Le blog d'Hélène Bodenez 

 

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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 11:21

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Schubertien. J’ai honte du cliché. Qualifier de musical le style d’Alain Rémond paraît tellement plat. Mais c’est ainsi. Sa prose simple a quelque chose de La Jeune Fille et la Mort. Familière désormais de ses petits livres tristes et beaux, je me suis laissé surprendre une fois encore par les lignes pudiques de l’ancien chroniqueur vedette de Télérama. Oui, disons-le, bizarrement pudiques.

 

Si comme les précédents livres Ce qui reste de nos vies annonce un récit autobiographique, si comme le miroitant Chaque jour est un adieu ce nouvel opus annonce bien des pages disant « je », il ne révèle jamais de « moi » poseur. Alors qu’il ouvre plus grand, et avec d’infinies précautions, les vannes de l’intime, celles-ci pourtant laissent délicatement bien des mystères béants, laissent l’énigme d’une vie toujours plus profonde. La gageure étonne, grosse de redites jamais identiques, répétitions-leitmotive obsédantes. Lignes chant.

 

Les méandres de ces mémoires intérieurs ont leur source. Tout commence par un hangar, une ferme abandonnée, par ces papiers éparpillés, jetés là. Est-ce profanation que de lire en étranger ces bouts de vies offerts à tous ? Oui, bien sûr. C’est entrer par effraction quoi qu’en dise l’air du temps. « Je sais bien qu’aujourd’hui tout se lit, tout se dit à tout le monde, tout est envoyé à tout le monde, tout le monde peut lire ce que tout le monde écrit sur son ordinateur, tout le monde dit tout de soi à de parfaits inconnus ». Mais, concernant Alain Rémond, cela n’arrivera pas. Promis. « Mes lettres resteront cachées, elles resteront secrètes ». Tout est là dans une entreprise qui n’a guère d’exemple. Écrire une autobiographie, mais rester secret ; révéler sa vie, mais ne pas lever le voile. Livre-mystère.


Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit

 

Comme Jean d'Ormesson qui écrit de sa vie Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit, Alain Rémond ne veut pas dire tout. La difficulté lui fait mal car comment s’y prendre quand on ne veut pas en même temps que tout s’envole. D’où la force du verbe « reste » dans le titre, maître-mot du récit. Comme une urgence. Comment laisser une trace humble de vérité ? Faire émerger ce qui demeure quand tout est fini, est-ce même possible ?

 

Qu’on ne se méprenne pas. Alain Rémond ne cherche pas à conjurer la mort, à créer de toutes pièces un anti-destin à la manière d’artistes maniérés, non. Il dessine une trace par ce qui pèse, par ce qui vaut cher, par ce qui est précieux : l’amour. Et l’amour, comme il y en a dans le cœur de l’auteur ! Par « une pluie de fin du monde », il chante cet amour en une « litanie des saints » à lui : son père, sa mère, sa sœur Agnès ». Il « ressuscite des vies disparues » en les passant au tamis d’un cœur amoureux qui pense et se souvient, au filtre du temps qui certes décante comme un vieux vin mais qui en cruel ennemi efface. Il ressuscite, artistement sans styliser.

 

L’alcool avait fait son œuvre de mort dans un bonheur sans nuages, avait  déclaré une guerre sans merci entre le père et la mère, « mort de l’amour, mort à l’œuvre » [1]. Trouver les mots avait été si difficile pour le dire. Il n’est donc pas trop d’une fin d’un monde, d'une fin de son monde qu’est toute mort qui approche pour faire œuvre de vie. Pour dire du père ce qu’on n’avait pas encore dit. « C’est à cela que servent les mots, à cela que sert l’écriture : rendre justice à toutes nos vies précieuses, ne rien oublier, jamais. Garder les traces, comme des braises que l’on peut réveiller d‘un souffle »


Ce qui reste de nos vies ? Comme un lied  avant l’aurore. H.B.


[1] Chaque jour est un adieu, p. 60.

 

***

Salon-du-livre-en-Bretagne-Alain-Remond.jpg 

 

Lire également, sur le site de Marianne, "Alain Rémond, Le papier et la vie", chronique de Guy Konopnicki.

 

Écouter

Alain Rémond était l'invité de Fance culture le 7 avril dernier.

 

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 19:56

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Voici le gender… Bravo ! pavoisent les bobos ! Bof ! s'exclament les badauds. On en a vu d'autres ! se résignent les sceptiques. Récupération politique ! ratiocinent les médias. Vivement les vacances ! disent les braves gens qu'agitent chômage, pression fiscale, soldes, tour de France, météo, coupe de France… Panem et circences

Écoutez-nous ! Plaident les veilleurs de vingt ans qui, dans vingt ans justement, paieront les pots cassés.

Vieille histoire que celle des Jérémie, Soljenitsyne, Lech Walesa, Nelson Mandela, en leurs temps, moqués, discrédités, calomniés, gardés à vue. Vieille histoire que celle des enfants, pas si collatéraux que cela, de l'apartheid, des camps de concentration, des ghettos, de l'agent orange, des dérives soixante huitardes. Et si, pour une fois, on les écoutait, ceux qui discernent dans la vague qui enfle à l'horizon, ce tsunami incontrôlable qui bientôt, disent-ils, fracassera leurs amours, leurs familles, leurs enfants… non ! nos amours, nos familles, nos enfants car en matière d'idéologie, l'histoire enseigne que les premières victimes sont d'abord les apprentis sorciers, suivis des braves gens que nous sommes.

Les écouter, c'est d'abord les respecter tous, les bobos, les badauds, les sceptiques, les medias, les braves gens et les apprentis sorciers.

DanieL Ange respecte, écoute, comprend, explique à la lumière d'une longue expérience internationale de terrain et d'un formidable travail de documentation. Manifestation de rue ?... Non ! … Manifestation de la vérité !... 

 

MAI 13  REBELLION, Daniel Ange, Éditions du Jubilé, à paraître.(10€)

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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 22:59

Quatre livres à commander par internet uniquement. Littérature de jeunesse un peu différente par un auteur passionné d'éducation. Un cinquième opus en préparation. 

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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 09:29

Lire une nouveauté : L'Écriture du Monde, François Taillandier (Stock).

Relire en poche un coup de coeur : Quel trésor ! Gaspard-Marie Janvier. (Points-Grands romans)

Lire l'incontournable qu'on a laissé passer par manque de temps : Même le silence a une fin, Ingrid Betancourt, (folio).

Lire un essai Éduquer est-ce encore possible ?, Francis Mouhot (Mediaspaul).

Lire une nouveauté de littérature de jeunesse Briséïs, Tiphaine Siovel, (Robert Laffont).

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 00:10

Le sel de la terre

Notes de lecture publiées en pleine préparation du grand jubilé de l'an 2000. Je les mets en ligne  en ce dernier jour de Pontificat de Benoît XVI. Premier volet de deux avec Lumière du Monde.

 

LE SEL DE LA TERRE

Le christianisme et l'Église catholique au seuil du troisième millénaire

Entretiens avec Peter Seewald

par le Cardinal Ratzinger

Traduit de l'allemand par Nicole Casanova

Flammarion / Cerf, mars 1997, 278 p.

 

 

 

Trois cent trente sept questions de journaliste pourraient-elles dresser un état des lieux honnête de l'Église catholique à l'aube du troisième millénaire ? Après être sorti de l'Église, d'une Église en déclin, dit-on, pourrait-on encore avoir envie de la redécouvrir et d'y entrer de nouveau ? Et si Dieu existait vraiment ? L'Église peut-elle toujours le rendre visible? Autant de questions que Peter Seewald, journaliste allemand, a posées au Cardinal Ratzinger ouvrant par là même un vaste dialogue avec un homme « quelque peu platonicien ». Ces libres entretiens sont réunis et publiés en un livre au titre qui sonne comme un rappel : Le sel de la terre. En plein cœur de la préparation du grand jubilé de l'an 2000, sur fond de Nouvelle Évangélisation, un journaliste free-lance interroge avec audace, sans concession aucune, mais avec respect, l'un des maîtres de la Foi. Que la liberté de ton et de forme n'abuse personne. Nous avons là un document de première importance.

Collaborateur de la vérité

Après une brève entrée en matière, la foi catholique : signes et paroles où le cardinal pose la nécessité de l'Église, parce qu'elle « trouve la bonne façon d'être homme », Peter Seewald invite dans le premier chapitre Éléments biographiques son illustre interlocuteur à se présenter. L'on apprend que le futur prélat de l'Église naît dans une modeste famille bavaroise, pieuse, unie autour de parents aimants, que le jeune professeur de théologie aime saint Augustin et saint Bonaventure mais aussi Mozart dont « la musique lumineuse contient pourtant tout le tragique de l'humanité ». Homme de poids lors du concile Vatican II, il se rend célèbre par un discours mémorable lorsqu'il prône une nécessaire réforme des méthodes du Saint-Office. Nommé archevêque de Munich par Paul VI en 1977, il passe pour progressiste, mais son amour de la vérité, — n'a-t-il pas comme devise de cardinal « Collaborateur de la vérité » —, le place au-dessus de toute catégorie simplificatrice. Devenu en 1981 Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, il insiste constamment sur la noblesse de la théologie. Comme le veut sa nouvelle fonction, celle de « promouvoir la saine doctrine, de veiller à corriger les erreurs, de ramener les égarés sur le droit chemin », il apparaît comme l'homme providentiel pour mener à bien le grand chantier de l'élaboration du Catéchisme de l'Église catholique.

 Le leitmotiv de la critique

Le deuxième chapitre brosse un tableau assez sombre de l'Église. Toutes les questions actuelles sont évidemment posées celles que l'on nomme les « leitmotive de la critique ». Sont particulièrement mis en lumière non pas les « problèmes de l'Église » mais les problèmes des humains qui forment l'Église, elle, Sainte. Le journaliste passe alors en revue quelles pourraient être les révisions de l'Église sur les sujets brûlants comme l'infaillibilité du pape, le célibat des prêtres, la contraception, l'avortement, les divorcés remariés, l'ordination des femmes. Et le journaliste de voir là, à n'en pas douter, les raisons du déclin d'une Église qui ne veut pas bouger. Mais Mgr Ratzinger de rappeler, avec autorité, que ces questions « ne sont pas les vraies questions de l'être humain », que « la finalité du christianisme est la vie éternelle et non pas le moyen de s'intégrer à un groupe où l'on peut exercer un pouvoir ». Certes, le cardinal ne refuse pas les questions, n'esquive pas le débat et l'on pourra lire avec intérêt les réponses développées qu'il donne à ces questions difficiles et douloureuses. Elles occupent une longue partie des entretiens. Il se plie donc volontiers à l'exercice des questions et des réponses. L'avant-propos précise d'ailleurs qu'aucune question n'a été présentée à l'avance et que rien par la suite n'a été retranché ni ôté. Tout était, de fait, important. Mais, dans ces « leitmotive de la critique » n'est pas l'essentiel : « Nous léchons nos blessures, nous voulons nous construire une belle Église et c'est tout juste si nous voyons encore que l'Église n'est pas là pour elle-même mais que nous sommes les dépositaires d'une parole qui a quelque chose à dire au monde, qui devrait être entendu, qui pourrait donner quelque chose ».

 Faire mémoire 

Si donc ce ne sont pas les vraies questions, l'on se presse d'aborder le troisième chapitre intitulé « Au seuil d'une nouvelle ère ». Il y est question de finalité et donc de fin, d'espérance aussi. Parler de l'avenir de l'Église c'est déjà croire qu'elle en a un. Reprenant la lettre apostolique du pape Jean-Paul II Tertio millennio adveniente, de 1994 déjà, Mgr Ratzinger réaffirme selon les Écritures et la tradition, que « l'Église est entrée dans la plénitude des temps », « dans la fin des temps et qu'avec le Christ l'Histoire entre dans sa phase définitive ». Il ne s'agit pas de voir l'an 2000 de manière « magique » et croire « automatiquement » que le christ reviendra en l'an 2000, mais de « se souvenir » et de faire « mémoire ». Marcher vers l'an 2000, vers le jubilé, c'est marcher vers « un pardon universel ». Rappelant l'importance centrale du peuple juif, le dernier chapitre de ces entretiens a des accents prophétiques et revêt une importance considérable pour le chrétien qui cherche à lire « les signes des temps », à voir une lumière dans la nuit. Autre lumière sur la route : la Parole de Dieu. Le Cardinal invite le peuple de Dieu, dans son cheminement jubilaire, à réapprendre à lire la Bible.  « Elle est offerte précisément aux simples ». Reprenant un mouvement né au sein de la théologie de la libération, il ose avancer que « le peuple est le véritable propriétaire de la Bible et donc son véritable exégète ». « Loin de rendre la théologie superflue, elle la rendra nécessaire. »

 Sel de la terre et grain de sénevé

Par quatre fois le cardinal convoque la parabole du grain de sénevé que les synoptiques rapportent tous les trois. Alliée à l'image du sel de la terre, on comprend que ces figures conviennent parfaitement à une Église minoritaire. Face à un Islam conquérant, le cardinal croit en « de nouvelles formes de vie monacales au milieu du monde », « en de nouvelles âmes aimantes », « aux saints qui seront les vrais réformateurs de l'Église ». Recevons donc comme un don ces entretiens et lisons jusqu'au bout ce livre capital qui rappelle avec force et exigence la foi catholique tout entière tournée vers « Celui qui tient le monde dans ses mains ». « Je ne sais pas combien j'ai de lecteurs attentifs, combien de ces lecteurs ont une bonne mémoire » semble regretter au détour d'une question Mgr Ratzinger ! Comprenons donc l'urgence des temps, l'avertissement du Christ lui-même, d'être « le sel de la terre, car si le sel vient à s'affadir avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens ». H.B.

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 21:36

Modernes contre modernes

LE PAPE

 

La plupart de ceux qui font l'opinion ne sont pas contents de l’élection du nouveau pape. Pas contents du tout. Une telle “figure emblématique du conservatisme doctrinal”, un tel “prince de l'Église, intransigeant et réactionnaire”, on s'en serait bien passé. Il a tout pour déplaire. On aurait souhaité un pape moins “rétrograde”. Plus “proche des gens”. Plus “en phase avec la société”. Avec les mille et une merveilles de la société. Avec les sortilèges du monde contemporain et les incontestables prestiges des mœurs du siècle. Comme l'écrit ces jours-ci, sous le coup d'une forte indignation, une élue apparentée PCF de la mairie de Paris, ce nouveau pape “ne passe pas”. Ce nouveau pape est un scandale, un affront, une effronterie. Quelques-uns, également sous le choc et à peine moins hostiles, voudraient tout de même croire que la fonction créera l'organe et que l'Esprit Saint frappera de son aile gauche ce pontife de droite. J'ai même entendu un catholique de progrès assurer que Dieu, à ce Ratzinger si suspect devenu Benoît XVI, saura montrer la juste voie et le convertira à la vraie religion révélée : celle du Moderne en majesté [1].


C'est la sagesse même. Il nous faut un pape en phase. Un pape à la botte, au pied, aux ordres, aux mots d'ordre, un pape qui file doux et qui respecte les nouveaux règlements. Les nôtres. Un pape qui lâche ses bondieuseries pour notre eau bénite et ses patenôtres transcendantes pour nos homélies multiculturelles. Un pape qui, cessant de bêtement parler des “errances de la modernité”, nous rejoigne dans nos divagations divines. Un pape à roulettes et en culottes courtes. Un pape citoyen. Un pape qui sorte du Saint-Siège, une bonne fois, en poussant le cri primal, pour n'y plus jamais revenir. Un pape qui dégraisse la doctrine, dépoussière le Vatican, se batte pour la légalisation de l'euthanasie, prenne fermement position en faveur de la procréation assistée comme pour le mariage des prêtres et l'ordination des femmes. Un nouveau pape comme il y a les nouveaux pères, un pape qui porte le petit Jésus sur son ventre, dans un sac, comme les mamans kangourous (“Habemus mamam !”).


Un pape vigilant sur le respect de la laïcité. Un pape qui proteste avec nous contre la mise en berne des drapeaux de la République en hommage au pape défunt. Un pape qui participe aux fanfares de soutien à Florence Aubenas et s'occupe de lâcher des ballons plutôt que de promulguer des bulles. Un pape qui milite pour les couloirs de bus, la candidature de Paris ville olympique en 2012 et l'opération “Ici c'est 100% sans tabac” (s'il pouvait, par la même occasion, nous donner un petit coup de pouce pour faire un peu remonter le oui à la Constitution européenne, ce ne serait pas plus mal). Un pape soucieux de l'amélioration de la qualité de l'air. Un pape résolument décidé à laisser tomber ses lamentables discours normatifs sur le sexe pour rejoindre les nôtres. Un pape conciliant et pas conciliaire. Un pape bon apôtre, en somme, et conscient de tous les chantiers prioritaires qui l'attendent. Un pape d'époque. Un pape comme l'époque. Un pape-époque. Un pape-société.


“ Socio subito ! ” Tel est le hurlement poussé, de toute la force de leurs poumons, par ceux qui ont souffert pendant quinze jours de voir leurs programmes de télévision bousculés, comme ils disent, par la mort de Jean-Paul II puis l'élection de son successeur, et qui ne se remettent pas d'avoir entendu, le jour de l'enterrement du Saint-Père, tandis qu'un vent de Tintoret faisait tournoyer les robes cardinalices, cet appel immense jailli de la foule : “ Santo subito ! ” Ils en sont encore malades. Ce traumatisme, ajouté à celui de l'élection de Ratzinger, n'en finit pas de les poursuivre. Non, décidément, ce Benoît XVI ne passe pas, il est inadmissible. Par chance il est vieux, il ne durera pas, c'est un pape de transition : espérons qu'il transira vite et attendons le suivant. Nous voulons un pape comme nous, pas un pape papiste ou papophile, un pape papophobe, non papolâtre ou papocrate. Un pape moderne. Un pape comme la société moderne. Un pape identique à celle-ci, tellement semblable à elle et aux éloges qu'elle tient sur ses innombrables métamorphoses qu'on ne l'en distinguera plus le moins du monde. Pourquoi ne pas l'élire nous-mêmes ?

Mai 2005

 Philippe MURRAY, Moderne contre Moderne, Exorcismes spirituels IV

Les Belles Lettres.

[1] “La presse européenne n'aime pas le “ berger allemand ”, titrait Libération au lendemain de l'élection du cardinal Joseph Ratzinger; et c'était là encore une très bonne nouvelle, quand on se souvient que cette presse, qui n'aime pas Benoît XVT, aime en revanche beaucoup de choses peu appétissantes, notamment l'Europe, à laquelle les peuples français et néerlandais, sourds aux conseils unanimes de cette bonne presse, devaient si vite et si résolument faire le sort que l'on sait. Une autre bonne nouvelle résidait dans le cri poussé au même moment par Clémentine Autain, évoquée dans cet article : Non,le pape ne passe pas. En effet. Mais Clémentine Autain est déjà passée, et c'est encore là une très bonne nouvelle (Juin 2005).

 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 13:38

 

Lumiere-du-monde.png

Recension parue dans la revue Liberté politique n°52 (Mars 2011)

Lumière du monde de Benoît XVI est paru en livre de poche (2012).

 

BENOÎT XVI, LUMIÈRE DU MONDE

Bayard, 2010.

 

À la fin de ses exorcismes spirituels[1], Philippe Murray s’était ri de ceux qui, « pas contents du tout » en 2005, avaient regretté haut et fort l’élection du nouveau pape, ayant espéré un pape comme eux, « pas un pape papiste ou papophile », mais « un pape papophobe, non papolâtre ou papocrate. Un pape moderne. Un pape comme la société moderne. » La presse s’était alors liguée pour faire chorus et hurler que, non décidément, le pape « ne passait pas ». Pourtant, plus de cinq ans après l’événement historique des funérailles de Jean-Paul II, force est de constater que son successeur, Benoît XVI, « ce pape inadmissible »[2] passe ! Et même très bien. La preuve ? Le deuxième livre d’entretiens avec le journaliste allemand Peter Seewald. À ce jour, il s’en est vendu plus d’un million d’exemplaires[3]. Les « lecteurs attentifs » qu’espérait le cardinal Ratzinger dans son premier opus sont au rendez-vous du second. 

 

Après le sel de la terre[4] , la lumière du monde : le deuxième volet du diptyque d’un cardinal devenu pape

 

Les deux titres des livres d’entretiens du pape avec Peter Seewald viennent du même passage de l’Évangile[5], parabole où Jésus s’adresse à ses disciples les exhortant à être ce qu’ils doivent être, sel qui ne s’affadit pas, lumière qu’on ne doit pas mettre sous le boisseau. Deux images fondamentales[6] de la vie des hommes pour deux livres sortis à treize ans d’intervalles, deux images distinctes pour explorer une continuité. La conversation avec les hommes de son temps ne s’interrompt pas alors que le cardinal particulier d’une certaine terre, l’Allemande, est devenu pape pour tous, pape du monde entier préoccupé de « l’extinction de la lumière qui vient de Dieu »[7].

En exergue de l’ouvrage s’affichent également des versets programmatiques de la Bible, ceux du psaume 53 avec la si touchante image de Dieu se penchant sur les hommes « pour voir s’il en est un de sensé, un qui cherche Dieu ». Les six heures de Castel Gondolfo accordées par Benoît XVI à Peter Seewald tourneront bien autour de la grande question abordée également aux Bernardins en 2008 à Paris, cet essentiel « quaerere Deum » que vient éroder dangereusement un nouveau « paganisme » dans une « société de la rapacité ».

 

Succession de questions et de réponses, Lumière du monde se lit aisément, de manière continue ou plus discontinue. Organisées en trois grandes parties, elles se déroulent, denses et exigeantes mais claires sans jamais fatiguer, entre chapitres zoomant sur les « Signes des temps », un tour d’horizon du Pontificat, et un « Où allons-nous ? » dynamique, remettant les fins dernières au cœur de l’espérance. Les questions longues du journaliste pourraient agacer, tant elles prennent de place dans l’ouvrage. Mais en réalité, il n’en est rien : dans leur souci de précision, elles révèlent l’incroyable activité du pape et la connaissance amicale du journaliste pour son illustre compatriote, scannent un état de l’Église passionnant. Elles sont d’un grand intérêt d’un point de vue des détails, comme de la vérité des chiffres, impressionnants, n’en déplaise à ceux qui n’attendent qu’à « s’en prendre au pape » ! Outre les dix-sept millions supplémentaires des catholiques dans le monde en 2009, citons par exemple le rappel précis de Seewald à propos de la bonne, de la vraie modernité, de la Nouvelle évangélisation et du mouvement de la sécularisation : « Objectivement, l’Église catholique est la plus grande organisation du monde, avec sur le globe terrestre entier un réseau central qui fonctionne bien. Elle a un milliard deux cent millions de membres, quatre mille évêques, quatre cent mille prêtres, des millions de religieux. Elle a des milliers d’universités, de monastères, d’écoles, d’institutions sociales. Elle est le plus grand employeur après l’État dans des pays comme l’Allemagne. » Les faits et gestes, prises de position, écrits de Benoît XVI n’ont manifestement aucun secret pour notre interviewer. Le va et vient des questions donne au lecteur une délicate connaissance du pape qui se marie avec celle que produisent les réponses qui ne se dérobent à aucun moment.

 

Bien sûr, il y a la vérité surgissant des horribles affaires qui ont secoué l’année 2009. Le pape revient sans les esquiver, montre sa capacité à admettre des dysfonctionnements de communication mais la force du livre n’est pas d’abord là. Il est dommage que la presse soit allée jusqu’à réduire parfois Lumière du monde à une stratégie, à une communication de circonstance que résumerait une obligatoire réponse aux affaires. Réponse qui ne manque pas cependant d’être donnée : à propos des abus sexuels, le pape n’hésite pas à parler de « choc inouï » et veut examiner « comment cela a pu se produire », mettant en cause outre « l’obscurcissement de la pensée », un droit pénal ecclésiastique qui n’a plus fonctionné depuis le milieu des années 1960 et « un environnement spirituel dans lequel les fondamentaux de la théologie morale, le bien et le mal, étaient mis en doute au sein même de l’Église ».

 

À quatre-vingt-trois ans, Benoît XVI est une leçon vivante. Aux détracteurs ne lâchant jamais prise, le pape offre un démenti net aux accusations d’archaïsme quand il cherche inlassablement à réconcilier les modernes à peine dégrisés des crises du XXe siècle avec une juste modernité, ces modernes pour lesquels « l’athéisme pratique est aujourd’hui la règle normale de vie ». Coup de génie que le renversement consistant à proposer l’Église vivante comme voie sûre de la modernité, à espérer « une moralité de la modernité » y mettant au cœur « la vérité comme porteuse de repères », luttant « pour l’unité de la foi et de la raison ».

 

La modernité n’est certes pas construite uniquement sur du négatif. Si c’était le cas, elle ne pourrait durer longtemps. Elle porte en soi de grandes valeurs morales qui viennent aussi et justement du christianisme, qui ne sont arrivées à la conscience de l’humanité que grâce au christianisme. Là où elles sont défendues – et le pape doit les défendre – il y a accord sur de vastes domaines. » (p. 40).

 

La réconciliation avec la raison, une ample raison, que le pape cherche à obtenir des modernes était d’ailleurs tout l’enjeu de la controverse de Ratisbonne[8]. Revenant sur l’épisode qui l’a attristé, le Saint-Père constate néanmoins qu’un dialogue public a été amorcé par l’islam depuis le malentendu du 12 septembre 2008, amorcé autour de son rapport à la violence, autour de la raison, et se réjouit de la réflexion interne que cela a finalement suscitée.

 

   Réconciliation et unité des chrétiens

 

Malgré son âge, le pape n’est à l’évidence pas un pape de transition, il travaille avec « fraîcheur et énergie » en vue de « l’ère nouvelle pour l’évangélisation ». Le presse manifestement l’urgence que soit proclamé l’Évangile avec sa « grande rationalité immuable mais aussi avec le pouvoir qui est le sien et qui dépasse la rationalité afin qu’il reprenne place dans notre pensée et dans notre compréhension ». Frappe l’immense travail de ce pape à réconcilier les chrétiens, à unir ce qui a été désuni dans l’histoire avec des efforts incessants en direction de l’orthodoxie, l’immense chantier que Jean-Paul II n’a pas pu achever. Que ce soit des Anglicans considérant possible une « primauté d’honneur du pape pour tous les chrétiens », certains protestants pouvant reconnaître le pape comme « porte-parole de l’ensemble de la chrétienté mondiale » ou encore le théologien russe orthodoxe John Meyendorff disant que leurs « autocéphalies » étaient leur plus grand problème, devient clair que le besoin de « quelque chose comme la primauté » serait un organe majeur pour assurer l’unité ».

Du côté des juifs, le pape poursuit inlassablement la réconciliation amorcée par son prédécesseur, œuvrant à un « nouvel entrelacs » d’Israël et de l’Église, attendant confiant « l’heure historique » de l’unité. Benoît ne se satisfait pas de l’avancée qu’a pourtant constituée la nouvelle désignation des juifs en « frères aînés dans la foi », constatant que cette appellation ne leur plaisait pas parfaitement, leur préférant « pères dans la foi » qu’ils sont également.

 

   Les premières fois de Benoît XVI

 

En fin d’ouvrage, une très précieuse annexe dresse une biographie et une brève chronique du pontificat du pape. Édifiant ! Particulièrement saisissantes toutes les premières fois de Benoît XVI. Il y a bien sûr cette première fois où le pape « en fonction » se consacre - comme d’ailleurs dans ce livre d’entretiens avec un journaliste - à une étude théologique résolue sur Jésus-Christ et où sur la couverture le nom de l’auteur n’est pas son nom de pape mais Joseph Ratzinger. Un livre événement. Le pape du don s’explique : « Je laisse au Bon Dieu le soin de le dire. Je voulais donner ce livre pour aider les gens. Si mon élection comme pape permet d’aider encore plus de gens, je m’en réjouis bien entendu ».

 

Premier pape des temps modernes à renoncer à porter sur son blason la tiare, première visite pontificale d’un lieu de culte juif en Allemagne, première fois où un pape prend part aux commentaires au cours d’un synode épiscopal introduisant le débat libre, première fois où dans un geste œcuménique fort la désignation de « Patriarche d’Occident » n’apparaît plus parmi les titres officiels du pape, première rencontre officielle jamais organisée entre le pape et des représentants des mennonites, première audience d’un monarque saoudien auprès d’un chef de l’Église catholique, premier pape de l’histoire à visiter le Dôme du Rocher, site musulman sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, première fois qu’un pape rencontre des hommes et des femmes ayant fait l’objet d’abus sexuels de la part de prêtres catholiques, première béatification jamais célébrée sur le sol anglais avec celle du cardinal John Henry Newman… Ces premières fois ne sont probablement pas les dernières.

 

   Fatima et le retour du Christ

 

Le spectateur et le lecteur attentif de Benoît XVI n’ont pas manqué de voir à quel point son voyage au Portugal le 13 mai 2010 aura été marquant[9]. Il s’est passé là quelque chose. Tous les journalistes ont noté l’extrême recueillement de Benoît XVI au pied de la statue de la Vierge couronnée, Vierge du miracle du soleil « garante de la bonté de Dieu ». Les ultimes pages reviennent sur la fameuse interprétation de la scène d’un évêque vêtu de blanc s’effondrant sous les balles[10] de soldats donnée réalisée avec l’attentat de Jean-Paul II. Or, ayant rappelé la déclaration de Joseph Ratzinger « celui qui croit que la mission prophétique de Fatima est achevé, se trompe », Peter Seewald rapporte la réponse du pape : « le message n’est pas clos » alors que le pouvoir du mal très grand menace la foi, y compris hélas ! à l’intérieur de l’Église[11]. « Puissent ces sept années qui nous séparent du centenaire des Apparitions hâter le triomphe annoncé du Cœur immaculé de Marie à la gloire de la Très Sainte Trinité. » Le mot « triomphe » intrigue notre journaliste. Le pape s’explique :

 

J’ai dit que le « triomphe » se rapprocherait…j’attends désormais… que le pouvoir du mal soit réfréné ; que la force de Dieu se montre toujours à travers la force de la Mère et la maintient en vie. L’Église est constamment appelée à faire ce qu’Abraham lui a demandé de faire : veiller à ce qu’il y a suffisamment de justes pour contenir le mal et la destruction. J’ai compris que les forces du bien peuvent de nouveau grandir. Dans ce sens, les triomphes de Dieu, les triomphes de Marie, sont discrets mais réels. (p. 217)

 

Sur le terrifiant, le spectaculaire ou le dramatique, on sent des réponses timides de Benoît XVI ne cédant surtout pas à la surenchère, des réponses en deçà de ce que les questions posées pouvaient laisser espérer d’autant qu’elles prenaient appui sur les propres paroles du pape lors de son voyage ! Que ce soit sur Fatima, le retour du Christ, le rôle explicite de sœur Faustine à la préparation du monde au retour définitif du Christ, le pape se cantonne de donner l’explication traditionnelle, par l’Eucharistie par exemple où nous vivons du réalisme eschatologique, où nous allons « au-devant de lui qui vient » ; ainsi nous nous préparons alors toujours au retour définitif. 

  

Rapprochement, réconciliation, modification, rénovation, transformation, refonte… autant de mots qui caractérisent une mise à jour exceptionnelle de l’Église d’après Vatican II, qui ponctuent cet itinéraire dialogique d’un pape qui veut se faire proche des hommes et maintient le cap d’un navire qui tangue. Itinéraire exceptionnel d’un « humble serviteur appelé à la vigne du Seigneur. » Beaucoup avaient voulu réduire ce théologien hors pair à une image honteuse de traditionnaliste étriqué. Rien de plus faux à la lecture de ces réponses en liberté à des questions qui n’avaient pas été soumises à l’avance. Aucune n’a été d’ailleurs retirée. Le pape, l’Église, les signes des temps ? Benoît XVI, un signe des temps ! 

H.B. 

 

  

 

 

Benoît XVI

À propos d’une majorité de baptisés acceptant d’être dominés par une minorité de directeurs d’opinion :

 

Cela fait apparaître une problématique interne. Jusqu’à quel point en effet les gens appartiennent-ils encore à l’Église ? D’un côté, ils veulent en faire partie, ils ne veulent pas perdre le fondement. De l’autre ils sont aussi intérieurement influencés et formés par la pensée moderne. Toute la vie est marquée par le mélange et la fréquentation non assimilés de volonté chrétienne fondamentale et d’une nouvelle philosophie. Cela engendre une sorte de schizophrénie, une existence scindée.

 

Nous devons nous efforcer de faire en sorte que les deux, Église et pensée moderne, autant que cela puisse se concilier, s’adaptent l’une à l’autre. L’existence chrétienne ne doit pas devenir une sphère archaïque que je maintiens d’une manière ou d’une autre et où je vis en quelque sorte à côté de la modernité. C’est bien plutôt quelque chose de vivant, de moderne, qui travaille et forme l’ensemble de ma modernité – qui littéralement, l’embrasse.

 

Qu’il faille mener une grande lutte intellectuelle sur ce terrain, je l’ai récemment exprimé en fondant un « Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation. » Il est important que nous essayions de vivre et de penser le christianisme de telle manière que la bonne, la vraie modernité l’accepte en soi – et en même temps se sépare et se distingue de ce qui devient une contre-religion.  

  Lumière du monde, chap. 5, « Dictature du relativisme », p. 82.

 

De la résistance des chrétiens à la propagande mondiale en faveur d’un comportement négatif :

 

Nous avons effectivement dans une certaine mesure, besoin d’îles où la foi en Dieu et la simplicité interne du christianisme vivent et rayonnent ; d’oasis, d’arches de Noé dans lesquelles l’homme peut toujours venir se réfugier. Les espaces de protection sont les espaces de liturgie. Reste que même dans les différents mouvements et communautés, dans les paroisses, dans les célébrations des sacrements, dans les exercices de piété, dans les pèlerinages, etc, l’Église cherche à offrir des forces de résistance, puis à développer des zones de protection dans lesquelles la beauté du monde, la beauté de l’existence possible, devient de nouveau visible en contraste avec tout ce qui est abîmé autour de nous.

  Lumière du monde, chap. 17, « Jésus-Christ revient », p. 230.

 

 



[1] Philippe Murray, Essais, Exorcismes spirituels IV, Moderne contre moderne, « Le pape », (p. 1757-1758), Les Belles Lettres, 2010.

[2] Versus « Un pape qui lâche ses bondieuseries pour notre eau bénite et ses patenôtres transcendants pour nos homélies multiculturelles. »

[3] Julien Chavanne, « L’Actu du jour » sur Radio Notre-Dame, le 21 janvier 2010 : le livre du pape « bat des records ». Selon les « calculs approximatifs » de L’Osservatore Romano, il s’en serait vendu « quatre-vingt mille exemplaires en France, deux cent mille en Allemagne, des chiffres fous ! ». Ce que confirme François Rod, directeur de La Procure à Paris : « immense succès », « incontestable », « énorme ». Pour se faire une idée, il donne le chiffre à peine croyable de cinq mille trois cents exemplaires vendus pendant le seul mois de décembre, ce qui est véritablement exceptionnel. À titre de comparaison, le Prix Goncourt, Michel Houellebecq pour l’année 2010, s’est vendu à huit cents exemplaires. C’est donc « cinq ou six fois la meilleure vente » dans une librairie comme La Procure. « Les ventes continuent, très bonnes au mois de janvier. Les premiers lecteurs en disent du bien autour d’eux. Le bouche à oreille marche. C’est un succès durable ». Monte un « phénomène d’intérêt profond pour ce que le pape dit dans ce livre ». Les lecteurs sont sensibles à la « très belle figure de Benoît XVI qui apparaît à travers le livre, un homme modeste qui dit ce qu’il pense, ne refuse pas les questions, parle comme croyant. »

[4] Flammarion/Cerf, 1997. http://www.libertepolitique.com/l-espace-librairie/2658-joseph-ratzingerle-sel-de-la-terreflammarion-1997-278-p-1883-

[5] (Mt, 5, 13-16).

[6] L’image de la semence, comme le grain de sénevé présent dans Le Sel de la terre (Flammarion/Cerf, 1997), est également convoquée dans Lumière du monde : « Mais le Seigneur nous a aussi dit qu’il y aura de l’ivraie dans le blé mais que la semence, Sa semence, continuera quand même à lever. C’est en cela que nous avons confiance. » (p. 45).

[7] Benoît XVI aux évêques du monde entier le 10 mars 2009 : « À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout – en Jésus Christ crucifié et ressuscité. »

[8] Extrait en annexe.

[9] Plusieurs journaux titrent dont L’Express et Libération « Affluence monstre à Fatima : le peuple chrétien soutient son pape. » Un demi-million de fidèles en effet au rendez-vous, le scandale des abus sexuels n’a pas affaibli le soutien des fidèles au pape, plus qu’en l’an 2000 lors du voyage de Jean-Paul II.

[10] Au début de Lumière du monde, Peter Seewald demande au pape s’il a peur d’un attentat. « Non », répond Benoît XVI.

[11] Lettre pastorale de Benoît XVI aux catholiques d’Irlande en annexe.

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Published by Hélène BODENEZ - dans LIVRES
11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 13:34

Benoit-XVI-le-choix-de-la-verite.pngLP43.png

La renonciation de Benoît XVI au Siège de Pierre retentit aujourd'hui comme un coup de tonnerre. En pleine année de la Foi qu'il a voulue et lancée... Avant des JMJ énormes au Brésil... 


Mais la nouvelle nous parvient également en cette journée mondiale des malades, en la fête où l'Église prie Notre-Dame de Lourdes. Emblématique ce jour, en effet, quand le pape avoue n'avoir plus "de forces". Le successeur de Jean-Paul II a toujours montré une très grande dévotion à la Vierge Marie comme le révèlent notamment toutes ces encycliques. Aux premières vêpres de la solennité de la fête Marie Mère de Dieu, le 31 décembre dernier, nous avions trouvé le Saint-Père fatigué et la fin de son homélie nous avait particulièrement  touchée.


"Chers amis, en cette dernière soirée de l’année qui touche à son terme et au seuil de la nouvelle année, louons le Seigneur ! Exprimons à «Celui qui est, qui était et qui vient» (Ap. 1, 8) le repentir et la demande de pardon pour les manquements commis, ainsi que le remerciement sincère pour les innombrables bienfaits accordés par la Bonté divine. Rendons grâce, en particulier pour la grâce et la vérité qui sont venues à nous au moyen de Jésus Christ. En Lui est placée la plénitude de chaque temps humain. En Lui est conservé l’avenir de chaque homme. En Lui se réalise l’accomplissement des espérances de l’Église et du monde. Amen."


Benoît XVI, "Coopérateur de la vérité", telle est sa devise. Ci-dessous une recension réalisée pour la revue Liberté politique et toujours en ligne sur le site. C'était à l'occasion de la sortie du livre de George Weigel, Benoît XVI, le choix de la vérité, à l'occasion également de la si belle visite de Benoît XVI en France en 2008. 

 

*** 

(Août 2008)

 

Ils sont nombreux ces auteurs fébriles à essayer de savoir qui est Benoît XVI et à publier tour à tour leur vision des choses [1]. La presse les cite, et semble plus que désorientée dans ses réflexes par une personnalité désarmante, par un pape intellectuel, clair, et d'une liberté déconcertante [2].


De George Weigel, il n'est pas actuellement beaucoup question. Silence assourdissant ! Pas un mot dans les médias du dernier opus de l'auteur du Cube et la Cathédrale (La Table ronde), pas même une citation dans les chroniques du matin, à part sur RCF. Serait-ce le trou de trois ans entre la parution américaine et la traduction française ? L'auteur est-il trop papiste, de surcroît américain ? Les vieux réflexes gallicans joueraient-ils ?


Peu importe : les quatre cents pages (peu à côté du millier de Jean-Paul II témoin de l'espérance (Lattès), la biographie intellectuelle de référence vendue en France à plus de cent mille exemplaires) débarquent en français. Mieux vaut tard que jamais. Réjouissons-nous tout de même ! il y a quelque vertu à relire les événements si grands de 2005 avec ce recul imposé, et à laisser remonter à une mémoire si zappeuse des souvenirs intenses. Leur réactivation n'en est que plus féconde. À quelques jours du premier voyage en France du Saint-Père à Paris et à Lourdes, le retard apparent peut même prendre des allures de coup de la Providence. Benoît XVI, le choix de la vérité s'impose ipso facto comme livre événement, le meilleur du moment à lire d'urgence, éclipsant tous les autres de loin [3]. Il nous préparera sans nul doute à recevoir Benoît XVI et nous fera mieux connaître le successeur direct de Jean-Paul II, le successeur de celui qui nous avait visités tant de fois, et dont la dernière venue en août 2004, fut si touchante, précisément au sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes.


À grandes crises, grands papes


Excellent livre, osons l'affirmer. La force du livre vient en premier lieu de sa construction en diptyque, diptyque qui essaie de rendre compte de la succession pétrinienne allant d'exception en exception dans l'unité et la continuité, jamais dans l'opposition et la rupture. À grande crise, grands papes ! La grandeur de Jean-Paul II, de laquelle on part, prépare progressivement celle de Benoît XVI, quoique tout autre [4]. Pas de Jean-Paul III donc en vue. Le regard de Weigel se veut toujours ecclésial sans jamais pourtant déroger à la démarche critique de l'analyste. Gageure réussie que ces lignes franches et vraies et pleines de respect et d'amour de l'Église, ne se privant pas de diverses mises au point salutaires, qui amènent des pages sévères toujours argumentées par les écrits du pape lui-même, à l'égard entre autres de la curie, des conférences épiscopales, ou de certains prêtres ayant franchi le Rubicon [5].


Bien que le titre de l'essai annonce de façon programmatique la présentation du nouveau pape donné à l'Église, un tiers du livre n'en est pas moins dévolu à l'ancien, à Jean-Paul II, aux derniers instants héroïques et à la compréhension du choix de Dieu se manifestant durant le conclave.


Les pages de la narration de Weigel conduisant alors le lecteur de l'improbabilité à la certitude que Joseph Ratzinger était le choix de Dieu sont parmi les plus captivantes de son essai. Les grands pensants et les donneurs de leçons sont scientifiquement confondus. Les caricatures et les insultantes réductions sont à chaque fois levées par Weigel, non sans un humour lapidaire. Le faire dès 2005, avant tout le monde, signe évidemment une vraie compétence. La construction très travaillée, avec un soin spécial apporté aux titres, donnent la mesure des analyses profondes du passage de témoin, objet de l'étude du livre : Mort d'un prêtre, L'Église qu'a laissée Jean-Paul II, Les larmes de Rome, Le Choix de Dieu, le Conclave de 2005, de Joseph à Benoît, En route vers l'avenir.


Un nouveau saint Benoît ?


Oui, continuité sans rupture. Les deux papes, le Polonais et le Bavarois, profondément européens, creusent le même sillon. Un Américain comme Weigel a sans doute mieux saisi cela que les Européens eux-mêmes. L'Église qui est mission porte donc à sa tête successivement des papes, chacun témoin moral mondial, qui ont compris tous les deux avec une acuité rare les causes d'une crise dans l'ordre des idées sans précédent sur les terres historiques du catholicisme : L'idée de l'humain, de la personne humaine, a déraillé. Si Jean-Paul II a été d'une prophétique intrépidité pour porter un premier coup d'arrêt à l'humanisme athée et à ses ravages, humanisme sans Dieu pouvant bien conduire à une posthumanité, Benoît XVI n'en est pas moins à l'ouvrage, malgré ses solides quatre-vingt-un ans, et reprend le flambeau sur le terrain même de l'humanisation de l'humain [6]. À sa manière. Le nouveau Benoît, comme celui dont il a pris le nom, voit assurément la possibilité d'un "Nouvel âge des ténèbres" à l'horizon. La "dictature du relativisme" ne mènerait-il pas à un "nouvel obscurantisme" ?


Lucide, Weigel bien avant la controverse de Ratisbonne, comprend que Benoît XVI va bâtir là où Jean-Paul II a noué le dialogue. Son élection, aussi providentielle que celle du grand pape slave annoncée par le poète Julius Słowacki, n'a-t-elle pas aussi son prophète, le philosophe MacIntyre [7] ? Après avoir analysé la barbarie d'une culture dans laquelle le relativisme s'est uni au caprice et où l'émotion a remplacé la raison comme arbitre du jugement, MacIntyre terminait sur une comparaison frappante de notre situation avec ce que l'histoire connaît sous le nom "d'Âges des Ténèbres". Mais observait le philosophe, "cette fois-ci, les barbares ne sont pas au-delà des frontières, ils nous gouvernent déjà depuis pas mal de temps. Et c'est de ne pas en avoir conscience qui constitue le danger où nous sommes. Nous n'attendons pas Godot, mais un nouveau saint Benoît, sans aucun doute très différent du premier." Pour cela, en mulet du Seigneur, tirant la charrette de Dieu en ce monde, et ainsi plus proche du Christ toujours, œuvrant sans relâche, ayant sacrifié plus que tout autre pour Sa vigne, celui qui n'a pas pu refuser les instantes prières de Jean-Paul II de travailler avec lui, celui qui n'a pas pu lui dire non deux fois ni démissionner, essaie d'obtenir à son tour de l'Église qu'elle se recentre sur le Christ, rappelle à temps et à contretemps la vocation ecclésiale de la théologie. Et quand il le demande après Jean-Paul II, cela ne relève de sa part même si le monde a du mal à le comprendre, ni plus ni moins que d'un souci profondément humaniste.


C'est ainsi que paragraphe après paragraphe sont tranquillement balayées les caricatures pour développer les rectifications qui s'imposaient à l'égard du cardinal bavarois, Joseph devenu Benoît. Le pape que le Seigneur a donné à l'Église n'est pas de transition au rebours de beaucoup d'analyses en 2005. Sur ce point encore Weigel voit juste tôt. Rien dans le caractère de Joseph Ratzinger n'autorise à penser qu'il puisse se considérer comme un pape de transition entre le pontificat de Jean-Paul II le Grand et quelqu'un d'autre. Son sens de la responsabilité de sa vocation est trop développé pour cela.  

 

Qui aurait pu croire que sous l'austère cardinal préfet pour la Congrégation pour la doctrine de la foi que les médias renvoyaient se cachait un flegmatique ? Ses collègues se souviennent de lui comme l'homme le plus flegmatique de la CDF. Un jour qu'un collègue assez nerveux achevait un long exposé plein d'émotion sur un problème quelconque et concluait que toute cette affaire était "stupéfiante", Ratzinger ouvrit calmement le débat en faisant remarquer : "Ici, nous avons dépassé toute capacité de stupéfaction."  

 

Une vraie joie


Ajoutons encore que le pape que le Seigneur s'est choisi et dont Weigel contribue à nous faire connaître la singularité en profondeur est un homme rayonnant d'une vraie joie ; ce mozartien est fondamentalement heureux, et tout augustinien qu'il est ne propage aucun augustinisme, bien au contraire [8]. Préside à son inspiration théologique fondamentale un véritable réalisme, celui sans doute moins connu de l'évêque d'Hippone. Même d'un certain âge, le pape ne renvoie pas davantage l'image d'un homme faible ou qui s'économiserait pour reprendre certaines expressions plaquées de journalistes friands de réductions rapides. C'est un homme paradoxalement fort parce qu'il n'est jamais seul, porté perpétuellement comme il le dit par la communion des saints : Je ne suis pas seul. Je ne suis pas obligé de porter seul ce qu'en vérité je serais incapable de porter seul. Tous les saints de Dieu sont ici pour me protéger, me soutenir et me porter.


Père de la grande famille de Dieu, cette famille où il n'y a pas d'inconnus, subordonné au Christ et à sa Parole, Benoît XVI, le bien nommé, béni de Dieu, en première ligne vers la sainteté [9] qu'il désire tant promouvoir n'agit pas en monarque absolu [10]. Au service de la splendide vérité [11], en co-artisan [12], Benoît XVI la fait humblement resplendir. Weigel l'honore en lui rendant un hommage parfait. Et le titre français paraît dès lors très bon. Le titre américain God's choice avait déjà son livre en français (Le Choix de Dieu est un livre du cardinal Lustiger). Mais qu'à cela ne tienne ! Dieu est vérité. Les deux titres français et anglais se regarderont dans un clin d'œil théologique juste. Puisse ce livre contribuer à fissurer et à franchir le mur du silence dans lequel notre Europe en déclin s'enferme [13] !  

 

BENOIT XVI, LE CHOIX DE LA VÉRITÉ 

par George Weigel, 

Mame-Edifa-Magnificat, août 2008, 427 pages, 23 € 

Titre original : God's Choice: Pope Benedict XVI and the Future of the Catholic Church  

 

Extrait 

DEVANT LA CRISE DU MONDE MODERNE 

  

Au cours des quarante années qui ont suivi le concile de Vatican II, Joseph Ratzinger a vu beaucoup de ses craintes concernant l'optimisme naïf, qui a influencé certaines lectures des possibilités offertes à l'Église dans le monde moderne, corroborées par les événements. Avec plus de prescience que d'autres, il a perçu que ce monde moderne, auquel certains dans l'Église avaient hâte d'ouvrir les bras, était lui-même en train de craquer de toutes parts. Et même si, à la fin du concile en 1965, Ratzinger ne prévoyait pas l'implosion de l'Occident qui allait survenir trois ans plus tard, il a regardé a posteriori 1968 comme la mise en œuvre historique logique de l'invraisemblance qui dominait depuis quelque temps les haute sphères de la culture occidentale, en particulier en Europe.  

  

Le nouveau Benoît est un homme totalement convaincu que les idées ont des conséquences dans le monde réel et que des sociétés humaines honnêtes ne sauraient être fondées sur base de mensonges. La crise de notre monde postmoderne est très semblable à celle qu'a traversée la société des années 1960 : vrai et faux ont perdu leur vraie signification pour n'être plus que des signaux verbaux désignant des préférences individuelles. Pourtant, il semble au pape que des communautés humaines honnêtes ne sauraient pas davantage être fondées sur des ambiguïtés volontaires que sur des mensonges délibérés.  

  

Comment envisager qu'un pape, quel qu'il soit, contemplant l'histoire mondiale de ce début de IIIe millénaire, puisse rester aveugle à certaines réalités ? Au XXe siècle, contrairement à ce qui a été volontiers imaginé à une époque qui prenait beaucoup de ses désirs pour des réalités, les convictions religieuses n'étaient pas en train de dépérir en tant que forces d'influence sur la culture, forgeant par là même l'histoire. Ce n'était pas vraiment une bonne nouvelle, bien sûr, parce que l'une de ces forces, l'islamisme radical, voyait depuis longtemps l'Occident devenu aujourd'hui postchrétien, comme un ennemi et une cible.

 

Benoît XVI le choix de la vérité, En route vers l'avenir, L'Église dans le monde postmoderne, p. 299-300.

 

[1] Isabelle de Gaulmyn (Benoît XVI, Le Pape incompris, Bayard), Philippe Levillain, (Le Moment Benoît XVI, Fayard), Michel Kubler (Benoît XVI, pape de contre réforme ? Bayard).

[2] Henri Tincq, Jean-Paul II, Benoît XVI et la France, Le Monde, 9 septembre 2008.

[3] À lire cependant, dans un autre registre, plus scientifique, La Pensée de Benoît XVI, par le Fr. Aidan Nichols op, qui vient de paraître chez Ad Solem. Une introduction synthétique à la théologie de Joseph Ratzinger qui est aussi une invitation à découvrir la pensée d'un des plus grands maîtres dans la foi de l'histoire de l'Église.

[4] Chaque fois Jean-Paul II lui a demandé de rester et, trois fois il est resté. L'homme que les foules proclamaient comme "Jean-Paul II le Grand" le 8 avril 2005 ne pouvait tout bonnement pas imaginer d'être pape sans avoir Joseph Ratzinger comme principal conseiller doctrinal , p. 250.

[5] Affaires entre autres relatées : l'affaire Boff, Curran, Dupuis.

[6] Vingt-quatre heures à peine avant la mort de Jean-Paul II, le 1er avril 2005, Joseph Ratzinger recevait à Subiaco le Prix Saint-Benoît décerné par la Fondation Vie et Famille. Weigel, qui explique longuement le choix de Joseph Ratzinger de son nom de pape, ne mentionne pas ce geste, a posteriori lourd de significations.

[7] Chapitre final d'Après la Vertu.

[8] Il y a sans doute là à ne pas manquer le tournant que le XVIIe siècle n'a pas su prendre et a même raté dans les grandes largeurs avec le jansénisme.

[9] L'affaire de l'Église est la sainteté, et la sainteté est la plus grande des aventures humaines, une aventure à vivre et dans laquelle se lancer avec les autres, vivants et morts, p. 287. Weigel rappelle également à juste titre les nombreux saints canonisés par Jean-Paul II, qui — mais peut-on le dire ? — essaient à n'en pas douter de lui rendre la pareille !

[10] Comme toujours l'Église avait davantage besoin de saints que de bureaucrates et de fonctionnaires et, quelque part, selon Ratzinger, elle ne promouvait pas la sainteté comme elle le devait. Rapport Ratzinger qui fit grand bruit en son temps (Il Rapporto).

[11] Les deux hommes (Jean-Paul II et Joseph Ratzinger) ont également partagé bien des déjeuners de travail pour mettre au point les principaux documents d'enseignement, parmi lesquels l'encyclique portant sur la théologie morale Veritatis Splendor, que Ratzinger décrivit un jour comme le texte théologiquement le plus élaboré du pontificat, p. 252.

[12] La devise épiscopale de Benoît XVI est Cooperatores Veritatis [co-artisans de vérité], p. 246.

[13] Europe : franchir le mur du silence p. 301-302.

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Published by Hélène BODENEZ - dans LIVRES
24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 16:40

Nouvel-obs-Bibliotheque-ideale.PNG

Intéressant ce hors-série du Nouvel obs consacré à "La bibliothèque idéale". La première partie actuellement en kiosque se penche sur des chefs-d'œuvre de 2000 av. J.-C. au XVIIIe. Fabrice Luchini y parle de Jean de La Fontaine magnifiquement, citant Céline :« "J'ai lu tous les vers de la langue française, tous. Il y en a une trentaine qui sont parfaits." Ça, c'est Céline. On lui demande : Mais, qui est le plus grand ? Il dit : "Rabelais, c'est très bien, François Villon..." Et puis La Fontaine. "C'est fin, La Fontaine. C'est fin, c'est ça, puis c'est tout. C'est final."»...

 

Bien sûr, il est impossible de classer ainsi de tels sommets. Mais formulons tout de même un regret avec Blaise Pascal le grand oublié de cette sélection ! À moins que le Nouvel Obs, en demi-habile, ne me rétorque comme une vendeuse un jour à la FNAC-Montparnasse d'un air hautain : "Pascal ? Pas en littérature, Madame ! Cherchez-le au rayon philosophie !" Erreur, oui, de ne pas avoir vu "cette phrase bien accordée" à l'harmonie aussi parfaite que le nez de Cléopâtre.

 

En ligne un petit sondage amusant, pas scientifique du tout... J'ai répondu Les Gommes ! H.B.

Sondage chef d'oeuvre

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Published by Hélène BODENEZ - dans LIVRES
7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 16:59

20-meilleurs-livres-de-2012-LIRE.pngQuel trésor !

 

Le palmarès des Meilleurs livres de l'année est une récompense littéraire, attribuée chaque année au mois de décembre depuis 1997 par la rédaction du magazine français Lire, à des titres français ou étrangers de tous genres littéraires.

 

Meilleur livre de l’année : Le diable tout le temps, Donald Ray Pollock, Albin Michel
Roman français : La vérité sur l'affaire Harry Québert, Joël Dicker, de Fallois
Roman étranger : Dans la grande nuit des temps, Antonio Munoz Molina, Seuil
Roman policier : Mapuche, Caryl Ferey, Gallimard
Essai : Les gauches françaises/1762-2012. Histoire, politique et imaginaire, Jacques Julliard, Flammarion
Découverte roman étranger : Certaines n’avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka, Phébus 
Autobiographie : La nacre et le rocher, Robert Misrahi, Encre marine 
Biographie d’écrivain : Chateaubriand, Jean-Claude Berchet, Gallimard
Histoire : Congo, David van Reybrouck, Actes Sud
Classique/Redécouverte : Autobiographie, Mark Twain, Tristam
Premier roman étranger : Un concours de circonstances, Amy Waldman, L’Olivier
Sortis du purgatoire : Joyeux, fais ton fourbi, Julien Blanc, Finitude
Livre audio : Les mémoires d’outre-tombe, de F.-R. de Chateaubriand. Par Daniel Mesguich, Frémeaux & Associés (4 CD)
Découverte - Roman français : Quel trésor ! Gaspard-Marie Janvier, Fayard
Nouvelles Etranger : Le lanceur de couteaux, Steven Milhauser, Albin Michel
Premier roman français : Les Sauvages, t.1 et t.2, Sabri Louatha, Flammarion
Jeunesse : Les trois vies d’Antoine Anarchasis, Alex Cousseau, Le Rouergue
BD : Un printemps à Tchernobyl, Emmanuel Lepage, Futuropolis
Sport : Anquetil tout seul, Paul Fournel, Seuil  
Science : Dans le secret des êtres vivants, Nicole Le Douarin, Robert Laffont

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"La Voix est libre", émission du 8 novembre 2010 animée par Anne Gavini. "Comment redonner sa place au dimanche". Débat avec Monseigneur Lagleize, évêque de Valence. Hélène Bodenez, professeur à Saint-Louis de Gonzague-Franklin, Monseigneur Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France. Par téléphone : Père Jacques Vignancour, curé de Saint Austremoine, à Issoires (Puy de Dome)

 


 

 

 

"Aujourd'hui l'Eglise", émission du 19 novembre 2008, animée par Elodie Chapelle. "Travail le dimanche : l'Eglise a son mot à dire" Débat  avec François Asselin et Hélène Bodenez.

 

 

 

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L'Association pour la Fondation de Service politique réunit des hommes et des femmes engagés dans la vie politique, économique et sociale. Elle est ouverte à tous ceux qui souhaitent participer à ses activités : colloques, conférences, universités, soirées-rencontres, campagnes de sensibilisation. De très nombreuses personnalités ont participé à ses travaux: chefs d'entreprise, cardinaux, universitaires, hommes politiques, journalistes.

14 juin 2011

The European Sunday Alliance is a network of national Sunday Alliances, trade unions, civil society organizations and religious communities committed to raise awareness of the unique value of synchronised free time for our European societies. Sunday and, more general, decent working hours, are the focus of our campaigns. In our Founding Statement, we draw attention to aspects of life/work-balance and social cohesion that depend on a vast majority of people to have their lawful free time at the same time.


Lancement de l'European Sunday Alliance, le 20 juin 2011 dont sont membres, entre autres, l'AFSP, la CFTC, le CAD.


 

CCF

Le centre culturel Franklin est inspiré par la tradition jésuite et permet de créer une synergie entre la formation intellectuelle, humaine et spirituelle dispensée aux élèves à Saint-Louis de Gonzague (Paris) et une certaine forme de formation continue destinée aux adultes de la communauté éducative. Ce que de manière traditionnelle, on appelait autrefois dans les collèges de la Compagnie : « école des parents », si non « école des adultes ». Le Centre culturel Franklin est ainsi un lieu de rencontres avec des personnalités uniques, un lieu de réflexion, un lieu d'échange et de débats.

Publications

 

51 Revue Rapport 03  Sexe-du-genre-Lp-55.jpg  Van-Thuan-revue-_-en-espagnol.png

 

- « Devoir des parents, bien de l'enfant », Francis Mouhot, Éduquer, est-ce encore possible ?, Les Idées, Revue Liberté politique, n° 60, (juin-juillet 2013), p. 157-158.

« Le Jésus de l’Histoire », À propos de Jean-Christian Petitfils, Jésus, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°56, Privat (mars 2012), p. 195-201.

- « La bataille du dimanche continue », Revue Liberté politique, IIIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 55  (décembre 2011), p. 115-119.

- « Lumière du pape », À propos de Lumière du monde, Questions disputées, Revue Liberté politique, n° 52, Privat (mars 2011), p. 155-161.

- « Le cas de l'année : la bataille du dimanche en France et en Europe  », Revue Liberté politique, IIe Rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde, n° 50 (septembre 2010), p. 75-84.

- « La Battaglia sulla domenica in Francia », Rapporti dal Mondo, Osservatorio internazionale cardinale Van Thuan sulla dottrina sociale della chiesa, Bollettino di Dottrina sociale della Chiesa , (Anno VI 2010, numero 3, luglio-settembr), p. 87.  

  - « Le dimanche, un droit historique », À propos de Daniel Perron, Histoire du repos dominical, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°50, Privat (septembre 2010), p. 185-190.

 - « Une truculente défense du pape », À propos de Gaspard-Marie Janvier, Minutes pontificales sur le préservatif, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 49, Privat (juin 2010), p. 161-164.

- « Le dimanche, jour cardinal », Communication à la table ronde du 6 octobre 2009 "Vivement dimanche !" au Centre culturel de Franklin, Revue Liberté politique, n°. 47, Privat (décembre 2009), p. 23-31.

- « Voyage au cœur de la psychothérapie », À propos de Francis Mouhot, Le Moi et l’esprit, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 46, Privat (septembre 2009), p. 143-152.

- « Pourquoi le dimanche ? », Dossier "A Dieu, le dimanche ! Appel à la résistance des chrétiens", Revue Liberté politique, n°. 44, Privat (mars 2009), p. 107-116.

- « Benoît XVI le bâtisseur », À propos de George Weigel, Le Choix de la vérité, Questions disputées, Revue Liberté politique, n. 43, Privat (décembre 2008), p. 181-185.

- « Lâcher prise ou abandon spirituel », À propos de Robert Scholtus, Faut-il lâcher prise : splendeurs et misères de l’abandon spirituel, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat, (septembre 2008), p. 167-174.

- « Retrouver les chemins de l’être », Dossier Fides et Ratio 2008-1998, Revue Liberté politique, n°. 42, Privat (septembre 2008), p. 153-163.

- « Les métamorphoses de Jésus ou la tentation de l’expérience directe », À propos de Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 41, Privat( juin 2008), p. 235-244.

- « Et le blog devint fléau », Éducation : questions qui fâchent, Revue Liberté politique, n°. 40, Privat (mars 2008), p. 147-157.

- « Conversion ou initiation : le presque de la foi », À propos de Jean-Claude Guillebaud, Comment je suis redevenu chrétien, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 38, Privat (septembre 2007), p. 125-131.

- « Relire La Pensée captive », À propos de Cesław Miłosz, Questions disputées, Revue Liberté politique, n°. 32, Privat, (janvier-février 2006) p.129-141.

À lire absolument !

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Daniel Perron, Histoire du repos dominical (L'Harmattan, 2010).

 

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Gaspard-Marie Janvier, Le Dernier dimanche (Mille-et-une-nuits, 2009, Prix Mottard 2009). 

 

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Jean-François Froger, Le Maître du Shabbat (Editions Grégoriennes, 2009)

 

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Patrick Gourrier, Le dimanche, c'est sacré ! (Letheillieux, 2009)

 

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Michel Fauquier, Lettre ouverte du dernier des Français au premier des Français, (Tempora, 2009)

 

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Carte trvail dominical 
Dimanche

Fonctions sociales d'un jour à part

Noyau d'un ordre social historique

Vidéos créées pour ce blog.

Version de la vidéo en anglais

Version de la vidéo en espagnol 

Version de la vidéo en allemand

 

Dimanche

 

 

 

À Dieu, le dimanche !

H. Bodenez

 

A Dieu le dimanche !

Mis en danger par la proposition de loi Mallié, le dimanche est moribond en France. Ce livre voudrait lancer un appel à la résistance des chrétiens. L'argument religieux n'étant pas le plus développé dans un débat essentiellement politique et social, Hélène Bodenez voudrait que ne soit pas minimisé le regard de foi de la vision théologique et de la vision mystique. Admettons-le : le dimanche s'est vidé depuis longtemps de son sens originel. Pourtant, si le culte du dimanche suppose bien la foi intérieure des chrétiens, il n'en est pas moins un rituel extérieur et collectif. En en retrouvant la voie, les chrétiens pourraient participer à la mission de la France dans l'Église.   Acheter à La Procure

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Joseph Thouvenel a lu  À Dieu, le dimanche ! Ed. grégoriennes) Chronique Economie et société sur Radio Notre-Dame, 12 décembre 2010.

 

 

Faut-il faciliter le travail le dimanche ?

 

KTO

    

Pourquoi le dimanche est-il un jour chômé ?

 

 

 

L'écho des dimanches

Duo Zucchero - Fiori, paroles françaises de J.-J. Goldman, (Chocabeck, 2010).

"Dans mon village, j'ai vu le temps se poser..."