Le blog d'Hélène Bodenez 

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 10:23

  Paradoxes ! Tombé dans une sorte de "fiction", de "roman d'espionnage", Salman Rushdie n'en publie pas moins une autobiographie, mais l'intitulant étrangement d'un autre nom que le sien. Joseph Anton (Plon), c'est en effet un pseudonyme choisi en référence à deux grands écrivains, Joseph comme Joseph Conrad, Anton comme Anton Tchekhov. Emblème de sa honte, de sa peur, de son effacement forcé. Une première émission passionnante avait déjà commencé la promotion du livre ; c'était le 15 novembre sur France 5, à La Grande librairie. France Inter a pris le relais dans sa matinale très écoutée.

 

 

  Il serait sans doute grandement profitable que les élèves préparant les épreuves anticipées de français regardent cette émission et/ou écoutent l'interview de France Inter : la problématique du roman, au programme de 1re, y est abordée de manière simple et originale. Si Joseph Anton est en effet annoncé comme autobiographie, il demeure que Salman Rushdie entend donner aux lignes qu'il présente, lignes à la troisième personne, "l'amplitude du roman", affirmant néanmoins dans le même temps qu'il ne veut pas écrire de fiction ! La plasticité des genres qui prétendent à un vrai qui peut quelquefois n'être pas vraisemblable ne laisse pas de nous embrouiller. Riche enchevêtrement.

  À suivre... H.B.

 

 

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 21:11

"Il paraît que les romanciers français ont déserté le grand large et l'aventure." C'est ainsi que François Busnel commence la présentation de son émission La grande librairie (France 5) du 25 octobre dernier pour prouver exactement le contraire avec ses invités et notamment avec Gaspard-Marie Janvier pour Quel trésor ! (Fayard) Vidéo curseur à 34'... avec un épisode savoureux à goûter sur la fin de l'autofiction, la fin du "moi je" (curseur à 17'48) alors qu'Alexandre Jardin fait le malin, applaudissant, jouant l'Ancien assuré après l'intervention de Joël Dicker pour son roman La Vérité sur l'affaire Harry Quebert ! Busnel rebondit immédiatement en disant qu'il y a sur le plateau "trois nouveaux assez incroyables, qui essaient tous les trois à leur manière de réenchanter, de mettre une claque dans le vent et dans les voiles de ce navire encalminé qu'était la fiction française". Jolie métaphore ! Très bien réagi ! C'est ça un animateur ! H.B. 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 00:07

Prix-du-Style.pngStand FNAC

Neuf romans en lice. C'est le nombre des ouvrages sélectionnés dans la liste d'octobre 2012 pour le Prix du Style qui a vocation à récompenser, pour sa qualité stylistique, un livre écrit par un auteur vivant, d'expression francophone, paru dans l'année écoulée. Et toujours Quel trésor ! de Gaspard-Marie Janvier, également dans la course du Goncourt des Lycéens, et de l'Interallié.

 

Le Prix du Style 2012 sera remis le mardi 27 novembre 2012 au Palais du Luxembourg, salon Pourpre, 15 ter rue de Vaugirard, 75006, Paris, à partir de 19h. 

Première sélection d'octobre 2012

L’Assassin à la pomme verte, Christophe Carlier, éditions Serge Safran
Les Chagrins de l'Arsenal, Patrice Delbourg, éditions du Cherche-Midi
Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari, éditions Actes Sud
Avant la chute, Fabrice Humbert, éditions Le Passage
L’Averse, Fabienne Jacob, éditions Gallimard
Quel trésor !, Gaspard-Marie Janvier, éditions Fayard
Les Pays, Marie-Hélène Lafon, éditions Buchet-Chastel
La Recherche de la couleur, Jean-Marc Parisis, éditions Stock
L’entre-sort, Olivier Vanghent, éditions L’âge d’homme

 

Photo H.B.

Un stand de la FNAC Montparnasse.

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 19:38

 Erasme actes du colloque ALLE

Parution des Actes de la Journée  « Érasme, dans le XXIème siècle. Séductions d'une écriture », qui avait été organisée le 28 mai 2011 dans la salle des conférences du lycée Henri IV, à l'initiative de l'Association ALLE, le latin dans les littératures européennes. Cette journée se déroulait à l'occasion, d'une part de la célébration du cinquième centenaire de la publication de l'Éloge de la folie ; d'autre part de la première traduction complète, bilingue latin/français , des  « Adages ». 

 

Pour mémoire, Cécilia Suzzoni et Hubert Aupetit s'étaient associés il y a peu pour faire paraître un précédent ouvrage Sans le latin (Fayard/Mille-et-une nuits), collectif qui fait un véritable tabac. La revue de septembre d'Études en a donné également un très bon écho. H.B.

 

 

Éditions Kimé

De : SUZZONI Cécilia

Année : 2012
Nombre de pages : 124
Prix : 15 €

 

 

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 22:56

Prix-Goncourt-des-Lyceens-copie-1.pngIllustration-Critique-Eric-Chevillard--JeanFrancaois-Marti.png

Le site Culturebox met en ligne dix interviews des dix auteurs retenus dans la première liste du Prix Goncourt, les mêmes que ceux pour le Prix Goncourt des Lycéens qui fête sa vingt-cinquième édition. En attendant le 15 novembre que l'un de ces dix écrivains soit choisi par des élèves d'une cinquantaine de classes réparties dans toute la France, regardons cette vidéo de France Télévision où Gaspard-Marie Janvier dont nous avons parlé déjà sur ce blog présente son roman Quel trésor ! (Fayard). Rappelons que ce sont deux mille lecteurs juniors qui "participent à une expérience unique durant deux mois : ils rencontrent les auteurs, lisent leurs livres… et élisent leur Goncourt".

 

Photos :

Illustration Culturebox du Prix Goncourt des Lycéens, en partenanariat avec la FNAC et l'Éducation Nationale.

Illustration par Jean-François Martin de la critique d'Éric Chevillard, "Quel trésor !  D'une île l'autre", Le Monde du 21 septembre.


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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 15:45

La grande nouvelle de Celle qui pleure…
  Pamphlétaire fatigant converti en 1869, Léon Bloy avait rêvé après Paul Claudel « de déchiffrer tout le symbolisme de l’Histoire »[1]. Comme son maître l’abbé Tardif de Moidrey,  il en « était arrivé à se persuader que tous les actes humains de quelque nature qu’ils soient, concourent à la syntaxe infinie d’un livre insoupçonné et plein de mystères ». C’est ainsi que Bloy entreprend une « investigation théologique » du « fait » de La Salette survenu en  1946 à deux ans de la Révolution 1848[2] d’une France « juste-milieu » appelée par Guizot à s’enrichir, tandis que la Pologne est à feu et à sang, et que la Suisse traverse une guerre civile[3]. L’œuvre ne paraîtra qu’après sa mort et sera publiée en 1925. Les outrances verbales émaillent les pages mais donnent sens aux plus profondes et aux plus hautes méditations. Si le pourfendeur de l’impiété moderne a trouvé là matière à développer un génie aussi singulier que prophétique, c’est aussi le cœur broyé d’un fils qui s’exprime. 

Que s’est-il passé à La Salette ?

  Sans aucun doute un avertissement divin qui passe, comme le montrent souvent les Écriture, par une menace conditionnelle. L’affaire en réalité est objectivement relatée comme « un fait ». La date du 19 septembre 1846 est à elle seule tout un programme. Cette année-là « c’était le dernier jour des Quatre temps de Septembre, un samedi, aux premières vêpres de la fête de Notre-Dame des Sept douleurs ». Ce fait a pu même être considéré parfois comme « l’un des plus grands événements religieux de notre temps »[4]. Bloy le pense fermement : « la Très Sainte Vierge, Mère de Dieu, est descendue de la Droite du trône de Son fils pour s’entretenir sur la montagne de La Salette avec deux pauvres enfants »… et « conversa familièrement avec eux »[5]. Toute son étude reprend les simples paroles en français, mais aussi prononcées en patois, de la Vierge Marie aux pâtres :

« Elle leur parla de Son peuple qui périssait et de la pesanteur du bras de Son fils. Elle leur donna en peu de paroles, comme on rompt du pain à des indigents, toute l’essence des préceptes divins, accompagnée de magnifiques promesses si Son peuple obéissait, et soutenue d’épouvantables menaces si Son peuple n’obéissait pas. Ce fut un pacte de réconciliation entre la Dominatrice des Cieux et ces deux imperceptibles cailloux humains roulés sur le flanc de cette montagne inconnue, par lesquels l’Exaltatrice des humbles avait voulu que tous les superbes fussent représentés en ce jour. “ Faites-le passer à mon peuple. ” Telle fut sa dernière parole. »

 

  C’est aux mystères douloureux que correspond donc l’apparition de La Salette. On n’y voit pas le pied de Marie écraser la tête du serpent. D’abord assise la tête entre les mains, puis debout enseignant les enfants, enfin s’élevant dans le ciel, cette mère des douleurs pleure et les larmes qu’elle laisse couler ne touchent pas cette terre de Corps en Isère, larmes d’un « cœur glorifié » remontant vers le Ciel, larmes qui émeuvent au plus profond Léon Bloy.

 

« À La Salette Marie est seule, sans enfantement nouveau sans autre splendeur que l’éclat miraculeux de ses larmes et, comme Rachel, ne voulant ni ne pouvant être consolée parce que ses enfants sont menacés de n’être plus. »

 

    Léon Bloy s’insurge dans sa « paraphrase plus littéraire que théologique » que le message de la « Reine des Cieux pleurant comme une abandonnée dans ce repli du rocher » soit méprisé et que  

« les paroles descendues de Sa Bouche quasi divine qui prononça le fiat de l’Incarnation, ces paroles ineffablement maternelles, on ne les a[it] point enseignées... Quelques personnes savent  que la profanation du dimanche[6] et le Blasphème ont été spécialement condamnés par Elle. Mais le texte de ce Discours, de la plus inexprimable beauté, on ne le trouve dans aucune mémoire, ni dans aucune main ».

 

Quelles sont ces paroles ?


  Bloy les passe en revue par chapitre. Du « Avancez mes enfants n’ayez pas peur » au « Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle », la Reine du Ciel recommence le « testament de la Miséricorde ». L’apparition « peu prévue » et « encore moins désirée » n’est pas l’événement le plus considérable relaté dans le Moniteur Universel. On laissera le lecteur découvrir comment Bloy dans sa perspicace ironie met en parallèle les sujets dignes d’importance de la presse du jour. Les affirmations de la Vierge se poursuivent avec le fameux « avertissement du Bras » : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de Mon Fils » puis « Il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir », « Depuis le temps que je souffre pour vous autres ». Les interprétations de Bloy prises au plus profond de l’entrecroisement figuré et mystagogue des Écritures se suivent nourries, éclairées d’une Parole de Dieu connue et avalée tel le petit livre amer aux entrailles de l’Apocalypse.

 

  Suivent alors les brillants chapitres du parallélisme puissant des Sept Douleurs de la Vierge auxquelles la Vierge de La Salette renvoie et des sept fils torturés par Antiochus Epiphanès de la mère du « second livre des Maccabées qui ferme avec tant de grandeur l’Ancien testament », mère qui « consent par leur mort à être sept fois poignardée ».

 

  On le voit, l’essai de paraphrase de Bloy du « fait » de La Salette n’est pas issu d’un « christianisme exclusivement évangélique ». Il est « d’un caractère étrangement et splendidement biblique ». Léon Bloy a magnifiquement tenu à trouver ces « racines » de la foi des apôtres et des martyrs.

« Le Discours a la majesté formidable des promulgations de l’Exode ou du Lévitique, et en même temps la tendresse infinie des admonitions maternelles du livre de la Sagesse. Quant aux larmes, elles sont belles à décourager la poésie et à faire mourir l’imagination de l’homme… Elles ressemblent à ces douze perles de l’Apocalypse…Perles précieuses que l’homme de négoce achète au prix de tout ce qu’il possède… »  

H.B.

 

****

   

 

LÉON BLOY, LE SYMBOLISME DE L’APPARITION

EXTRAITS

 

       En général, les Paroles de Marie, à l'exception du Magnificat qui est la troisième, sont assez inaperçues. Le Testament de notre Mère paraît fermé et scellé de Sept Sceaux qui se nomment : l'orgueil, la frivolité, l'ignorance, la paresse, le mépris de la pénitence, l’horreur de la vie divine et... l’abus de la rhétorique. Pour­tant. L’Église nous dit que Marie est l’Épouse de l’Esprit-Saint. Cela seul devrait nous avertir qu’Elle n'a pu rien dire que de prodigieux en équation directe avec Son incomparable dignité. Si l'on veut bien considérer, d'une part, que tout porte sur Elle dans le plan de la Rédemption, que la promesse de Dieu ne regarde immédiatement qu’Elle seule et que le retard de quatre mille ans dans l'accomplissement de cette promesse n’a pas d’autre cause probable que l’allante édification spirituelle, par soixante-quinze générations de Saints, de cette Arche divine qui s’appelle l’Immaculée Conception et qui est le plus étonnant chef-d’œuvre de Dieu après l’Humanité sainte de Jésus-Christ ; si d’une autre part, on médite profondément sur ce mystère de la nécessité du libre consentement de la Sainte Vierge à l’Incarnation, nécessité aussi absolue que celle de la libre volonté de conseils de Dieu ; en d'autres termes, si, du même regard, on contemple Marie dans l’invincible nécessité de sa prédestination éternelle et dans l’incomparable plénitude de sa liberté, on aura quelque sentiment de l'inexprimable portée universelle de Ses paroles.  

Première partie, Chap. IV, pp.46-47

 

Les menaces de La Salette étaient conditionnelles comme la prophétie de Jonas avec cette différence terrible que dans les premières le Si est formel et que dans les secondes il n’est qu’implicite. La Mère de Dieu veut qu’on espère. Elle promet tout si on consent à se soumettre, sinon, Elle ne répond de rien et le malheur est qu’on ne s’est pas soumis. Les enfants, chargés de faire passer le Discours à un peuple si mal disposé, se sont ainsi trouvés nécessairement des prophètes de malheur et, par le fait, des thaumaturges de catastrophes. Ils portaient en eux une parole substantielle et efficace qui vaut le fer et le feu quand on la méprise et on l’a méprisée. Les paroles de l'Esprit-Saint consument infailliblement ce qu’ellesne purifient pas. Les témoins de l’Apparition ont répété ce discours des milliers de fois à qui a voulu l’entendre. C'est comme s’ils avaient étendu la Verge de Moïse. Les Chrétiens peuvent croire que tout ce que la France et l’Europe ont vu passer sur elles en fait de biens ou de maux, depuis trente-trois ans, a été réglé avec la plus stricte équité sur l’accueil bon ou mauvais que ce discours a rencontré. Il en vaut certes bien la peine, puisque c’est la Reine du monde qui a parlé et parlé « comme ayant la puissance ». Je disais plus haut cette chose, hardie en appa­rence, que, depuis la loi de grâce, Dieu ne parle plus aux hommes avec une autorité absolue et menaçante, mais, au contraire, avec une sorte de timidité suppliante et obséquieuse, comme si nous étions des princes vêtus de pourpre et de lin et qu’il fût le mendiant Lazare. Il semble qu'il ait tellement abandonné son sceptre que c'est la tendre Marie, la Mère du magnifique Amour, Celle que l’Église nomme notre Vie, notre Douceur, notre Espérance, et la cause de notre joie, qui vient aujourd'hui nous parler de la pénitence et nous apporter des menaces. En attendant la colère de l'Agneau, nous avons les paroles rigoureuses et le visage en pleurs de Sa Mère. Le front redoutable de Judith semble reparaître au fond du nimbe d'amour de l'Épouse aux yeux de colombe du Cantique des Cantiques. C’est comme le prélude des inversions de la fin et des étonnements inouïs de la Vallée de Josaphat. Il y a là de quoi faire pen­ser et de quoi faire trembler... 

 Le prophète du jugement dernier dit que le Soleil sera converti en ténèbres et  la lune en sang avant que vienne le grand jour du Seigneur, le jour horrible. Si l’on veut se souvenir que, dans l’Écriture, la lune est continuellement regardée par les plus doctes interprétateurs comme une figure de la Sainte-Vierge, ce texte devenu presque vulgaire, à force d'avoir été cité, va tout à coup s’enlever du terre à terre de la rhétorique et prendre une signification d’épouvante inattendue et grandiose. L’Église catholique chante que Marie est une « armée rangée en bataille, un habitacle terrible, une Judith invaincue, une Tour fortifiée et inexpugnable » ; elle emploie vingt autres expressions plus voisines de la colère de Dieu que de sa Miséricorde et qui font douter si cette Miséricorde que la nouvelle Ève est chargée de représenter ne finira pas un jour par rencontrer dans l’horreur infinie du péché ce voile de sang que le prophète voyait sur la face de la lune, au milieu des obscurcissements et des terreurs de la dernière heure du monde ! 

  Première partie, Chap. V, pp.64-66  

 

 

 


[1] Histoire chrétienne de la littérature, « L’esprit des lettres de l’Antiquité à nos jours » sous la direction de Jean Duchesne, Paris, Flammarion, 1996, p. 791.

[2] « Une abjecte révolution couvait sous le fumier des plus sordides prévarications politiques ». (p. 16)

[3] René Bourgeois, Le fait de La Salette 1846, Presses Universitaires de Grenoble, Collection Événements, 2006.

[4] Louis Bassette, Le Fait de La Salette, 1846-1854, Paris Éditions du cerf, 1955

[5] (p.13) 

[6] René Bourgeois note dans son essai à la page 59 que l’impiété croissante du Canton de Corps donne lieu à des plaintes des curés et des évêques, à des avertissements « adressés à ceux qui ne respectent pas le repos dominical pour rendre grâce à Dieu. Dès le moyen âge, de nombreuses fresques sont relatives au « Christ du dimanche », outragé par le peu de cas que font les artisans des commandements de l’Église. »  De fait, comme le mentionne Dominique Rigaux dans son essai  Le Christ du dimanche, Histoire d’une image, est « apparue dans la première moitié du XIVe siècle, la représentation du Christ agressé par les outils et instruments des activités défendues le dimanche et les jours de fête. [Elle] se diffuse majoritairement sur les murs des églises et des chapelles des régions alpines. Ces images constituent une histoire de péché, de pardon, d'obéissance et de résistance, mais aussi une histoire de travail et de repos, une histoire des fêtes caractérisant cette période. Si ces peintures murales n'appartiennent pas au grand art, elles captivent néanmoins par la force de leur composition, la richesse des trouvailles, l'habileté du montage et la puissance de l'expression. »

   

Bloy Symbolisme de l'apparition 

Léon Bloy, Le symbolisme de l’Apparition

À propos du « fait » de La Salette

Éditions Payot et Rivages, Poche/ Petite bibliothèque, Paris, 2008.

8 euros

219 pages.

 

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Article paru dans la revue Liberté politique n°44, revue des livres et des idées, mars 2009.

 

Photo : H.B. Vierge de La Salette, détail.



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Published by Hélène BODENEZ - dans LIVRES
17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 10:23

    Quel trésor !Dans une rentrée littéraire « glauque »[1], le roman d’aventure de Gaspard-Marie Janvier tient une place à part. Certains ont pu sans doute être étonnés, déçus, dépités même, que ce livre « outsider » soit retenu par le jury du Goncourt dans la première liste des douze romans qui compteront en 2012 pour l’obtention du Prix. Avoir été choisi ne relève pourtant d’aucun hasard. D’aucune erreur, d'aucune usurpation. Observons d'ailleurs que sa mise en valeur par l’Académie n’a rien enlevé de surcroît aux autres sorties de la rentrée littéraire puisque les dix membres du jury qui pouvaient en sélectionner davantage ne l’ont pas fait. Que la bataille entre éditeurs fasse rage et qu’une mauvaise critique soit plus relayée qu’une bonne, soit ! Mais, cela paraît bien étrange au regard de cette pépite qui veut célébrer « le trésor des romans ». Quel trésor ! (Fayard) a visiblement de bien grandes qualités à se faire pardonner ! Criantes même, à commencer par celles d’une immense culture qui ne se prend pas au sérieux, d’une écriture énergique qui vous pousse à tourner la page. Outre le bel enchantement que le romancier-poète fait surgir, l’œuvre est antidote à ce qui empoisonne aujourd’hui le livre, à ce qui contribue à le perdre inéluctablement. Complétons donc ici la note déjà publiée le 16 août.

 

  On n’écrit jamais qu’à l’intérieur de la littérature. L’assertion d’un de nos plus grands romanciers actuels s’applique parfaitement à Quel trésor !. Encore faut-il la connaître bien sûr cette littérature pour goûter le jeu dont s’amuse avec tant de bonheur et tant de légèreté l’humble romancier. On aurait bien sûr l’air cuistre ici si l’on parlait d’intertextualité. Mais engageons-nous tout de même dans cette voie. Rien que les noms des personnages donnent une idée du plaisir à l’œuvre. Si l’on ne connaît pas Stevenson, Conrad, Melville, Jules Verne et tant d'autres, si l’on a oublié L'Île mystérieuse, le mythe de la Toison d’or, il est sûr que l’épaisseur de certains personnages et leur remotivation échapperont, tels Alasdair avec sa pie Lady Franklin sur l’épaule ou encore les figures associées de Microft et de Penlost… La fin du premier livre vous interpelle « La suite, vous la connaissez… »  Vraiment ?

 

Et vogue la littérature !

 

  Surprenante invitation à lire et à aimer la littérature, toute la littérature, Quel trésor ! est une révélation optimiste, humaniste, révélation progressive, celle que « le crayon n’est pas perdu », que la force du numérique - le thème est tout en nuances, en filigrane - n’emportera pas les livres si tant est que l’on veuille continuer à raconter des histoires. Les trois moments du roman, les trois voix, augmentés d’une préface et d’une postface joueuses, allant du moins élaboré au plus élaboré, montrent s’il en était besoin que le travail d’organisation du romancier, pour majeur qu’il soit, doit être caché et humble.

 

  Oui, l’histoire est fragmentée, mais elle perd volontairement son lecteur, et cela fait partie du jeu. Comme dans toute course au trésor, c’est la fin qui donne sens à la course erratique, ici à l’énigmatique trésor. Le roman de Gaspard-Marie Janvier vous invite à cette course, à cette quête. Son livre est la carte perdue des trésors littéraires qui ont fait rêver tant et tant, d'un trésor humain surtout. C’est un plaisir de les chercher. Plaisir de lire perdu ? En tout cas, plaisir de tourner à nouveau la page, avidement, plaisir d’entrer dans l’épaisseur de la folle intrigue, plaisir de rêver en s’élevant dans les airs avec le pilote français Warluis. Qui voudra encore partir les chercher, ces trésors ? S’embarquer pour l’aventure ? Plus qu’on ne croit ! C’est certain… « Peut-être que tel se pense bien habile » qui ne verra dans Quel trésor ! qu'une œuvre éclectique, sans fil conducteur… M’est avis qu’il a perdu un bout du chemin ! H.B

 

EXTRAIT

Quel trésor !, Gaspard-Marie Janvier, Livre troisième « CUILIDH », Chap. XII, « Une gigue à faire guincher les allongés », Fayard, (pp. 341-342.).


« C’était comme s’approcher de la forge. Les McNeil s’étaient assis autour du cercueil et sur eux vacillait la flamme des bougies. Paupières closes, tête penchée, ils travaillaient leurs notes avec la précision d’un soudeur, pressant contre leur ventre une panse de brebis qu’ils gonflaient au coude avec un soufflet. Les biceps tressaillaient. Les mâchoires étaient tendues comme des tambours. Blair, coincé près de la fenêtre tenait entre ses doigts ronds une petite flûte dorée et n’avait pas l’air de respirer. La longue chevelure noire de Sorcià balançait sur son violon. Rank à ses côtés, raide comme un passe-lacet, faisait sautiller son archet. Un petit accordéon octogonal se tortillait sur les genoux de Bonie. Autour d’eux, sous eux, il n’y avait plus de caisses. Parti le trésor ! Ils jouaient tous, les yeux fermés, sans chef d’orchestre ni meneur ni maître. Et bien qu’ils fissent un raffut d’enfer, à les voir, on eût dit que chacun n’émettait qu’un murmure du cœur. »



Addendum (23 septembre)
Voir chroniques

"De la belle ouvrage, en somme, ni trop révérencieuse ni trop parodique, dont la langue nous gratifie aussi sans lésiner de trouvailles sonnantes et trébuchantes..." 

"Gaspard-Marie Janvier fait pivoter le roman vers ce qu'il a de plus neuf..."

"Les rêves de papier valent souvent bien plus que les trésors réels..."


[1] Adjectif entendu sur une radio et employé par un critique littéraire.

 

 


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Published by Hélène BODENEZ - dans LIVRES
5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 19:40

Rentrée littéraire 2012

    La première liste des romans en lice pour le Prix Goncourt vient de sortir ce mardi 4 septembre. Sur les six cent quarante-six fictions d’une rentrée littéraire foisonnante, douze ont émergé, dont Quel trésor ! de Gaspard-Marie Janvier, (Prix Mottart 2009 pour Le dernier dimanche). Ainsi le site de l'Académie Goncourt mentionne-t-il les noms suivants, par ordre alphabétique :

L'enfant grec, de Vassilis Alexakis (Stock)

Partages, de Gwenaëlle Aubry (Mercure de France)

Ils désertent, de Thierry Beinstingel (Fayard)

Orchidée fixe, de Serge Bramly (JC Lattes)

Peste & choléra, de Patrick Deville (Seuil)

La vérité sur l'affaire Harry Québert, de Joël Dicker (Fallois)

Rue des voleurs, de Mathias Enard (Actes Sud)

Le sermon sur la chute de Rome, de Jérôme Ferrari (Actes Sud)

Quel trésor !, de Gaspard-Marie Janvier (Fayard)

Lame de fond, de Linda Lê (Bourgois)

Le terroriste noir, de Tierno Monenembo (Seuil)

Comme une bête, de Joy Sorman (Gallimard)

   Le 30 octobre sera annoncée la deuxième sélection des romans en vue du Prix qui sera décerné le 7 novembre. H.B.

 

Photo : H.B.

Pour mémoire : Quel trésor ! de Gaspard-Marie Janvier ? le bel enchantement …

 

Addendum (10 septembre) Gaspard-Marie Janvier vous présente Quel trésor ! aux éditions Fayard.

 


 

 

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Published by Hélène BODENEZ - dans LIVRES
16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 01:48

 

Quel trésor !

Le vent souffle sur le livre un air qui chante et nous enchante. Paru chez Fayard, le nouveau roman de Gaspard-Marie Janvier, Quel trésor !, hisse haut les voiles du plaisir de lire, borde à chaque ligne ses phrases énergiques qui vous lancent heureux vers la facétie finale. Le vigoureux point d’exclamation du titre avait tout de suite bien secoué, lancé comme un assaut. Ils auront sans doute quelque mal cette fois-ci, nos critiques, à rendre compte de cet événement de rentrée littéraire, sans tout lire, sans lire jusqu’au bout, sans même relire ! Car la nouvelle fiction de notre aventurier de romans ne s’éclaire vraiment que par la fin, faisant scintiller un sens simple et risqué. La lecture devient navigation. Voici que le livre s’est fait carte et trésor à la fois, carte faisant rêver « plus qu’un sonnet ».

 

 Le pari de ce livre ? de ces livres ? de cette mémoire foisonnante ? Ressusciter le grand trésor des romans qui fendait crânement la mer d’un certain plaisir culturel. Les Long John Silver de L’Île au trésor, Robinson de Robinson Crusoé, père Mapple de Moby Dick bien sûr, mais peut-être aussi personnages des nouvelles comme celle magistrale de Stevenson Les Gais-Lurons  [1] et ... tous les autres ! En cela, la faillite de la maison d’édition en ouverture du roman semble tout un symbole. Le père enterré, le fils-narrateur ne devait-il pas vivre le changement d’ère imposé ? rien moins que la mort du livre et de la couleur des mots ? Y aurait-il là comme une fin de voyage annoncée pour les romans ? Non, pas de panique, les ris de résistance aux forts vents contraires sont pris. L’imagination gonfle à nouveau la grand-voile. Avec pintes de bière pour cordial. Ale d’or si possible. Dive bouteille et vent, on le sait depuis des temps immémoriaux, fortifient l’inspiration. Pas si terrible alors le naufrage annoncé puisqu’une riche épave flotte encore, grosse de tant d’aventures, où l’art du récit atteint des sommets de poésie.

 

 Tout relate, tout rutile d’histoires dans Quel trésor ! Les personnages bien sûr, parlent, racontent, certains dans une langue rauque, rude, concrète, sans vous « prendre le chou ». Le phare épique de Skerig semble dire. La pluie fait entendre ses voix, racontant légendes, chantant mélopées cadencées. Pas d’auteur [2], seulement un traducteur, porte-plume d'un « monteur de paraboles », aède pittoresque nommé McGriogair [3] dont la « capacité à affabuler », à faire « gober » des histoires, « histoires à faire dormir au placard » le rend éminemment humain. « La vie n’est pas si drôle qu’il faille s’en tenir au discours des faits. Un peu de mousse, une dose d’humour, quelques images, la voilà soudain beaucoup plus acceptable, pour tout dire, attrayante ».

 

 Trois grands moments structurent la fiction, chacun composé fort différemment. Ils font entendre les voix de l’imagination au travail, un « je » polymorphe, celui de Blair, de McGriogair, d’un certain Gaspard. « Ruses narratives » comme celles de Stevenson ? En tout cas, angles de vue différents, contradictoires parfois, en vue d’une même révélation qu’il faut taire ici pour ne pas gâcher le plaisir. Multiplicité de narrateurs dans la narration principale, présentant, brouillant, oubliant, déformant, métamorphosant, annonçant la suite en prolepses, remontées d’histoires et intrusions, toutes plus ludiques qu’omniscientes. Le lecteur avait peut-être oublié cette façon de se laisser « blouser » par un récit, « d’être pris dans les mailles d’une aventure ». Désuet ? pas si sûr. C’est pour cela qu’il s’enthousiasmera sans doute pour ce roman d’aventure, qu’il consentira si bien à « participer depuis son fauteuil à une chasse au trésor endiablée, dont chaque embûche semble adroitement disposée par l’auteur pour être dissipée dans la pirouette finale. »

 

 L’action est-elle à esquisser ici ? Le rabat de la couverture en dit assez pour être alléché ; pour ceux qui seraient quelque peu égarés dans ce fol imbroglio, aucune crainte, tabler à la fin sur le récapitulatif de l’intrigue [4] avec ses airs de solution facile au problème. Disons plutôt que Quel trésor ! est somme d’aventures, ou mieux encore paroles données à des personnages. Avec comparaison étonnante, à la fin, des personnages de fiction à ceux de la réalité. Avec confrontation osée du conteur avec ses personnages. Le lecteur se rend à l’évidence, il y a tricherie sur le caractère : « Les personnages du vieux Gregor pouvaient être réels, ils vivaient dans une fable. »

 

Ça cocotte bon le mystère

 

 Quel trésor ! vous emporte nécessairement vers une contrée à part, préservée, aux îles Hébrides, là où les avions atterrissent sur la plage en pleine nuit, en plein brouillard, où la tolérance religieuse entre presbytériens et catholiques, papistes et antipapistes, est modèle d’intelligence, où la réconciliation permet de ne jamais exclure, où les normes bruxelloises sont d’emblée caduques, où l’art du jeu unit les générations, où l’on a de « vrais amis », où les tempêtes exultent, où « ça cocotte bon le mystère », où le curé devient barman après les enterrements…

 

 Car des enterrements, il y en a avec tous ces morts qui vous arrivent à la file. Un au tout début, un autre à la toute fin du roman. Ces cérémonies donnent la direction de l’aventure sans cesse recommencée, transmettent l’héritage « aux fils de leur père ». Si la mort omniprésente mène aux questions essentielles c’est sans tragique, on ne l’esquive pas, on lui fait surtout des pieds de nez goguenards pour la laisser à sa juste place, « la mort navigue dans la mort, et n’a souci du vif ». Á ce titre, l’oraison funèbre finale de l’impayable père Mapple au chuintement comique fait évidemment partie des grandes scènes du livre à l’instar de son homélie liminaire où le Christ revenant comme un voleur est vu « chasseur de trésor qui vient nous ravir les biens auxquels nous nous attachons avidement. » Face à la mort, face à l’ultime, un parti pris de vie où l’humour carnavalesque profite de la situation, n’attend pas de circonstance conforme. L’essentiel est dit alors : Au cimetière, le trou est prêt !, avec son corollaire « Mais de quoi le remplirons-nous, ce trou ? » Tout est dans cette question insolente, ô combien concrète, qui amène à se poser l’autre question, celle de la réalité du trésor.

 

 Volatile, le mot rebondit heureux dans le récit. Il s’agit, naturellement au premier degré de sens, du trésor ibérique, non de milliers de bouteilles de whisky mais des ducats rutilants d’une vieille histoire, ceux du naufrage d’un des vaisseaux de l’Invincible Armada perdu peut-être dans les Gais-Lurons dansants et chantants. L’on glisse pourtant très vite vers plus abstrait, loin des richesses matérielles vers la notion évangélique du trésor du cœur mais aussi de retraite ainsi que la vit Blair à Fara après sa faillite. Volé aux morts, le trésor peut néanmoins être tragique et transmettre la poisse, être absurde quand il est virtuel telle la fortune de Microft. Peut-être encore, les ironiques lettres de la carte tant convoitée, SD, renvoyant au stockage du trésor, pourraient-elles également signifier, non Sainte Dalle, non Santa Dona, mais Sainte Dame, la Vierge polychrome trouvée en lieu et place de richesse cliquetante, au grand dépit de nos chercheurs d’or, disciples de John Knox. La Vierge Marie, le trésor ? « Ah, la perversité catholique ! »

 

G.M.J. - nouveau Sancho Panza sur son âne [5] ? - peut bien vouloir se cacher, s’effacer, jouer de l’anonymat comme d’une nécessité romanesque, le « je » virevoltant de son roman nous suffit quand il voit si bien le monde, observe les visages, connaît, transfigure les hommes avec tant de sensibilité. Il chante sa petite troupe hébridéenne - l’auteur de la gibelotte, le conteur de Kishorn ou Melchior en kilt, le comanche, le togé de Cambridge, l’homme aux oreilles de Mickey, l’abbé barman, le presbytérien sacristain catholique - en une langue qui ne joue jamais la poseuse. Pas d’explications. Pas d’argumentation. Pas d’apologétique. Beaucoup de jeu. Mais quelle profondeur, quelle maîtrise ! Les mots jaillissent, se dégèlent, pétillent plus vivants que jamais, trésor de la langue française pour une poésie explorant humblement et l’air de rien un bout de l’énigme du monde.

H.B.

 

Parution : 22 août 2012

 

EXTRAIT

« La langue, mémoire de l’intelligence humaine emmagasinée dans un lieu »

Gaspard-Marie Janvier, Quel Trésor !, Fayard, pp. 156-157.

 

Livre deuxième

Le sauvetage

 

(C'est McGriogair qui parle)

 

« Il faut apprendre à parler une langue qui ne se réduise pas à une monnaie d’échange asservie à la communication, une langue qui exprime une mémoire de l’intelligence humaine dans un lieu, dans un milieu. Qu’on change le milieu, tout est à recommencer. J’ai derrière moi des générations de highlanders. Mes ancêtres ont appris la vie sur ces terres dures, hostiles, magnifiques. Ils furent rois, et parias. Enfants de la brume, capables de s’évanouir dans la lande à la vue d’un uniforme, ils furent chassés, persécutés, privés de nom pendant deux siècles – ce qui donna une multitude de « Greg », de « King », de « Black », de « Whyte » que l’on trouve aujourd’hui dans l’annuaire téléphonique. Ils forgèrent un langage dur, parfois hostile, magnifique qui parle encore entre mes lèvres. L’anglais de Blair a la superficialité d’une langue de colons et de collaborateurs. Cela va bien pour dialoguer entre colons et collaborateurs qui ne cessent de camoufler la brutalité de leurs appétits derrière les boursouflures de leur phrasé. Mais il ne suffit pas de régurgiter ses glandes au fond de la bouche pour parler à des hommes, qui ont subi la domination, qui en ont acquis une résistance peu commune, à l’occasion déloyale, parfois criminelle, aussi admirable que détestable. »   

 



[1] Robert Louis Stevenson, « Le prisonnier d’Édimbourg et autres récits », Édition établie et présentée par François Rivière et Emmanuel Roussel, Bouquins, Robert Laffont, mai 2012.

[2] « …mais les auteurs, ah ! les auteurs, quelle barbe ! » p. 26.

[3] Conservateur du patrimoine, fonctionnaire pendant quarante ans.

[4]  p. 296-298 ou encore p. 353

[5] L’âne surnommé d’abord De-guerre-lasse…se nomme finalement Majestine, p. 289-290. Très beau passage.

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 20:24

Ce-que-disent-les-Vents-.pngPhilippe-Delaveau.pngbnf.png

  C’était au tour de Philippe Delaveau d’être l’invité du cycle « Grands poètes d’aujourd’hui » et de  satisfaire au principe de ce nouveau Lundi de l’Arsenal. La BnF entend rendre ainsi hommage aux poètes vivants et témoigner « de la vigueur, de l'éternelle jeunesse et du renouvellement d'un genre, la poésie, qui, non content d'être le lieu de la plus grande créativité littéraire, fait aussi écho aux questions de notre monde » La conférence, ponctuée de lectures de poèmes, de musique, est en ligne sur un site très riche.


  Parmi les questions posées à l’auteur de Ce que disent les Vents (Gallimard, décembre 2011), retenons celles tournant autour du choix de la forme avec ses rejets, ces ruptures, l’accumulation d’indépendantes, des asyndètes, des phrases nominales (curseur 20’10). Jean-Yves Masson, menant l’entretien, demande au poète s’il ne s’agit pas de « casser une trop grande continuité », de « donner l’idée que ce après quoi le poème court ne se laisse pas rejoindre » Réponse de Philippe Delaveau :

 

« Je suis hanté par ce monde fragmenté, ce monde qui est empli de failles et le fait que tout soit brisé, cette notion de désastre de la modernité ; il y a une souffrance du monde ; et dans les différents arts, je crois qu’il y a ces marques de brisures ; c’est caractéristique de l’art moderne et contemporain : on ne peut donc plus faire des pièces lisses, faire des choses complètement fermées sur leur grand état satisfaisant… On doit introduire la blessure à l’intérieur de l’œuvre pour essayer de répondre à cette blessure, pour apporter ce qui sera cette joie au terme ; il faut intégrer ce qu’est la souffrance des contemporains, c’est vraiment une des grandes missions de la poésie ; ce n’est pas commode, il faut que le poète soit très disponible à tout ce qu’il va entendre, à commencer par ce fait que la personne humaine est brisée, qu’elle est morcelée… »

 

Jean-Yves Masson poursuit : « Est-ce que la tâche de la poésie est de  guérir cette blessure ? prendre acte de la déchirure de l’homme moderne sans essayer de la cacher ou de la dépasser. Est-ce qu’elle est dépassable ?


« Oui je crois. Les poètes comme tous les artistes reçoivent un appel à quelque chose. Il me semble que ce n’est pas d’abord le fait de réenchanter le monde, car je crois que les Parcs Disney font cela mieux ! ... Je crois qu’il y a une parole de poésie particulière qu’on retrouve dans la tradition française, chez les poètes français, « Sois sage ô ma douleur », le « sois sage, c’est étonnant… le fait de retrouver la sagesse... Je suis très hanté par les psaumes, par le rythme de l’hébreu. Je crois qu’il y a quelque chose de tout à fait contemporain dans les psaumes ; à la fois, celui qui dit « je », qui n’est pas forcément le poète, cette présence d’une conscience à soi, d’une conscience au monde qui est celle de tous, et puis cette tentative de trouver une forme de sagesse pour répondre. C’est peut-être une folie mais je crois qu’il y a cette ambition dans la poésie, on la trouve à travers les siècles... Quête de sagesse. Quête de joie... »

Poème « La joie » lu par l’auteur sur Youtube « J’ai désiré la joie et il y avait l’amertume »

Cycle Grands poètes d'aujourd'hui : Philippe Delaveau
Conférence du 14 mai 2012 en ligne sur le site de la BnF
Entretien avec Jean-Yves Masson, lecture Ghislain de Fonclare, chant et musique Roula Safar
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"La Voix est libre", émission du 8 novembre 2010 animée par Anne Gavini. "Comment redonner sa place au dimanche". Débat avec Monseigneur Lagleize, évêque de Valence. Hélène Bodenez, professeur à Saint-Louis de Gonzague-Franklin, Monseigneur Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France. Par téléphone : Père Jacques Vignancour, curé de Saint Austremoine, à Issoires (Puy de Dome)

 


 

 

 

"Aujourd'hui l'Eglise", émission du 19 novembre 2008, animée par Elodie Chapelle. "Travail le dimanche : l'Eglise a son mot à dire" Débat  avec François Asselin et Hélène Bodenez.

 

 

 

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L'Association pour la Fondation de Service politique réunit des hommes et des femmes engagés dans la vie politique, économique et sociale. Elle est ouverte à tous ceux qui souhaitent participer à ses activités : colloques, conférences, universités, soirées-rencontres, campagnes de sensibilisation. De très nombreuses personnalités ont participé à ses travaux: chefs d'entreprise, cardinaux, universitaires, hommes politiques, journalistes.

14 juin 2011

The European Sunday Alliance is a network of national Sunday Alliances, trade unions, civil society organizations and religious communities committed to raise awareness of the unique value of synchronised free time for our European societies. Sunday and, more general, decent working hours, are the focus of our campaigns. In our Founding Statement, we draw attention to aspects of life/work-balance and social cohesion that depend on a vast majority of people to have their lawful free time at the same time.


Lancement de l'European Sunday Alliance, le 20 juin 2011 dont sont membres, entre autres, l'AFSP, la CFTC, le CAD.


 

CCF

Le centre culturel Franklin est inspiré par la tradition jésuite et permet de créer une synergie entre la formation intellectuelle, humaine et spirituelle dispensée aux élèves à Saint-Louis de Gonzague (Paris) et une certaine forme de formation continue destinée aux adultes de la communauté éducative. Ce que de manière traditionnelle, on appelait autrefois dans les collèges de la Compagnie : « école des parents », si non « école des adultes ». Le Centre culturel Franklin est ainsi un lieu de rencontres avec des personnalités uniques, un lieu de réflexion, un lieu d'échange et de débats.

Publications

 

51 Revue Rapport 03  Sexe-du-genre-Lp-55.jpg  Van-Thuan-revue-_-en-espagnol.png

 

- « Devoir des parents, bien de l'enfant », Francis Mouhot, Éduquer, est-ce encore possible ?, Les Idées, Revue Liberté politique, n° 60, (juin-juillet 2013), p. 157-158.

« Le Jésus de l’Histoire », À propos de Jean-Christian Petitfils, Jésus, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°56, Privat (mars 2012), p. 195-201.

- « La bataille du dimanche continue », Revue Liberté politique, IIIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 55  (décembre 2011), p. 115-119.

- « Lumière du pape », À propos de Lumière du monde, Questions disputées, Revue Liberté politique, n° 52, Privat (mars 2011), p. 155-161.

- « Le cas de l'année : la bataille du dimanche en France et en Europe  », Revue Liberté politique, IIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 50 (septembre 2010), p. 75-84.

- « La Battaglia sulla domenica in Francia », Rapporti dal Mondo, Osservatorio internazionale cardinale Van Thuan sulla dottrina sociale della chiesa, Bollettino di Dottrina sociale della Chiesa , (Anno VI 2010, numero 3, luglio-settembr), p. 87.  

  - « Le dimanche, un droit historique », À propos de Daniel Perron, Histoire du repos dominical, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°50, Privat (septembre 2010), p. 185-190.

 - « Une truculente défense du pape », À propos de Gaspard-Marie Janvier, Minutes pontificales sur le préservatif, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 49, Privat (juin 2010), p. 161-164.

- « Le dimanche, jour cardinal », Communication à la table ronde du 6 octobre 2009 "Vivement dimanche !" au Centre culturel de Franklin, Revue Liberté politique, n°. 47, Privat (décembre 2009), p. 23-31.

- « Voyage au cœur de la psychothérapie », À propos de Francis Mouhot, Le Moi et l’esprit, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 46, Privat (septembre 2009), p. 143-152.

- « Pourquoi le dimanche ? », Dossier "A Dieu, le dimanche ! Appel à la résistance des chrétiens", Revue Liberté politique, n°. 44, Privat (mars 2009), p. 107-116.

- « Benoît XVI le bâtisseur », À propos de George Weigel, Le Choix de la vérité, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 43, Privat (décembre 2008), p. 181-185.

- « Lâcher prise ou abandon spirituel », À propos de Robert Scholtus, Faut-il lâcher prise : splendeurs et misères de l’abandon spirituel, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat, (septembre 2008), p. 167-174.

- « Retrouver les chemins de l’être », Dossier Fides et Ratio 2008-1998, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat (septembre 2008), p. 153-163.

- « Les métamorphoses de Jésus ou la tentation de l’expérience directe », À propos de Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 41, Privat( juin 2008), p. 235-244.

- « Et le blog devint fléau », Éducation : questions qui fâchent, Revue Liberté politique, n°. 40, Privat (mars 2008), p. 147-157.

- « Conversion ou initiation : le presque de la foi », À propos de Jean-Claude Guillebaud, Comment je suis redevenu chrétien, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 38, Privat (septembre 2007), p. 125-131.

- « Relire La Pensée captive », À propos de Cesław Miłosz, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 32, Privat, (janvier-février 2006) p.129-141.

À lire absolument !

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Daniel Perron, Histoire du repos dominical (L'Harmattan, 2010).

 

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Gaspard-Marie Janvier, Le Dernier dimanche (Mille-et-une-nuits, 2009, Prix Mottard 2009). 

 

Froger2

Jean-François Froger, Le Maître du Shabbat (Editions Grégoriennes, 2009)

 

Gourrier2.png

Patrick Gourrier, Le dimanche, c'est sacré ! (Letheillieux, 2009)

 

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Michel Fauquier, Lettre ouverte du dernier des Français au premier des Français, (Tempora, 2009)

 

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Carte trvail dominical 
Dimanche

Fonctions sociales d'un jour à part

Noyau d'un ordre social historique

Vidéos créées pour ce blog.

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Dimanche

 

 

 

À Dieu, le dimanche !

H. Bodenez

 

A Dieu le dimanche !

Mis en danger par la proposition de loi Mallié, le dimanche est moribond en France. Ce livre voudrait lancer un appel à la résistance des chrétiens. L'argument religieux n'étant pas le plus développé dans un débat essentiellement politique et social, Hélène Bodenez voudrait que ne soit pas minimisé le regard de foi de la vision théologique et de la vision mystique. Admettons-le : le dimanche s'est vidé depuis longtemps de son sens originel. Pourtant, si le culte du dimanche suppose bien la foi intérieure des chrétiens, il n'en est pas moins un rituel extérieur et collectif. En en retrouvant la voie, les chrétiens pourraient participer à la mission de la France dans l'Église.   Acheter à La Procure

Logo-Adverbum-2-copie-1.pngLogo-EG.png  

 

Joseph Thouvenel a lu  À Dieu, le dimanche ! Ed. grégoriennes) Chronique Economie et société sur Radio Notre-Dame, 12 décembre 2010.

 

 

Faut-il faciliter le travail le dimanche ?

 

KTO

    

Pourquoi le dimanche est-il un jour chômé ?

 

 

 

L'écho des dimanches

Duo Zucchero - Fiori, paroles françaises de J.-J. Goldman, (Chocabeck, 2010).

"Dans mon village, j'ai vu le temps se poser..."