beauté, Saveurs, Mode", et n'ose offrir du voyage de celui qu'on nomme déjà "Karol le Grand", que l'éditorial d'un athée peu tolérant à l'encre acrimonieuse. Ironie d'un sort grotesque que celle de trancher en faveur de l'éphémère, du superficiel et du superflu contre ce qui dure ! Il est des délabrements, spirituels et intellectuels, pire que "l'extinction des moyens physiques" – selon la formule de l'auteur (1) ! – aveuglements tragiques en tout cas, plus opiniâtres et plus effrayants encore lorsqu'ils viennent d'un esprit ramolli et d'une intelligence contaminée qui ne veut plus, ne peut plus être libre.

 

Tragiques toujours, quand le tout s'exhibe de manière ostentatoire, vendu à des milliers d'exemplaires à des lecteurs de plus en plus formatés. Franz-Olivier Giesbert, rédacteur en chef du Point, a-t-il donc trouvé juste qu'un événement de cette envergure ne soit même pas vu, soit passé purement et simplement sous silence ? Que douze pages d'objets "tendance" aient été réservées précisément la semaine de la venue de celui qui, malade, venait dire aux malades, et donc à tout homme de bonne volonté, ce que l'Évangile dit de la souffrance, quel usage surnaturel de la souffrance le christianisme propose, et ajouter au mensonge par omission volontaire l'ersatz théologique d'un pseudo exégète comme modèle, quelle manipulation ! Serait-ce cela notre belle laïcité ?

 

Les pages de l'émotion


Alors pourquoi pas Paris Match (3) ? Une fois de plus, l'hebdomadaire s'est trouvé à la hauteur sur les grands événements religieux, malgré sa vocation sensationnelle. Que ce soit l'éditorial d'Alain Genestar, ou les six pages de l'article de Caroline Pigozzi, vrai, documenté jusqu'aux détails hyperréalistes, l'événement est couvert. L'article révèle surtout la chose à voir lorsqu'on a des yeux : l'émotion. Émotion de compassion. Émotion de tendresse filiale. L'émotion a saisi également et, malgré elle, la journaliste, et en professionnelle du fait vrai, humaine, elle l'avoue, dans ses derniers paragraphes : car, oui, de l'émotion, il y en avait, à Lourdes, près du vicaire du Christ implorant la Vierge pour le monde. Nous avions tous, à la grotte de Massabielle, les larmes aux yeux, fidèles de base, jeunes et vieux, malades ou bien portants, prêtres et cardinaux. Mais qui a osé être assez libre pour le dire, pour en faire l'humble aveu, pour titrer "Les larmes du pape" ?

 

En mystique, on parle positivement du don des larmes... Mais ici, à cacher avec le reste ! Il y a décidément d'autres murs à faire tomber, le pape le sait plus que tout autre. Et nous, ingrats parce qu'aveugles, nous ne reconnaissons même pas tout ce que nous devons à cet homme-là -- pire, nous le nions ! Les numéros de Paris Match sur les questions religieuses, que ce soit sur les voyages du pape en France, notamment en 1980, ou sur l'historique et belle nomination de Mgr Lustiger à Paris, ou sur la mystique stigmatisée Marthe Robin, "sentinelle de l'Invisible" s'il en est, adoptent décidément le ton juste, avec certes leur mode propre. Là, l'image de ce septième voyage en terre de France, sur notre belle terre de Bigorre, la photo sur double page du regard suppliant de Jean-Paul II qui s'accroche à la Croix du Christ et que le photographe a su saisir, ne manque pas son objectif de vérité, la photo relaie l'indicible autant que l'essentiel.

 

Et pour en finir avec la mascarade, et pour ceux qui se laisseraient abuser avec Claude Imbert ou Claire Chartier par l'éloge pas vraiment catholique du livre de Duquesne, lire ou relire la critique du Figaro Littéraire écrit par un jeune dominicain... Le titre dit tout  : "Notre-Dame des Poncifs."

 

(1) L'éditorial de Claude Imbert, "Athènes et Lourdes", Le Point du 19 août 2004.

(2) Claire Chartier, "Et si c'était la première femme moderne ? Marie, Le livre choc de Jacques Duquesne, Relecture d'une histoire sainte à la lumière de la modernité", L'Express du 9-15 août 2004.

(3) L'éditorial d'Alain Genestar, "Le Pape et le biologiste", Caroline Pigozzi, "Jean-Paul II : l'annonce faite à Marie", Paris Match du 19-25 août 2004.

(4) Philippe Verdin, op., "Notre-Dame des Poncifs", Le Figaro littéraire, 12 août 2004.

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25 mars 2004 4 25 /03 /mars /2004 00:00

 

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Décryptage | Hélène Bodenez

La Passion du Christ de Mel Gibson arrive sur les écrans en France le 31 mars. Le film sortira simultanément dans 520 à 530 salles, a précisé Quinta Communications, la société de production de Tarak Ben Ammar, chargée de la distribution en France. Des représentants de l'Eglise catholique et de la Fédération protestante ont déjà découvert La Passion lors de projections organisées spécialement à leur intention, "selon les recommandations de Mel Gibson", a indiqué Michel Pascal, porte-parole de Quinta Communications. Le cardinal Lustiger n'a pas souhaité pour l'instant s'exprimer sur le film lui-même. Lors d'une émission spéciale diffusée mercredi 24 sur la chaîne catholique KTO, il s'est contenté de souligner les limites de la représentation cinématographique de la Passion, comparée au sens de la liturgie chrétienne. Selon l'AFP, la conférence épiscopale ne devrait pas avoir de position officielle. Dans l'hebdomadaire La Vie, le jésuite Paul Valadier s'est dit "atterré" par un film "obscène" (sic), "profondément antihumain et antichrétien". Le pasteur protestant Paulette Marquet a déclaré en revanche à l'AFP que "par rapport à d'autres films sur Jésus, celui-ci n'est pas indigne". Nous publions le témoignage et l'analyse d'un professeur de lettres, qui a vu le film au Québec, le 25 février dernier.

 

JE L'ATTENDAIS CE FILM. Deux séances uniquement à Saint-Jérôme en ce mercredi des Cendres : la première a fait salle comble à 18h45, des gens ont été refusés. La seconde, dont nous étions, sans être remplie comptait un nombre important de spectateurs pour un horaire tardif. Bon début, c'est certain. La facture américaine avec ses ficelles efficaces s'affiche d'emblée, mais pourquoi pas. Mel Gibson, le héros planétaire de l'Arme fatale, s'adresse avec la Passion du Christ à une jeune génération visuelle avide de sensations fortes, éprise d'occultisme, à qui la vision d'une mort en direct parlera peut-être.

 

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le film : d'abord le gros plan sur la pleine lune, déchiré par un cri strident et qui a l'air de nous introduire dans un film d'horreur fantastique plutôt qu'à Gethsémani ; ensuite la figure du tentateur et du serpent, symboles trop visualisés d'un assaut intérieur. En fait, tout ce qui aura trait à cette figure glauque de l'ange tentateur et qui revient plusieurs autres fois, avec Judas, puis lors de la flagellation, une fois encore lors du portement de croix m'a mise mal à l'aise. Après ce début un peu difficile, je suis bien restée dans le film. Ce que je comprends, et le réalisateur en fait un soubassement essentiel par delà les maladresses de représentation, c'est que Satan n'a pas désarmé une seule minute lors de la Passion et qu'il tentait Jésus au cœur même de son obéissance au Père.

 

Stabat Mater

 

Parallèle à cette figure du démon, la mère de Jésus tout le temps présente. Quel passage fort, ce travelling lors de la flagellation, du Chemin de croix, où l'on voit la figure tentatrice ne pas quitter le Christ dans la foule, et parallèlement, la Vierge Marie, comme en réponse, ne pas quitter non plus le Christ, son fils. De fait, Mel Gibson inscrit ces douze dernières heures de la vie de Jésus dans l'heure des ténèbres, celle de la lutte de Satan contre le Fils de l'homme. D'où la violence extrême, celle des autorités juives, des soldats bourreaux abrutis de bêtise, de vin et de cruauté. D'où le recueillement extrême de Marie, Marie-Madeleine et l'ahurissement de Jean. Après l'arrestation au Jardin des Oliviers le disciple bien-aimé va prévenir et chercher Marie, et de la nuit au cachot après la condamnation, à la flagellation horrible, enfin à la Croix, la mère de Jésus était là, cherche son fils et le trouve toujours. C'est la grande originalité du film et sa force, que cette Marie-là et dont la critique ignorante ne peut donc pas parler. Avec Marie-Madeleine, la Vierge recueille, éponge avec un linge immaculé le sang de la flagellation. Dans sa rencontre avec son fils lorsqu'il tombe pour la troisième fois, elle écoute ses paroles dites du plus profond de la souffrance : " Voilà que je rends toute chose nouvelle. " Où que soit son fils, Marie est là : le passage le plus juste et le plus poignant est lorsque Jésus cloué à la Croix par terre, va être élevé de terre ; la caméra suit de même Marie qui affaissée d'abord au même niveau que son fils s'élève en même temps que lui pour finir debout au pied de la Croix dans une attitude infiniment digne. La Vierge des douleurs, Piéta simple, est représentée avec force et concourt à nous montrer le mystère de compassion et de médiation auquel elle est associée.

 

J'ai vu un Christ aux outrages

 

J'ai vu un Christ aux outrages, loin de toute mièvrerie sulpicienne, c'est certain ! L'horreur est de toutes les images, sans complaisance ; les détails hyperréalistes ne nous sont pas épargnés. Les supplices durent, les techniques de gros plans et les ralentis dramatisent à l'excès, soutenus par une musique obsédante : les clous s'enfonçant dans la chair de Jésus, le sang coulant, le fouet s'accrochant dans la chair, la flagellation des deux côtés du corps, la croix retournée, l'étirement de la Droite du Christ, symbole de la Miséricorde, et bien d'autres éléments de souffrance extrême, sont volontairement surlignés et l'objet d'images très travaillées. À l'évidence, le réalisateur cherche une vérité qui secoue la torpeur des chrétiens d'abord, de tous les hommes ensuite, une vérité qui provoque un électrochoc. Film américain du XXIe siècle ! Les moments de violence totale sont balancés par des flashs-back, sans doute trop rapides, extraits de la vie publique, des moments forts, empreints de douceur évangélique : enseignement aux disciples bien sûr, avec notamment le passage essentiel de l'amour des ennemis, mais aussi l'épisode de la femme adultère, les Rameaux, l'annonce du reniement de Pierre, le lavement des pieds, la Cène.

 

Je me demande qui peut comprendre ces passages très allusifs, s'ils s'adressent à une génération ignorant tout des Évangiles. Gageons qu'elle voudra ouvrir ensuite le Livre saint pour comprendre par exemple à quoi renvoie la vision en flash back de Marie-Madeleine épongeant le sang de la flagellation ; retour sur la prostituée pardonnée voyant les pierres ramassées tomber, inutiles, pour la lapider, elle, la femme surprise en flagrant délit d'adultère. La scène, là aussi, est rapide, parcellaire, donne à voir ce qu'a vu, Marie-Madeleine au niveau du sol, en rétréci, puisqu'elle était aux pieds de Jésus.

 

L'adaptation est toujours en deçà de l'œuvre

 

Les moments que je trouve parmi les plus réussis, révélateurs d'une vraie finesse de fond, c'est, entre autres, le reniement de Pierre. Pris dans une foule qui le harcèle et le violente, on le voit basculer de sa fidélité velléitaire à une peur qui grandit jusqu'aux trois " non ", jusqu'au regard échangé avec son Seigneur, jusqu'à ses larmes et sa fuite. L'épisode est rapide, dense, tellement vraisemblable. Très attachante la scène de Simon de Cyrène où ce grand gaillard désigné accepte, d'abord malgré lui, d'aider Jésus dans son calvaire, en affirmant : " Qu'on sache que je suis innocent de tout crime et que je porte la croix d'un condamné. " Magnifique figure, Simon termine le long parcours et quitte le Christ en pleurant comprenant qui est l'innocent. Très juste aussi, la mort de Jésus sur la croix traitée avec un certain art : le chant d'Isaïe est en acte et le regard du réalisateur, offre au spectateur le visage de Jésus, sous plusieurs angles, jamais repoussant, le visage de Jésus à aimer. Les striures de sang, les tuméfactions, tout concourt à l'amour de la croix que lui-même, Jésus, n'a cessé d'avoir dès le début de son portement. Discutable, voire grotesque à ce moment précis pour un esprit français, la larme qui tombe du ciel, de cet œil d'un Père qui se taisait jusque-là, larme par laquelle soudain remonte, effets spéciaux aidant, la figure du démon terrassé et qui rugit vaincu par le sacrifice ultime. J'ai aimé les langues choisies : l'araméen et le latin. Cela donne une beauté, une profondeur au film un beau contrepoint aux effets spéciaux souvent appuyés.

 

Deux déceptions : premièrement, la fin, où au sépulcre le spectateur assiste au suaire s'affaissant, se vidant du corps déposé. À côté du linge, le Christ de profil est assis, se lève, et l'on voit en dernière image sa main avec la marque du clou. Comme pour le spectacle de Robert Hossein, Jésus, La Résurrection, la victoire sur la mort paraît très ordinaire et banale. J'attendais une lumière, une transfiguration qui dans les deux cas n'est pas là. Là, étrangement, pas d'effets spéciaux. Deuxièmement, la figure de saint Jean, qui là comme dans d'autres œuvres artistiques paraît un peu dépassé, lui pourtant que les Écritures ont donné comme le bien-aimé et qu'on imagine autrement qu'à la traîne. Ce qui est certain, c'est que la vision théologique de Mel Gibson est juste, ni intégriste, ni antisémite. Il représente avec une culture qui est la sienne, celle de l'époque moderne dans laquelle il vit, la foi de l'Église ; sa vision insiste sur le Salut par la Croix. L'Incarnation, faudrait-il le rappeler, n'a de sens qu'en lien avec la Rédemption et la Résurrection. Il est certain que la place des enseignements du Christ, réduite à la portion congrue dans le film, n'aide pas à donner sens à tant de cruauté déchaînée sur le Juste, l'Oint du Seigneur. Le chrétien averti saura sans doute interpréter grâce aux retours en arrière, mais les autres, sauront-ils y voir autre chose qu'une violence gratuite ?

 

Je reste confiante cependant, sûre que l'Esprit-Saint envoyé aux quatre coins du monde par ce formidable media agira au-delà des limites des images, au-delà des limites inhérentes à toute adaptation d'œuvre littéraire au cinéma ; l'adaptation est toujours en deçà de l'œuvre : a fortiori celle de la Bible et de son mystère insondable. Je garde en mémoire cette discussion avec un ami juif qui, après un premier temps de discussion vive, et après une écoute vraie où je mettais en avant la culpabilité de chacun d'entre nous, le Salut du Christ voulu pour tous, a conclu en disant : " J'irai voir ce film par amitié pour vous et je vous promets que si l'on a fait du tort injustement à cet homme, je le reconnaîtrai. " J'ai aimé ce " on " qui, ce soir-là, commençait enfin à nous unir.

À Saint-Jérôme, Québec, Canada, le 25 février 2004.

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Published by Hélène BODENEZ - dans CINÉMA - MEDIAS - THÉÂTRE - MUSIQUE - PHOTOS

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"La Voix est libre", émission du 8 novembre 2010 animée par Anne Gavini. "Comment redonner sa place au dimanche". Débat avec Monseigneur Lagleize, évêque de Valence. Hélène Bodenez, professeur à Saint-Louis de Gonzague-Franklin, Monseigneur Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France. Par téléphone : Père Jacques Vignancour, curé de Saint Austremoine, à Issoires (Puy de Dome)

 


 

 

 

"Aujourd'hui l'Eglise", émission du 19 novembre 2008, animée par Elodie Chapelle. "Travail le dimanche : l'Eglise a son mot à dire" Débat  avec François Asselin et Hélène Bodenez.

 

 

 

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L'Association pour la Fondation de Service politique réunit des hommes et des femmes engagés dans la vie politique, économique et sociale. Elle est ouverte à tous ceux qui souhaitent participer à ses activités : colloques, conférences, universités, soirées-rencontres, campagnes de sensibilisation. De très nombreuses personnalités ont participé à ses travaux: chefs d'entreprise, cardinaux, universitaires, hommes politiques, journalistes.

14 juin 2011

The European Sunday Alliance is a network of national Sunday Alliances, trade unions, civil society organizations and religious communities committed to raise awareness of the unique value of synchronised free time for our European societies. Sunday and, more general, decent working hours, are the focus of our campaigns. In our Founding Statement, we draw attention to aspects of life/work-balance and social cohesion that depend on a vast majority of people to have their lawful free time at the same time.


Lancement de l'European Sunday Alliance, le 20 juin 2011 dont sont membres, entre autres, l'AFSP, la CFTC, le CAD.


 

CCF

Le centre culturel Franklin est inspiré par la tradition jésuite et permet de créer une synergie entre la formation intellectuelle, humaine et spirituelle dispensée aux élèves à Saint-Louis de Gonzague (Paris) et une certaine forme de formation continue destinée aux adultes de la communauté éducative. Ce que de manière traditionnelle, on appelait autrefois dans les collèges de la Compagnie : « école des parents », si non « école des adultes ». Le Centre culturel Franklin est ainsi un lieu de rencontres avec des personnalités uniques, un lieu de réflexion, un lieu d'échange et de débats.

Publications

 

51 Revue Rapport 03  Sexe-du-genre-Lp-55.jpg  Van-Thuan-revue-_-en-espagnol.png

 

- « Devoir des parents, bien de l'enfant », Francis Mouhot, Éduquer, est-ce encore possible ?, Les Idées, Revue Liberté politique, n° 60, (juin-juillet 2013), p. 157-158.

« Le Jésus de l’Histoire », À propos de Jean-Christian Petitfils, Jésus, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°56, Privat (mars 2012), p. 195-201.

- « La bataille du dimanche continue », Revue Liberté politique, IIIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 55  (décembre 2011), p. 115-119.

- « Lumière du pape », À propos de Lumière du monde, Questions disputées, Revue Liberté politique, n° 52, Privat (mars 2011), p. 155-161.

- « Le cas de l'année : la bataille du dimanche en France et en Europe  », Revue Liberté politique, IIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 50 (septembre 2010), p. 75-84.

- « La Battaglia sulla domenica in Francia », Rapporti dal Mondo, Osservatorio internazionale cardinale Van Thuan sulla dottrina sociale della chiesa, Bollettino di Dottrina sociale della Chiesa , (Anno VI 2010, numero 3, luglio-settembr), p. 87.  

  - « Le dimanche, un droit historique », À propos de Daniel Perron, Histoire du repos dominical, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°50, Privat (septembre 2010), p. 185-190.

 - « Une truculente défense du pape », À propos de Gaspard-Marie Janvier, Minutes pontificales sur le préservatif, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 49, Privat (juin 2010), p. 161-164.

- « Le dimanche, jour cardinal », Communication à la table ronde du 6 octobre 2009 "Vivement dimanche !" au Centre culturel de Franklin, Revue Liberté politique, n°. 47, Privat (décembre 2009), p. 23-31.

- « Voyage au cœur de la psychothérapie », À propos de Francis Mouhot, Le Moi et l’esprit, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 46, Privat (septembre 2009), p. 143-152.

- « Pourquoi le dimanche ? », Dossier "A Dieu, le dimanche ! Appel à la résistance des chrétiens", Revue Liberté politique, n°. 44, Privat (mars 2009), p. 107-116.

- « Benoît XVI le bâtisseur », À propos de George Weigel, Le Choix de la vérité, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 43, Privat (décembre 2008), p. 181-185.

- « Lâcher prise ou abandon spirituel », À propos de Robert Scholtus, Faut-il lâcher prise : splendeurs et misères de l’abandon spirituel, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat, (septembre 2008), p. 167-174.

- « Retrouver les chemins de l’être », Dossier Fides et Ratio 2008-1998, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat (septembre 2008), p. 153-163.

- « Les métamorphoses de Jésus ou la tentation de l’expérience directe », À propos de Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 41, Privat( juin 2008), p. 235-244.

- « Et le blog devint fléau », Éducation : questions qui fâchent, Revue Liberté politique, n°. 40, Privat (mars 2008), p. 147-157.

- « Conversion ou initiation : le presque de la foi », À propos de Jean-Claude Guillebaud, Comment je suis redevenu chrétien, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 38, Privat (septembre 2007), p. 125-131.

- « Relire La Pensée captive », À propos de Cesław Miłosz, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 32, Privat, (janvier-février 2006) p.129-141.

À lire absolument !

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Daniel Perron, Histoire du repos dominical (L'Harmattan, 2010).

 

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Gaspard-Marie Janvier, Le Dernier dimanche (Mille-et-une-nuits, 2009, Prix Mottard 2009). 

 

Froger2

Jean-François Froger, Le Maître du Shabbat (Editions Grégoriennes, 2009)

 

Gourrier2.png

Patrick Gourrier, Le dimanche, c'est sacré ! (Letheillieux, 2009)

 

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Michel Fauquier, Lettre ouverte du dernier des Français au premier des Français, (Tempora, 2009)

 

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Fonctions sociales d'un jour à part

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À Dieu, le dimanche !

H. Bodenez

 

A Dieu le dimanche !

Mis en danger par la proposition de loi Mallié, le dimanche est moribond en France. Ce livre voudrait lancer un appel à la résistance des chrétiens. L'argument religieux n'étant pas le plus développé dans un débat essentiellement politique et social, Hélène Bodenez voudrait que ne soit pas minimisé le regard de foi de la vision théologique et de la vision mystique. Admettons-le : le dimanche s'est vidé depuis longtemps de son sens originel. Pourtant, si le culte du dimanche suppose bien la foi intérieure des chrétiens, il n'en est pas moins un rituel extérieur et collectif. En en retrouvant la voie, les chrétiens pourraient participer à la mission de la France dans l'Église.   Acheter à La Procure

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Joseph Thouvenel a lu  À Dieu, le dimanche ! Ed. grégoriennes) Chronique Economie et société sur Radio Notre-Dame, 12 décembre 2010.

 

 

Faut-il faciliter le travail le dimanche ?

 

KTO

    

Pourquoi le dimanche est-il un jour chômé ?

 

 

 

L'écho des dimanches

Duo Zucchero - Fiori, paroles françaises de J.-J. Goldman, (Chocabeck, 2010).

"Dans mon village, j'ai vu le temps se poser..."